Grousset : "Les Jeux Olympiques font partie de mon quotidien"

Aurélien Canot, Media365, publié le vendredi 07 avril 2023 à 15h43

Présent mercredi à la piscine de Clichy à l'initiative de la ville des Hauts de Seine et de la Caisse d'Epargne Ile-de-France, Maxime Grousset (23 ans), star montante de la natation française, évoque pour nous son parcours et ce qui l'amène aujourd'hui à penser qu'il peut décrocher l'or à Paris. Et comme le Néo-Calédonien a confiance en ses capacités, il a fait du titre olympique son principal objectif.

Maxime Grousset, mercredi, vous êtes allé à la rencontre de jeunes dans le cadre d'un événement organisé communément par la ville de Clichy et la Caisse d'Epargne Ile-de-France. Que retenez-vous de cette journée pas comme les autres ?
C'était cool de pouvoir partager, échanger et voir que les enfants étaient heureux de me voir. Ils étaient nombreux et se sont montrés curieux et impliqués. Mon partenaire, la Caisse d'Epargne Ile-de France, a organisé cette initiative avec la ville de Clichy pour permettre aux enfants de découvrir mon quotidien, et de parler avec eux des bienfaits et des valeurs du sport. Pendant que je nageais, l'un d'entre eux a dit : « Il me donne envie de faire de la piscine ». C'est sympa ! Si je peux leur donner envie de faire du sport, que ce soit de la natation ou une autre discipline, c'est génial. C'est aussi l'objectif de cette journée olympique et paralympique.

Le soutien et les encouragements des enfants, est-ce quelque chose d'important à vos yeux ?
Oui, carrément. C'est notamment ce qui m'a donné envie de faire du sport de haut niveau quand j'étais plus jeune. J'avais moi-même eu la chance de voir des athlètes et j'aimais observer les plus grands, notamment les Australiens, car l'Australie est le pays le plus proche de la Nouvelle-Calédonie. C'est un pays qui a toujours été très performant en natation ! Ce sont surtout les nageurs australiens qui m'ont donné envie et m'ont inspiré quand j'étais enfant.

Cette opération était organisée par la Caisse d'Épargne Île-de-France, qui est également l'un de vos partenaires. Qu'est-ce que cette entreprise vous apporte au quotidien ?
La Caisse d'Epargne Île-de-France m'apporte déjà un soutien financier dans le cadre du Pacte de Performance, ce qui me permet d'être plus serein dans ma préparation. Et, au delà de ça, c'est important d'avoir ce soutien moral, de savoir que des gens sont heureux de m'accompagner dans mon parcours d'athlète, dans mon aventure olympique. C'est une entreprise qui s'intéresse aussi à l'impact social du sport, au fait qu'il puisse jouer un rôle important dans la transformation de la société. Je partage cette vision et si je peux, même à mon petit niveau, y contribuer, je le fais avec plaisir.

Il y a quelques jours, s'est déroulé le Giant Open dont vous êtes sorti un peu frustré. Doit-on en déduire que vos performances n'ont pas totalement répondu à vos attentes ?
Oui. Je suis toujours un peu difficile avec moi-même. En vrai, j'ai bien nagé, je ne peux pas dire que c'était mauvais (NDLR : Grousset a notamment remporté le 100m). Mais j'aurais préféré faire un peu mieux !

Peut-on dire aujourd'hui que vous vivez et respirez JO 2024 ?
Clairement. Avec Michel (NDLR : Chrétien, son entraîneur), on y pense tous les jours, ça fait partie de notre quotidien. On bosse et on a un calendrier bien établi pour cet évènement. Après, dans nos discussions, il est plutôt question des Championnats du monde qui arrivent rapidement (à Fukuoka au Japon, du 14 au 30 juillet prochain). C'est important d'être bon dès maintenant pour montrer qu'on est là et faire un peu peur aux autres.

A l'aube de ces Jeux de Paris 2024, vous jouissez d'un nouveau statut et forcément d'une pression nouvelle sur les épaules qui n'a pas l'air de vous atteindre. Quelle est votre recette pour parvenir à faire preuve d'autant de recul ?
Je vis plutôt bien la pression, je ne me prends pas la tête. En fait, je vis au jour le jour en essayant de profiter de tous les moments, avec cet objectif en tête qui me fait dire que la route est encore longue. Je ne me dis pas que je suis le meilleur mais je mets tout en place pour l'être.

Il se dit que Zoé (Bonnamy), votre compagne, qui est une ancienne nageuse, n'est pas étrangère à votre état d'esprit ambitieux mais humble. Etes-vous d'accord ?
Oui, je pense qu'elle y est pour beaucoup. Elle m'apporte un réel soutien. Je ne sais pas si c'est elle qui me permet de garder les pieds sur terre ou si je suis comme ça naturellement. Mais je sais que, si je change un jour, elle n'hésitera pas à me le dire. Un bon entourage comme le mien, ça permet aussi de rester humble.

"Mes parents m'ont obligé à apprendre à nager, je ne voulais pas"

Aux Jeux, quel sera votre objectif réel ? Le podium uniquement ou beaucoup mieux ?
J'aimerais et je veux être champion olympique. C'est mon rêve. Un podium, ce serait bien, très bien même, mais je me dis que je peux être champion olympique.

A Tokyo, vous aviez digéré assez vite votre quatrième place de cette finale olympique. Était-ce dû au fait que vous aviez arraché votre billet pour la finale sur le fil et sans vraiment penser que c'était jouable à l'origine ?
En fait, oui. J'y ai réfléchi deux minutes après la course et me suis dit : "Est-ce que je pensais cette année, faire les Jeux, être en finale des Jeux et même faire quatrième ? Bah non." Je n'avais rien à regretter, j'étais juste super heureux de faire quatrième après une belle course.

Cette quatrième place olympique, au même titre que votre médaille d'argent lors des derniers Mondiaux, doit déjà vous amener à penser que votre sacrifice de quitter famille et racines aussi tôt, valait le coup...
Oui, carrément. Cela aurait évidemment encore plus dur de quitter ma famille et mon île (NDLR : la Nouvelle-Calédonie) si cela n'avait pas marché. Mais comme ça marche, je ne me pose aucune question.... Je me plais à faire ce que je fais en ce moment, c'est super cool.

Revenons quelques années en arrière, quand vous quittez votre famille à Nouméa tout jeune pour la Métropole. Qu'est-ce qui vous a animé à ce moment-là ?
J'étais focalisé sur mon objectif et mes ambitions. Dans ces moments-là, je ne pense plus au confort ou aux aléas du quotidien. Je suis juste là pour réussir à ce à quoi j'aspire, ce à quoi je rêve. Ce n'était pas si difficile que ça.

On dit souvent que de le fait de quitter ses racines aussi jeune, quand on est sportif de haut niveau, permet d'avoir une maturité plus précoce. C'est votre cas ?
Oui peut-être, il faut arriver à se débrouiller tout seul pour avancer. Il y avait le téléphone mais je me rends compte sue je n'ai jamais trop appelé. Je préférais avoir de longues discussions de temps en temps plutôt que d'appeler sans arrêt. Je préférais vivre mon truc d'abord et raconter après tout ce que je vivais. Et kiffer surtout.

Pourquoi aviez-vous opté pour la natation alors que vous étiez doué dans de nombreux sports ?
En fait, mes parents m'ont obligé à apprendre à nager mais, à ce moment-là, je n'en avais pas envie. Puis j'ai pris du plaisir en commençant à battre mes copains et je me suis mis à m'intéresser à ce qu'il se passait au plus haut niveau. J'ai regardé les Championnats du monde et j'ai eu des étoiles dans les yeux quand j'ai vu les meilleurs nageurs ou les Français gagner aux Jeux ou aux Mondiaux. J'ai eu cette envie de faire partie de l'histoire.

Pourquoi vos parents vous ont-ils obligé à nager ?
Ils ne voulaient pas forcément que je fasse de la natation, ils voulaient surtout que je sache nager. Étant donné que je vivais sur une île, c'était vraiment important de savoir se débrouiller dans l'eau. Ils m'ont dit : " Tant que tu ne sais pas nager correctement selon nous, tu continues. " J'ai continué et continué sans cesse ! Et comme j'étais un peu meilleur que les autres, le plaisir est venu. Après avoir été bon très jeune, j'ai complètement stagné. Je n'avançais plus et n'avais plus envie à ce moment-là. Mais j'ai commencé à grandir, à prendre du muscle et j'ai progressé à nouveau. C'est à ce moment-là que je suis parti en Métropole.

Un nageur en particulier vous a-t-il inspiré ?
Alain Bernard. Quand il a été champion olympique (NDLR : En 2008, à Pékin), j'étais gamin et je n'avais qu'une seule envie, c'était de représenter la France et de faire la même chose que lui. Il y avait aussi un nageur australien, Cameron McEvoy, qui était venu en Nouvelle-Calédonie. Je l'avais vu nager sous les yeux, c'était magnifique. J'avais vraiment adoré même si j'étais un peu plus âgé à ce moment-là.

"Savoir être là, au bon moment "

Vous vous êtes beaucoup entraîné après être arrivé en Métropole, notamment sur le plan musculaire. Un champion de natation doit-il nécessairement être un monstre physique ou aimez-vous simplement passer des heures en salle de musculation ?
Non, je ne pense pas que ce soit nécessaire d'être très musclé. Il faut privilégier la technique, l'aspect aquatique plutôt que les muscles. Mais ce sont les qualités naturelles que j'ai et je les utilise. Je suis plutôt explosif. Dès que je progresse en musculation, je progresse en natation. Ce n'est que du positif.

Tout jeune, vous n'aviez pas mis longtemps à soulever près de 100 kg en développé-couché...
Oui c'est vrai, mais je pense que c'est culturel aussi. Le sport est très présent en Nouvelle-Calédonie. J'ai commencé la musculation très jeune, tout ce qui était renforcement spécifique notamment... Et j'avais plus de facilité que certains à mon âge.

L'un de vos anciens entraîneurs explique que vous avez passé un cap en trouvant la réponse à la question : "pourquoi je nage ?" Est-ce que cette introspection a réellement constitué un électrochoc dans votre carrière ?Oui. Quand on est jeune, on pense juste à la performance, on n'a que ça en tête. Et puis un jour, on se pose la question : « Mais pourquoi ? » Et on trouve les réponses : Parce que je prends du plaisir, je vois mes amis, j'aime l'environnement dans lequel j'évolue, et surtout parce que j'ai un rêve. Tout ça amène, comme un entonnoir, à la performance.

Quel est à vos yeux votre principal atout ?
C'est difficile à dire. Je pense que c'est de savoir être là lors des grands rendez-vous.

Cela vous arrive de douter dans les moments importants ?
Non, je suis sûr de moi, au bon moment. C'est l'une de mes qualités.

En club, en dehors de l'Insep, vous n'aviez connu qu'Amiens en Métropole. Qu'est-ce qui vous a donné envie de quitter Amiens pour rejoindre Clichy ?
J'étais à l'Insep et je souhaitais avoir un club à proximité pour pouvoir y passer plus de temps. Faire ce que j'ai fait aujourd'hui par exemple, c'est important pour moi. J'ai pu le faire sans perturber mon entraînement grâce à cette proximité. La ville et le club me soutiennent, j'ai aussi envie de leur rendre à ma façon. J'ai été au CN Calédoniens puis à Amiens où je me suis entraîné plusieurs années avant d'aller à Clichy il y a deux ans. Il faut parfois savoir changer pour évoluer.

Pour terminer, que peut-on vous souhaiter pour votre avenir proche ?
Une médaille aux Mondiaux, en or de préférence. Essayer d'être le meilleur tout le temps, c'est ça le principal.

Vos réactions doivent respecter nos CGU.