Aurélien CANOT, Media365, publié le jeudi 02 juin 2022 à 08h55
Marraine de la Team BNP Paribas Jeunes Talents en Belgique, l'un des deux nouveaux pays avec la Pologne désormais concerné par le programme, Justine Henin nous parle de son rôle auprès des jeunes joueurs belges, notamment dans le cadre de ce programme et de son académie.
Justine Henin, qu'est-ce qu'un programme comme celui dont bénéficie les jeunes talents de la Team BNP Paribas aurait pu vous apporter dans vos jeunes années ? Et aurait-il pu tout changer pour vous à vos débuts ?
Personnellement, j'ai eu la chance de bénéficier d'aides grâce à l'implication de mes parents. Ils sont allés voir des petites entreprises locales et plusieurs d'entre elles ont décidé d'investir sur moi. J'avais 18 ans et on s'était engagés à les rembourser si je gagnais ma vie. C'est ce que nous avons pu faire, mais sans ces personnes qui ont accepté d'investir sur moi sans aucune garantie, je n'aurais probablement pas pu faire ce que j'ai fait. Ce sont des formations qui sont coûteuses, donc un programme comme celui-ci est magnifique. Le programme BNP Paribas offre un soutien financier important pour des jeunes joueurs. BNP Paribas est présent depuis si longtemps dans le tennis. Il y a une cohérence tellement grande et un soutien tellement présent que l'on a presque l'impression que c'est quelque chose de naturel. Mais il faut être capable de le faire et je trouve qu'ils le font avec beaucoup de justesse.
Quel est à vos yeux l'atout premier de ce programme ?
Il y a évidemment le soutien financier, mais aussi la dynamique qui se crée à travers ce programme international qui concerne 150 jeunes. Ils peuvent se rencontrer et une émulation peut se créer. Ils ont des conseils et des formations. L'implication des parrains dans le projet permet aussi des moments de partage et d'inspiration comme cela a été le cas ici. Ça amène énormément de choses positives tout en continuant à offrir une visibilité très forte aussi au tennis dans des pays différents. C'est vraiment une aubaine pour ces jeunes.
Et l'internationalisation du programme fait qu'aujourd'hui, la Belgique puisse en profiter à son tour...
On en est ravis. Je suis vraiment très touchée de cette confiance que l'on va essayer d'honorer du mieux possible. Ce soutien est indispensable pour permettre aux jeunes de voyager et d'aller jouer des tournois, mais c'est à eux d'être ensuite acteur de leur projet. C'est ce que j'ai rappelé aux jeunes joueurs de la Team BNP Paribas Jeunes Talents lors de notre échange à Roland-Garros. Il y a de nombreuses personnes autour d'eux qui peuvent les aider à accomplir leur rêve, mais le rêve doit venir d'eux avant tout. Il y a BNP Paribas, il y a les parents, les entraîneurs... C'est un travail d'équipe qui permet de continuer à former des jeunes et leur donner envie d'aller vers les sommets.
« Les parents doivent vraiment comprendre qu'il faut savoir être patient »
Pouvoir pour ces jeunes bénéficier de conseils venant de championnes comme vous, c'est réellement de l'or !
Oui et je le fais depuis longtemps à travers mon académie. Ce qui est également merveilleux dans ce programme BNP Paribas Jeunes Talents, c'est la confiance accordée à notre structure privée. C'est une vraie responsabilité mais aussi un coup de boost. Quand on a des partenaires qui représentent et aiment le tennis aussi fort depuis si longtemps, ça apporte énormément de motivation. Ma présence reste indéfectible auprès des jeunes car j'aime partager mon expérience, évoquer les valeurs du sport de haut niveau, les travailler avec eux et leur faire sentir qu'on est là quels que soient les obstacles. Il faut aussi montrer à un jeune en difficulté que travailler sur le long terme, c'est important. Je l'ai rappelé dans le cadre du programme : il faut du temps dans le développement d'un joueur et l'encadrement doit se montrer patient. On ne peut pas arrêter de soutenu un jeune dès que quelque chose ne va pas. C'est important de le comprendre et de le mettre en perspective.
Comment se traduit votre rôle au quotidien, concrètement ?
Je suis trois jours par semaine sur le terrain avec Carlos Rodriguez, qui a été mon coach et qui travaille avec nous à l'académie. On a chacun notre rôle et c'est extrêmement passionnant pour l'un comme pour l'autre. Je gère également beaucoup d'autres choses au sein de l'académie. Même si j'essaie de déléguer de plus en plus, je suis présente tous les jours. Je porte vraiment mon projet, je rencontre beaucoup de gens, je parle avec les parents, avec les jeunes. J'ai construit une équipe sur laquelle je peux me reposer. Mais je suis là parce que l'exemplarité est quelque chose de très important dans le monde du sport. J'aime montrer aux jeunes que ce l'on leur demande, c'est pour moi quelque chose de très important.
Quelles sont les questions qui reviennent le plus souvent ?
Il y a une réalité qui revient souvent, c'est l'urgence. C'est très bien d'être impatient mais il faut faire attention de ne pas être pris dans une forme d'urgence. Il faut vraiment insister et convaincre sur le fait que le processus prend du temps. Malheureusement, c'est compliqué avec ceux qui ne veulent pas comprendre. On essaie de rassurer les parents par rapport à cette notion d'urgence et leur faire accepter qu'il n'y aucune garantie dans le processus, mais il faut qu'ils aient cette ouverture d'esprit et cette écoute. On essaie de mettre un maximum de chances de notre côté mais beaucoup d'éléments rentrent en ligne de compte. La construction de la confiance est quelque chose de très important pour réussir. Il faut du temps pour gagner.