Clément Pédron, Media365, publié le mardi 31 mai 2022 à 10h31
Parrain de la Team Jeunes Talents de BNP Paribas Mac1 (Etats-Unis), John McEnroe, présent samedi à Roland-Garros pour découvrir le nouvel opus du déploiement international du programme, prend très à cœur son rôle de parrain. Le légendaire champion américain reste aussi un observateur avisé du tennis et de son évolution.
John McEnroe, vous dites souvent qu'il est important d'enseigner aux jeunes à prendre du plaisir...
Tout à fait. Quand j'ai commencé, on arrivait de plus en plus tôt sur le circuit alors qu'aujourd'hui, on peut débuter une vraie carrière à partir de 25 ans. À 30 ans, on est encore un joueur très actif. À mon époque, quand on voyait quelqu'un jouer à 30 ans, on se disait : " Tiens, il a réussi à aller jusque-là." C'est très différent. Aujourd'hui, on donne aux gamins la possibilité de s'épanouir en tant que personne tout en les préparant à être des professionnels du tennis. Quand on entraîne des jeunes prêts à devenir professionnels, on observe leurs qualités sur le court, on scrute leurs déplacements. Par exemple, ça fait cinquante ans que j'observe le tennis et j'ai du voir huit joueurs avec un jeu de jambes aussi abouti que celui de Carlos Alcaraz. On regarde aussi s'ils ont l'âme, le panache, le cœur pour aller sur un court.
La question du mental revient beaucoup ces derniers temps. Est-ce quelque chose que vous évoquez avec les jeunes ?
Oui. De plus en plus de jeunes traversent des crises liées à la santé mentale, comme on a pu le voir avec Naomi Osaka l'an dernier. Cette année, j'ai entendu Simona Halep évoquer ses crises de panique. Il nous arrivait aussi de faire face à des situations compliquées. Quand j'étais numéro un chez le juniors et que je participais aux qualifications, je me suis retrouvé seul ici à Paris, il n'y avait personne pour m'accompagner et m'aider à me guider par exemple. C'est le genre de soutien que le programme BNP Paribas Jeunes Talents essaie d'apporter aux gamins pour qu'ils se sentent encore plus heureux sur le court.
"J'envisage mon rôle comme un leader d'inspiration"
Comment voyez-vous votre rôle de parrain de la Team Jeunes Talents Mac1 de la BNP Paribas ?
Je dois trouver le moyen d'être un leader qui va inspirer chacun des joueurs. Vous savez, c'est important de trouver le moyen de communiquer avec ces jeunes, qu'ils ne me voient pas comme le vieux qui jouait avec une raquette en bois ! Je souhaite partager avec eux ce désir de gagner, car il m'anime toujours, et je veux qu'ils en soient convaincus. Je suis aussi entouré d'une équipe. Mon frère (Patrick McEnroe) est mon bras droit et une quarantaine d'autres personnes sont là pour enseigner les techniques et les gestes importants sur un court. Je suis, pour ma part, aux côtés des jeunes pour les dix pour cent restants. J'envisage davantage mon rôle comme celui d'un leader d'inspiration.
Vous observez le tennis depuis de nombreuses années, faut-il changer les règles selon vous ? Patrick Mouratoglou imagine plusieurs évolutions, avec des matches à durée limitée notamment...
Je ne suis pas trop au courant des idées de Patrick Mouratoglou pour changer les règles du tennis. En revanche, je trouve intéressant qu'il ait essayé de faire quelque chose. L'attention du public est en train de diminuer et il faut qu'on puisse garder ce public avec nous. Pour moi, un match en deux sets et un tie break en dix points en cas d'égalité, c'est très bien. On peut même supprimer la période d'échauffement entre les deux joueurs car je trouve que c'est pénible à regarder. J'imagine même que je pourrais aller jusqu'à enlever le "let" pour que le match soit le plus dynamique possible. Partout dans le monde, et surtout aux États-Unis, les spectateurs sont moins attentionnés, et ce n'est évidemment pas une bonne chose.