Clément Pédron, Media365 : publié le jeudi 08 mai 2025 à 23h58
Apparue dans le monde du tennis en 1880 à Cannes, la terre battue est aujourd'hui un revêtement qui fait la renommée de Roland-Garros. Cette surface a ses adeptes et ses détracteurs.
Même pour un suiveur non assidu de tennis, le tournoi de Roland-Garros est réputé pour son court Philippe-Chatrier, son cadre idyllique et surtout sa terre battue. En effet, cette surface est la marque de fabrique de l'épreuve et un élément indissociable de ces Internationaux de France. D'ailleurs, il faut remonter à 1880 pour trouver origine de ce revêtement. À cette époque, les jumeaux William et Ernest Renshaw s'entraînent à Cannes, dans le Sud de la France, sur des courts en gazon comme c'est souvent le cas à cette période. Mais, conditions climatiques oblige, il est nécessaire d'entretenir les pelouses pour éviter qu'elles ne brûlent sous l'effet de la chaleur. Pour se faire, ces deux Britanniques ont eu l'idée d'apposer sur le gazon, de la poudre provenant de pots de terre cuite abimés broyés. Ils ont alors créé, sans le savoir, la terre battue. Cette surface s'est développée un peu partout en France jusqu'à être adoptée sur la mythique scène de Roland-Garros, à l'occasion de la rencontre entre les Bleus et les Américains en finale de la Coupe Davis en 1928. Depuis, ce revêtement a toujours été utilisé Porte d'Auteuil pour le plus grand bonheur de certains joueurs comme Rafael Nadal ou Gaël Monfils qui peuvent faire parler leur puissance et leur vitesse, mais certainement pas Boris Becker ou encore John McEnroe.
Un coût moindre mais un entretien obligatoire
Depuis 1928 donc, la terre battue est utilisée à Roland-Garros. Et si la couleur ocre est toujours la même encore aujourd'hui, la surface a tout de même évolué avec le temps et la technique est plus sophistiquée. On n'utilise d'ailleurs plus des pots de terre cuite mais des briques. Et contrairement aux idées reçues, la terre battue ne fait pas que deux centimètres d'épaisseur. Elle est en réalité la cinquième et dernière couche de matériaux pour une épaisseur totale de 80 centimètres. On retrouve à la base des gros cailloux puis du gravier, une couche de mâchefer (résidus de roche volcanique), du calcaire et seulement après, de la brique concassée. Le travail de cette surface reste en tous les cas un art à la française puisque les briques proviennent du Nord de la France et le calcaire est extrait des carrières de l'Oise. Selon le site internet de la Fédération, il faut environ 1,5 tonne de brique pilée pour le seul court Philippe-Chatrier. D'ailleurs, entre 50 et 80 tonnes sont utilisées pour un tournoi entier. Le coût d'un court extérieur en terre battue est moins élevé que pour celui d'une autre surface (47 000 € environ) mais nécessite un entretien précis et coûteux, surtout concernant l'arrosage puisque c'est ce qui va permettre au calcaire de garder de la souplesse et d'accrocher à la brique pilée. Ainsi pas moins de dix personnes sont requises pour préparer la surface pour un seul match, un nombre qui monte à cent pendant les trois semaines de compétition.