Voile - Davies : "Enormément d'enthousiasme et de motivation !"

Thomas Siniecki, Media365 : publié le mardi 19 octobre 2021 à 13h26

Samantha Davies revient sur son abandon lors du Vendée Globe, qu'elle a tout de même terminé (hors course). Elle disposera l'année prochaine d'un nouveau bateau Initiatives-Coeur, qui l'emmènera jusqu'à l'édition 2024.

Samantha, avec sept mois de recul en plus, il est bien hors de question d'arrêter la voile, comme vous aviez pu l'évoquer au Vendée Globe après votre abandon mouvementé ?

Oui ! J'en rigole. Je n'étais pas la seule à avoir dit ça, c'est tellement dur de faire un tour du monde en solitaire... C'était assez mouvementé. Cette réflexion est restée seulement douze heures. En arrivant au Cap, j'avais déjà décidé que je repartirais hors course. Je suis encore plus motivée, car je sais que je suis capable de finir le Vendée Globe. C'est frustrant d'être aussi bien placée et d'avoir cette collision qui n'était pas de ma faute, je sais que je peux faire quelque chose d'énorme. J'ai donc énormément d'enthousiasme et de motivation ! Si j'avais dit à mon fils que j'allais arrêter, il ne m'aurait jamais cru (sourire), et mon mari Romain Attanasio non plus ! Ce sont des expériences fortes, les émotions sont multipliées quand on est fatiguée et seule... Mais survivre à ça, ça fait aussi partie de l'énormité du Vendée Globe, du challenge et de cette drogue qui donne envie d'y retourner.

Puisque votre mari était également en course, ça devait être justement particulier pour votre fils Ruben...

Heureusement, on a eu un énorme soutien avec ses grands-parents et tous nos amis, les voisins, les autres parents à l'école... Donc on était sereins et lui aussi, ça s'est très bien passé. Je remercie toute ma famille, grâce à eux on n'a eu aucune inquiétude ni moment difficile. Mes parents sont venus chez moi, ainsi Ruben continuait sa vie normale, dans sa chambre et il faisait ses devoirs encore mieux qu'avec nous, car les grands-parents ont beaucoup de temps. Il avait de super notes ! Et puis il était invité chez les amis tous les week-ends, sa vie sociale a été meilleure que jamais car tout le monde pensait à lui et à mes parents, pour qu'ils se reposent un peu. Toute cette communauté a aidé.



Quand vous arrivez au Cap, après votre abandon, Ruben est le premier que vous appelez.

Oui bien sûr, avec mes parents donc. Il m'a dit que je ne devais pas rentrer ! Quand on n'a pas vu son fils depuis un mois, ça peut être mal pris, mais c'était la confirmation qu'on avait tout bien préparé (sourire). J'avais dit que si quelque chose arrivait, que si j'abandonnais la course, il ne fallait pas abandonner les enfants de Mécénat Chirurgie Cardiaque. Tout le monde a tenu sa promesse, l'équipe technique aussi. Les enfants malades, c'était cette motivation supplémentaire. Mon fils reste à la maison, certes, mais ça n'a rien à voir avec eux lorsqu'ils viennent plusieurs mois en France et sans leur famille ! Et à chaque fois, ça se passe très bien lorsque quelqu'un les aime et qu'ils sont en sécurité, dans les familles d'accueil. Voir ça au quotidien, ça m'a rassuré aussi. Je doutais, mais j'ai la chance d'avoir cette famille de marins qui a confiance en moi et n'a transmis aucune peur à mon fils.

Plus généralement, comment avez-vous ressenti ce Vendée Globe ? De l'extérieur, on a eu l'impression d'un vrai engouement moderne, avec les réseaux sociaux ou Virtual Regatta...

C'était énorme, oui, très suivi ! C'est un des seuls événements à ne pas avoir été annulé durant le Covid, la magie du Vendée fait qu'on n'est pas dans un stade. On n'est pas freinés par ces problèmes d'audience, tout le monde peut nous suivre à la maison ou au boulot. On est seuls autour de la planète et pour longtemps. Je remercie aussi ceux qui, habituellement, ne nous suivent pas forcément mais avaient peut-être un manque de sport ou de culture... Car ça a basculé également sur plus de followers, donc plus d'argent et plus d'enfants sauvés. C'est un vrai succès et ce n'était pas gagné, puisque je ne savais pas si je continuerais. Tous les projets et les sponsors poursuivent, il y en a même des nouveaux qui veulent participer... C'est magique, tous les bateaux sont vendus, il n'y en a presque pas assez de disponibles. Je suis hyper fière, ça aide aussi l'association et c'est génial.

Vous avez également eu du monde sur le chenal aux Sables-d'Olonne pour votre arrivée hors course...

Oui, ça fait chaud au coeur. Je n'avais pas la pression d'arriver plus vite, alors au coucher du soleil, j'ai ralenti pour arriver le lendemain et jouer le jeu afin qu'il y ait un maximum de monde. Vu tout le temps que j'avais pris, patienter encore 18 heures, ce n'était pas grand-chose (sourire) ! C'était après l'arrivée des premiers et pour l'association, c'était un peu particulier... Je remercie encore tout le monde.

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