Mathieu Warnier, Media365 : publié le samedi 25 janvier 2025 à 17h20
Alors que sa précocité a longtemps été un poids à supporter, Madison Keys a récolté les fruits d'un travail de longue haleine sur sa capacité à gérer la pression née des attentes placées très tôt en elle.
Six ans après, Madison Keys tient le plus grand succès de sa carrière. Battue par sa compatriote Sloane Stephens en finale de l'US Open en août 2017, l'Américaine a enfin pu confirmer les attentes placées très tôt en elles. Au terme d'une finale de l'Open d'Australie intense contre Aryna Sabalenka, la native de Rock Island s'est adjugée son premier titre majeur, le dixième trophée de sa carrière entamée il y a maintenant près de seize ans. En effet, Madison Keys reste une des joueuses les plus précoces que le tennis féminin moderne ait pu voir, remportant son premier match sur le circuit principal en avril 2009, à seulement quatorze ans. Si son premier titre est arrivée cinq ans plus tard, sur le gazon d'Eastbourne, la confirmation a tardé à venir aux yeux des observateurs. Et ce même si elle a disputé au moins une finale chaque année, mis à part en 2018 et 2021. Interrogée après son succès à Melbourne sur ce qu'elle pense de la trajectoire de sa carrière, Madison Keys a assuré que « tout arrive pour une raison » et avoir « dû dépasser pas mal de choses compliquées ».
Keys : « J'étais OK si ça devait ne pas arriver »
« J'ai dû me regarder dans un miroir et travailler sur la pression interne que je m'infligeais à moi-même, a-t-elle ajouté en conférence de presse. Depuis un âge très précoce, j'avais en tête que, si je ne gagnais pas un Grand Chelem, alors je n'aurais pas accompli ce que les gens pensaient que j'aurais dû réussir. » Un bagage qu'elle assure être « très lourd à traîner » dont elle a su finalement se séparer, pour le meilleur. « J'ai su arriver à un point où j'étais devenue fière de moi et de ma carrière, indépendamment du fait de décrocher ou pas un Majeur, assure Madison Keys. J'étais OK si ça devait ne pas arriver. Lâcher prise sur ces discussions internes m'a donné la faculté de jouer vraiment du bon tennis et de finir par gagner ce titre du Grand Chelem. » Un travail sur elle-même qui lui a ainsi permis d'être tranchante dans les matchs qui comptent. Ce succès en finale de l'Open d'Australie lui permet de compter désormais cinq victoires sur ses cinq dernières finales disputées sur le circuit WTA. Trois d'entre-elles ont eu lieu en... Australie, avec notamment le tournoi d'Adelaide avant de rejoindre Melbourne.
Keys : « Je peux être nerveuse et bien jouer quand même »
Il faut ainsi remonter à janvier 2020 pour retrouver trace d'une finale perdue par la native de l'Illinois, à Brisbane contre Karolina Pliskova. Une réussite qui est notamment due à un état d'esprit différent, elle qui a concédé paniquer quand la nervosité commençait à la gagner. « Maintenant je peux être nerveuse et bien jouer quand même, parce que ces choses peuvent cohabiter, a-t-elle résumé face à la presse. J'ai cessé d'essayer de chasser mes sentiments et de prétendre qu'ils n'étaient pas là. Je les accepte et je me dis que ça va, que c'est totalement normal qu'ils soient là. » Ce qui lui a permis de battre les deux meilleures joueuses mondiales pour aller chercher un titre en Grand Chelem, ce qui n'avait plus été réalisé depuis l'édition 2009 de Roland-Garros. Svetlana Kuznetsova avait alors écarté la numéro 2 Serena Williams en quarts de finale puis la numéro 1 Dinara Safina en finale. Pour Madison Keys, le plus dur pourrait presque démarrer maintenant car il lui faudra confirmer ce nouveau statut de joueuse ayant remporté un titre en Grand Chelem.