Phases finales Top 14 : Le drop remis au goût du jour

Faraj Benlahoucine, Media365 : publié le vendredi 10 juin 2022 à 17h16

Longtemps délaissé, le drop est revenu à la mode semble-t-il dans le paysage du rugby hexagonal. Coup de projecteur sur des moments historiques du Top 14 où le destin de grandes histoires s'est tracé sur des coups de pied entrés dans la légende.

Arme trop souvent expédiée aux oubliettes pendant des lustres, le drop n'en demeure pas moins une arme redoutable du rugby. Lorsqu'une équipe peine à franchir un adversaire solide en défense, ou tout simplement pour concrétiser un temps fort, ce coup de pied frappé de demi-volée permet à l'équipe qui le réalise d'inscrire trois points. Une pragmatique sanction. Parfois anecdotique, elle a également envoyé de nombreuses équipes au 7eme ciel. Et d'autres, six pieds sous terre. En premier lieu on peut citer en exemple la dernière finale de Top 14 opposant Toulouse à La Rochelle.

2021 : Toulouse, Kolbe a dégainé

Bien qu'ils n'ont pas remporté la finale contre le Stade Rochelais grâce à un drop inattendu (18-8), celui dégainé par Kolbe, de 50 mètres avant la pause, a surpris tout le monde. Car le champion du monde sud-africain a pour habitude de faire la différence par sa vitesse ou ses appuis déroutants. En aucun cas par son jeu au pied dont la puissance ce vendredi 25 juin a laissé l'ensemble des spectateurs bouche bée. Ce n'est en revanche pas le cas de Thomas Ramos. Buteur attitré des Rouge et Noir, l'arrière haut-garonnais avait également assommé les Maritimes d'un maître coup de pied dès l'entame de cet affrontement. Petite particularité de ce drop, il s'agissait du tout premier tenté par les hommes d'Ugo Mola depuis le début de saison.

2005 : Biarritz, le flegme de Peyrelongue

Le début des années 2000 marque l'apogée du Biarritz Olympique dont l'avenir s'écrira en Pro D2 la saison prochaine. Champions en 2002, les Basques soulèvent à nouveau le Bouclier de Brennus trois ans plus tard grâce à leur maestro Dimitri Yachvili, diabolique d'efficacité dans l'exercice des pénalités. Néanmoins, son acolyte de la charnière, Julien Peyrelongue s'est également distingué d'une manière pour le moins inattendue. Possédant la particularité rare de ne pas buter pour un demi d'ouverture, celui-ci s'est mué en "dropeur" adroit et plein de sang-froid en prolongation lors du succès contre le Stade Français (37-34 ap) avant que le "Yach" n'abatte la bête blessée. En face, Brian Liebenberg avait également réussi la prouesse de valider un drop, en vain toutefois.

2002 : Biarritz, Mazas dans la postérité

La finale 2002 restera dans les annales. Tout d'abord car elle a opposé deux adversaires que l'on n'attendait pas à pareille fête. Agen a surclassé le grand favori, Toulouse, en demi-finale tandis que Biarritz a su se défaire de Clermont. Une fois n'est pas coutume, les frères et 3eme lignes Thomas (BO) et Mathieu Lièvremont (SUA) se sont affrontés ce samedi 8 juin 2002 au Stade de France pour le premier succès Rouge et Blanc sur la scène nationale depuis 1939 (25-22, ap) ! D'un drop dans les ultimes secondes alors qu'on semblait se diriger tout droit vers une séance de tirs au but, Laurent Mazas s'est rappelé au bon souvenir de tout le monde en sortant de sa boîte. Remplaçant au coup d'envoi, il est entré dans la postérité en réussissant son drop dans l'axe de 25 mètres.

2017 : Toulon, l'éclosion du "minot" Belleau

Certes ce moment historique n'a pas eu lieu en finale, néanmoins sa dramaturgie et ses conséquences en ont eu le même retentissement. En demi-finale 2017 contre l'ogre rochelais, Toulon a éprouvé toutes les peines du monde pour dominer la bande de Patrice Collazo, considéré à cette époque comme le très probable futur sélectionneur du XV de France tant son aura transcendait les Jaune et Noir. Pourtant, cette image de favori au Bouclier de Brennus s'est volatilisée au Vélodrome de Marseille où un jeune demi d'ouverture est passé de l'anonymat au rang de rock star. Non satisfait d'avoir rendu une copie frisant la perfection ce 26 mai, Anthony Belleau a crucifié La Rochelle d'un drop à la dernière seconde pour envoyer le XV de la Rade en finale au Stade de France la semaine suivante (18-15, ap). Contre Clermont, le RCT s'est incliné (22-16) mais l'avenir du "minot" de 21 ans s'est transformé. Censé effectuer une pige d'un an à Agen en prêt, Mourad Boudjellal est revenu sur cette décision et par la suite, son demi d'ouverture a même connu la joie d'être sélectionné avec le XV de France.

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