Bonzi : "J'avais besoin d'un électrochoc"

Aurélien CANOT, Media365, publié le dimanche 30 mai 2021 à 16h07

Vainqueur cette année de ses deux premiers tournois Challenger et meilleur joueur français du moment sur le plan des résultats avec Jérémy Chardy et Arthur Rinderknech, autre révélation de 2021 côté tricolore, Benjamin Bonzi réalise à 24 ans le meilleur début de saison de sa carrière. Avant d'évoquer lundi pour nous ce Roland-Garros qu'il débutera mardi contre l'Argentin Bagnis, le Gardois revient sur sa progression et sur ce pari osé qu'il a tenté en octobre 2019, mais qui s'avère payant.

Benjamin Bonzi, êtes-vous d'accord si l'on vous dit que vous êtes en train de vivre votre plus belle saison ?
Oui, c'est clair. J'ai atteint mon meilleur classement et je ne suis pas forcément loin de rentrer dans les cent premiers (il est 115eme, son meilleur classement à ce jour), qui est un cap à passer. J'ai aussi réussi à gagner deux tournois Challenger, alors que mon objectif était d'en gagner un déjà. C'est ma plus belle saison, la saison où je joue le mieux. Maintenant, il faut continuer.

Pourtant, en dépit de votre excellente saison, vous vous trouvez toujours hors Top 100, la faute à ce gel du classement qui est tout sauf de nature à aider les joueurs comme vous...
C'est sûr que le gel du classement n'a pas forcément arrangé ceux qui ont bien joué en début de saison, parce que le cap pour passer le Top 100 est clairement très haut, car il y a beaucoup plus de points que d'habitude. C'est un classement un peu plus bas et cette différence t'empêche de jouer des tournois du Grand Chelem et des qualifs de Masters 1000. Ça peut éventuellement t'enlever plein de tournois, donc se retrouver dans un tournoi du Grand Chelem, c'est cool.

N'est-ce pas un peu frustrant à la longue, d'autant que les générations précédentes n'ont pas eu à composer avec cet élément indépendant de votre volonté mais dont vous faites les frais alors que vous êtes l'un des Français les mieux classés à la Race cette saison ?
Le classement à la Race, c'est bien, mais ce n'est pas fixé. Le seul classement qui compte, c'est le vrai classement, celui qu'il y aura en fin de saison. C'est pour ça que c'est important de ne pas s'attarder là-dessus et de ne pas générer de frustration là où il n'y en a pas besoin. Il y a beaucoup plus de choses à penser avant ça.

Bonzi : « J'ai voulu tout changer »

Comment expliquez-vous que cette saison soit votre plus belle ?
C'est un peu le fruit du travail que j'ai mis en place depuis octobre 2019, quand j'ai changé de structure. Depuis, on essaye de travailler sur pas mal de choses. Il y a eu notamment un gros apport au niveau de la stabilité mentale et émotionnelle sur le court pour mieux gérer les matchs et les moments un peu clé. Il y a eu aussi pas mal de victoires qui sont arrivées vite, et ont forcément généré de la confiance et fait beaucoup de bien pour la suite. La somme de ces petites corrections techniques que l'on a faites, des petites évolutions que l'on a apportées sur le plan mental et de ces victoires fait que je progresse bien depuis octobre 2019.

Pourquoi avez-vous souhaité changer de staff ?
J'arrivais à un stade où je retombais au classement petit à petit après être monté à la 180eme place et où je sentais que ce que je faisais ce n'était pas bien. Cela ne venait pas forcément du staff autour de moi, mais de ma manière à moi d'aborder le truc. Je n'arrivais plus à faire ce qu'il fallait. Du coup, j'ai eu envie d'avoir un déclic et de tout changer. J'étais à Toulouse, où j'avais beaucoup d'attaches et où je me sentais très bien comme j'étais très content de ma vie là-bas, mais j'ai voulu tout changer et aller quelque part où je n'avais aucun repère, repartir sur une base neuve, secouer et créer un électrochoc.

Sortir de votre zone de confort en somme ?
Oui et me retrouver dans une situation où tout allait être nouveau, en sachant que ce ne serait pas simple et sans savoir comment ça allait se passer. Mais repartir dans une nouvelle direction, sur une nouvelle route, avec plein de choses inconnues. Au final, ça a été un bon choix, car ça m'a permis de créer une nouvelle dynamique et de m'amener là aujourd'hui. C'est très bien.

Bonzi : « Mes progrès au service ? Je peux encore faire mieux »

Vous avez même été tout près de faire tomber des cadors du circuit, dont David Goffin (à Montpellier) et Karen Khachanov (à Lyon), lors de matchs que vous aviez en main avant de perdre. Qu'est-ce qu'il vous manque encore pour parvenir à battre de tels joueurs ?
Il y a déjà beaucoup d'aspects de mon jeu dans lesquels je peux encore progresser. Je ne suis pas arrivé à un stade où je sens une limite quelque part, il y a beaucoup de travail à faire. Les choses se mettent en place certes assez vite, car j'arrive à gagner beaucoup de matchs et à monter au classement. Mais il ne faut pas oublier que de gros changements comme ça, ça met forcément du temps à mettre en place et il faut forcément du temps aussi pour aller plus haut. Après, ce sont des matchs qui se jouent à pas grand-chose et où je fais de bons matchs, notamment en termes de niveau de jeu. Ça permet aussi d'avoir une prise de conscience et de se dire que je peux embêter ces joueurs-là. Il manque encore le petit cap pour justement gagner ce genre de confrontations.

Sentir que vous n'êtes plus très loin d'y parvenir doit déjà constituer un point très positif en soi...
Oui, c'est une bonne chose, car la prise de conscience dans le tennis est importante. La différence entre les joueurs n'est pas énorme, et rien que le fait d'avoir compris que je pouvais jouer à ce niveau-là, c'est déjà un gros pas en avant. Après, il faudra réussir à gagner un match à ce niveau-là pour aller encore plus loin et réussir à enchaîner en tournoi derrière. Je retiens surtout que je n'ai pas encore d'aspects de mon jeu dans lesquels j'ai atteint une limite, et ça, c'est intéressant pour la suite.

Sur le pur plan technique, dans quels domaines de votre jeu avez-vous le sentiment de devoir progresser le plus encore ? Au service, vous avez fait de sérieux progrès d'une saison à l'autre...
Il y a encore beaucoup de choses à bosser. Certes au service, j'ai eu pas mal d'évolution sur les deux dernières années, mais je peux encore faire mieux en termes de constance sur les premières balle, de précision, de pourcentage... Je peux encore améliorer beaucoup de choses physiquement sur les appuis, je peux encore progresser dans les coups du fond, pour être moins amené à forcer à certains moments plus compliqués du match. Il y a eu beaucoup de travail de fait sur les plans technique, mental et physique, mais il en reste beaucoup à faire.

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