ATP : La frustration d'un jeune Français

ATP : La frustration d'un jeune Français©Panoramic, Media365
A lire aussi

Emmanuel LANGELLIER, Media365 : publié le mardi 11 mai 2021 à 16h55

Le gel actuel du classement, dont Benoit Paire profite notamment, fait grincer des dents. Un jeune Français ne peut notamment pas progresser dans la hiérarchie comme il le devrait.



Le monde entier vit actuellement une période spéciale qui dure, dure, dure, avec ce satané Covid-19 qui continue de faire des siennes. Face à la pandémie, le sport a dû s'adapter et aménager certaines dispositions. Le tennis a ainsi décidé de geler les points entre mars et août 2020 suite à la pause forcée pour protéger les joueuses et les joueurs qui ne voulaient ou ne pouvaient pas voyager. Ce qui a figé les classements.

L'organisme en charge des hommes, l'ATP, a depuis décidé de procéder à un dégel progressif jusqu'au 9 août 2021 pour les tournois annulés en 2020 ou disputés à des dates inhabituelles comme Roland-Garros, joué fin septembre début octobre. Les points acquis entre mars et août 2019, qui auraient dû disparaitre, seront toujours compatibilisés pour 50% de leur valeur initiale en cas de moins bon résultat en 2021. Et voilà comment Benoit Paire est encore 35eme mondial au classement (139eme à la Race, le classement sur l'année civile) alors qu'il enquille les revers (15 défaites, 2 victoires sur ses 17 dernières rencontres). C'est ce dont a parlé le Français lundi après son élimination d'entrée au Masters 1000 de Rome et qui a fait polémique. « Je profite du système », a reconnu l'Avignonnais, sorti par Stefano Travaglia (6-4, 6-3) après avoir balancé la fin de match.

Arthur Rinderknech, 49eme à la Race mais 124eme à l'ATP

Ce gel du classement provoque le désarroi de plusieurs joueurs sur le circuit, comme Arthur Rinderknech. Le jeune Français est le troisième représentant de l'Hexagone à la Race où il est 49eme, mais il est toujours bloqué à la 124eme position au classement ATP. « C'est la règle, ce qui a été mis en oeuvre par l'ATP, donc je ne peux que l'accepter, concède le joueur de 25 ans dans L'Equipe. Maintenant, évidemment que c'est un peu gênant quand on voit, pas forcément Benoît (Paire), mais certains joueurs qui ne jouent pas ou qui n'ont pas une grande motivation ou qui sont sur la fin qui en profitent pour continuer à aller juste sur les gros tournois et empocher les gros prize-money. On se dit que ça fait des places perdues. »


Rinderknech doit continuer de disputer des Challengers, tournois de catégorie inférieure alors qu'il pourrait prétendre à mieux. « Les joueurs au-dessus de moi, qui ne le seraient pas forcément si la règle était "normale", prennent des places dans les gros tournois, donc évidemment que j'aurais plus ma place pour y participer. Avec la règle actuelle, en faisant un résultat semi-correct, ils gagnent autant de points qu'ils en perdent », détaille le Français qui s'avoue un peu frustré. « On m'a dit il n'y a pas longtemps que sans le gel des classements, je serais autour de la 80eme place mondiale. Ce serait génial d'être déjà top 100. Maintenant, j'espère que ce n'est pas à cause de cette règle que je n'irai jamais plus haut que mon classement actuel. J'en suis capable. Je suis plus dans l'idée d'essayer de progresser, et que ça paiera. »

Rinderknech : « Si tu n'es pas prêt à aller dans le dur quelques semaines, il faut faire autre chose »

Cette situation fait jaser, dit Rinderknech qui se souvient aussi qu'Alexander Zverev en a parlé récemment. « Mais le problème, c'est que quelques-uns des joueurs qui bénéficient du blocage sont des joueurs assez importants. Ce n'est pas moi, 120eme mondial qui ne suis jamais allé plus haut, qui vais faire changer la donne. À chaque échelon, la même question se pose : comment peut-on monter avec cette règle ? Le joueur Futures se demande comment il peut dépasser le joueur Challenger. Le joueur Challenger se demande comment il peut doubler le joueur ATP. Même au plus haut niveau, on se demande. Zverev l'avait dit il n'y a pas longtemps en constatant qu'il était derrière Roger (Federer) malgré une finale en Grand Chelem et des titres en Masters 1000. »

Pour le joueur tricolore, « il faut revenir à l'ancienne règle parce que là, certains sont protégés et en jouent. Certes, ce n'est pas facile pour tout le monde mais c'est la loi du travail. Si tu n'es pas prêt à aller dans le dur quelques semaines, il faut faire autre chose. »

Vos réactions doivent respecter nos CGU.