Roland-Garros 1991 : Courier-Agassi, la finale des copains

Roland-Garros 1991 : Courier-Agassi, la finale des copains©Media365
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Paul Rouget, Media365 : publié le vendredi 21 mai 2021 à 16h01

En 1991, la finale de Roland-Garros avait opposé les deux Américains Jim Courier et Andre Agassi, anciens compagnons de chambrée à l'académie Nick Bollettieri. Pour une nouvelle désillusion en Grand Chelem du «Kid de Las Vegas»... 

C'est l'histoire de l'affrontement entre deux anciens compagnons de chambrée, qui se retrouvent en finale de Roland-Garros. Nous sommes le 9 juin 1991, et Andre Agassi, tout juste âgé de 21 ans, retrouve Jim Courier, qui les fêtera lui quelques semaines plus tard, pour la première finale 100% américaine à Paris depuis le début de l'ère Open. Les deux hommes se sont côtoyés, adolescents, à l'académie de Nick Bollettieri, et se connaissent parfaitement.

Battu en finale de l'édition précédente, à la surprise générale, par l'Equatorien Andres Gomez, puis par Pete Sampras à l'US Open, le «Kid de Las Vegas» a les faveurs des pronostics pour sa troisième finale de Grand Chelem. "Tout le monde dit que je vais le battre. J'ai besoin de le battre. Je ne peux pas imaginer ce que je ressentirais si je devais perdre une troisième finale de Grand Chelem consécutive", racontera Agassi des années plus tard dans sa biographie.

Agassi : "Comme si le lièvre perdait face à la tortue"

Un ouvrage où il avait également confié qu'il portait une perruque contre Gomez, et qu'il avait plus peur de la perdre que de perdre le match... Mais contre Courier, il imagine surtout qu'une défaite serait "comme si le lièvre perdait face à la tortue. C'est déjà dommage que (Michael) Chang ait gagné un Grand Chelem avant moi. Et Pete (Sampras). Mais Courier aussi ? Je ne peux pas laisser ça arriver".

Pour se hisser en finale, déjà la 20e de sa carrière, Agassi, alors quatrième joueur mondial, perdra d'abord un set contre Marc Rosset (3-6, 7-5, 6-4, 6-3), avant d'écarter facilement Petr Korda (6-1, 6-2, 6-2) puis son compatriote Patrick McEnroe (6-2, 6-2, 6-0). Il laisse à nouveau filer une manche contre Alberto Mancini (6-3, 6-3, 5-7, 6-1), mais déroule en quarts de finale contre Jakob Hlasek (6-3, 6-1, 6-1). Et dans le dernier carré, c'est Boris Becker qui se dresse face à lui.

L'Allemand, de trois ans son aîné, compte déjà cinq tournois du Grand Chelem à son actif, et dispute sa troisième demi-finale Porte d'Auteuil. «Boum-Boum» parviendra à prendre un set à Agassi, mais cédera en quatre manches (7-5, 6-3, 3-6, 6-1). Dans l'autre partie du tableau, Courier n'est pas vraiment attendu. Le Floridien dispute seulement sa quatrième finale, et la toute première sur terre battue.

Quand Courier prend confiance

S'il a débuté cette année 1991 au 25e rang du classement ATP, Courier a pris confiance au mois de mars, en remportant consécutivement son deuxième puis son troisième tournoi, à Indian Wells puis à Key Biscayne. En Californie, il élimine Agassi en trois sets en huitièmes de finale (2-6, 6-3, 6-4), et n'est plus mené que 4-2 dans ses affrontements face à son ancien camarade d'entraînement, qu'il a déjà joué deux fois à Roland, avec une victoire en 1989 (7-6, 4-6, 6-3, 6-2 en seizièmes de finale) puis une défaite en 1990 (6-7, 6-1, 6-4, 6-0 en huitièmes).

Un an plus tard, il est neuvième mondial quand il débarque Porte d'Auteuil, et s'adjuge avec autorité ses deux premiers matchs, contre Derrick Rostagno (6-3, 6-3, 6-0) et Wayne Ferreira (6-2, 6-3, 6-4). Au troisième tour, il ne passe pas loin de la correctionnelle contre Magnus Larsson (6-3, 4-6, 4-6, 7-5, 6-2), qui obtient même une balle de double break dans le quatrième set. Mais il se promène en huitièmes contre un autre Américain, Todd Martin (6-2, 6-3, 6-3). En quarts, il est opposé au numéro un mondial, Stefan Edberg, finaliste malheureux face à Chang deux ans plus tôt.

Courier : "J'étais très nerveux"

Mais le Suédois ne parvient pas à arrêter Courier, qui s'impose 6-4, 2-6, 6-3, 6-4. Il perdra encore un set en demi-finales face à Michael Stich (6-2, 6-7, 6-2, 6-4), avant, donc, de retrouver Agassi en finale. Moins expérimenté, il semble d'abord pris par l'enjeu, et cède rapidement la première manche. "J'étais très nerveux, je n'arrivais pas à lâcher mes coups, je jouais court et Andre me le faisait payer cash !, se souvenait-il l'an dernier pour le site de Roland-Garros. Je ne trouvais pas de solution, ça défilait... et il s'est mis à pleuvoir. Pendant l'interruption j'ai pu échanger avec mon entraîneur José Higueras qui m'a conseillé de reculer au retour et de jouer plus bombé."

Une interruption salutaire, qui lui permettra d'égaliser à une manche partout. Et s'il perd le set suivant, il remporte aisément le quatrième avant un cinquième set d'anthologie, face à un Agassi de plus en plus crispé. Il s'imposera finalement après 3h41 d'un âpre combat (3-6, 6-4, 2-6, 6-1, 6-4), et vivra alors une émotion "indescriptible". Courier réussira à conserver son titre l'année suivante, face à Petr Korda, et inscrira deux autres tournois du Grand Chelem à son palmarès, remportant à deux reprises l'Open d'Australie (1992 et 1993).

Agassi, qui avait pensé à tout arrêter après cette nouvelle désillusion en finale d'un Majeur, remportera finalement un an après, à Wimbledon, le premier de ses huit titres du Grand Chelem. Et il devra patienter jusqu'en 1999 pour retourner en finale à Roland-Garros, où il s'imposera contre Andrei Medvedev, après avoir perdu les deux premiers sets. Pour le plus grand plaisir d'un public acquis à sa cause...

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