Pinturault : " J'ai besoin de temps "

Aurélien CANOT, Media365, publié le jeudi 17 mars 2022 à 13h25

Déjà orienté sur la saison prochaine après cet hiver qui lui laisse beaucoup de déception alors qu'il défendait son tout premier gros globe de cristal, Alexis Pinturault a avoué ce jeudi après le dernier super-G de la saison qu'il allait s'accorder d'abord le temps qu'il avait eu le tort de ne pas prendre l'année dernière après son sacre. Une énorme erreur, aux yeux du skieur de Courchevel.

Pour avoir découvert le ski, tout jeune, sur les pentes de l'Eclipse, où se déroulent ces finales de la Coupe du monde Alexis Pinturault s'était pris à rêver, il y a un de cela, à soulever un deuxième gros globe de cristal consécutif chez lui, à Courchevel. Passé complètement à côté de sa saison, "Pintu" a très vite compris que l'histoire serait nettement moins belle. Il en retient néanmoins beaucoup de leçons pour ne pas refaire la même erreur à l'avenir et avoir une chance de retrouver ce gros globe qui est revenu au jeune prodige suisse Marco Odermatt. Si c'était à refaire, le triple médaillé olympique avoue notamment qu'il prendrait cette fois le temps de récupérer. Ce qu'il n'a pas fait l'hiver dernier. Il va donc chercher à rattraper très vite le temps perdu, et ce dans un seul but : redevenir aussi fort physiquement et mentalement qu'il ne l'était l'année dernière lorsqu'il avait rejoint Luc Alphand au palmarès, 24 ans plus tard.

"Je ne sais pas s'il me faudra un ou deux mois"

"Ce dont j'ai besoin, c'est surtout de repos. Changer des choses, oui, il y a peut-être des choses que l'on va légèrement changer, mais je ne vais pas passer du blanc au noir. Mais ce qui est sûr, c'est que j'ai besoin de repos. Je ne sais même pas aujourd'hui de combien de temps j'aurai besoin, s'il me faudra un ou deux mois, en tout cas, j'ai besoin du temps que je n'ai pas suffisamment pris l'année dernière. C'est uniquement quand je sentirai que mon corps et mon esprit redeviendront déterminés, motivés, avec de l'envie, que je retournerai à l'entraînement. Ca prendra le temps que ça prendra, mais j'en ai besoin", a avoué Pinturault sur Eurosport juste après avoir terminé huitième du dernier super-G de l'hiver. "La machine" a rassuré tout le monde dans la foulée en assurant que cette motivation qui fait partie de cet arsenal qui fait de lui un skieur aussi talentueux, il ne l'avait pas perdue.

"J'étais extrêmement fatigué"

"Mais être motivé quand on n'a pas toutes les armes en main ni la détermination nécessaire pour avoir cette réaction musculaire qui nous amène à des performances de plus haut niveau, c'est difficile. L'un ne va pas sans l'autre, et je me suis rendu compte cette année qu'au plus haut niveau, la performance mentale fait toute la différence", analyse le natif de Moûtiers (Savoie), conscient que s'il n'a pas répondu présent lors de cette année qui aurait dû être celle de la confirmation pour lui, ce n'est pas seulement lié à un mauvais choix de matériel. "J'ai eu des problèmes, surtout pour retrouver de la fraîcheur (...) Le problème pour moi cette année, ça a été le manque de coupure et des difficultés derrière pour attaquer l'hiver. Je me suis rendu compte juste avant Sölden que nerveusement, ma réponse musculaire n'était plus la même. C'est à dire que je sentais que psychologiquement, mon tonus musculaire n'était plus aussi bon et nerveusement, j'étais extrêmement fatigué. Sauf que la saison devait commencer..."

"Tout le monde a sous-estimé la situation, moi le premier"

A partir de là, le coup d'envoi même pas donné, "Pintu" savait qu'il allait au devant d'inévitables désillusions. "De fil en aiguille, automatiquement, ça annonçait un hiver difficile. J'ai essayé de m'accrocher malgré tout, j'ai toujours donné le meilleur de moi-même et j'ai réussi à agripper quelques podiums. Mais j'ai vraiment fait avec les moyens du bord, et ça a été vraiment la difficulté." Avec du recul, le champion du monde du combiné des Mondiaux d'Äre en 2019 est également certain que le fait de n'avoir jamais décroché le gros globe de cristal n'a pas facilité la tâche de celui qui en a fait paradoxalement les frais ensuite. Et il n'est pas le seul, à l'entendre. "Ca vient aussi d'un manque d'expérience de ce genre de situation. Pour moi, car je ne l'avais jamais fait, comme pour l'encadrement autour de moi, qui ne connaissait pas non plus cette expérience. Tout le monde a certainement sous estimé cette situation et moi le premier, pour me reposer." Pinturault, 31 ans le 20 mars prochain, assure qu'on ne l'y reprendra plus.

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