Championnat de France 1984 : Quand Béziers remportait le Brennus aux tirs au but !

Championnat de France 1984 : Quand Béziers remportait le Brennus aux tirs au but !©Media365

Paul Rouget, Media365 : publié le vendredi 17 septembre 2021 à 16h23

En 1984, Béziers, qui dominait alors le rugby français, a remporté son dernier titre au Parc des Princes en dominant Agen aux tirs au but (21-21, 6-5 t.a.b.).



C'est la conclusion du règne de Béziers sur le rugby hexagonal. Le 26 mai 1984, les Biterrois remportaient face à Agen leur onzième et dernier titre de champion de France, et le dixième en treize ans. Un titre historique à plus d'un titre, puisque c'est la seule fois où le Brennus a été attribué à l'issue de la séance des tirs au but ! "Il y a bien sûr la joie de la victoire mais après, avec le recul, il y a la déception de ne pas avoir gagné plus nettement. Et ce bouclier aurait peut-être mérité d'être partagé", reconnaissait en 2019 pour France 3 Occitanie Patrick Fort, dit « Papy », après avoir été sacré pour la quatrième fois.

Un sacre pas comme les autres donc, dans un Parc des Princes qui allait assister à un bien drôle de spectacle. Et les deux équipes auront parfois dû batailler pour réussir à se hisser en finale. Vainqueurs un an plus tôt de Nice en finale de l'édition 1983, les joueurs de Béziers allaient entamer la défense de leur titre par une victoire aisée en huitièmes de finale aller contre Pau (22-3), avant de faire largement tourner lors d'un insipide match retour (0-0). Du côté des Agenais, après deux matchs maîtrisés contre Toulouse (20-12, 27-13), ils devaient s'arracher pour remporter leur quart de finale contre Graulhet (9-7).

Des cigarettes sur la pelouse !

Les Biterrois, encore grâce à leurs avants, écartaient Tarbes en quarts (22-12), avant une victoire étriquée mais amplement méritée face à Montferrand dans le dernier carré (8-4), alors que les Lot-et Garonnais évitaient un remake de la dernière finale en prenant leur revanche face aux Niçois (21-14), qui les avaient éliminés un an auparavant. Vainqueurs en 1982, contre Bayonne, les Agenais, réputés pour être joueurs, retrouvaient donc la finale deux ans plus tard. Mais ils subissaient d'abord la loi des avants de Béziers, qui menait 9-3 à la pause. Dès la reprise, Agen parvenait à égaliser grâce à Bernard Delbreil.

Puis à prendre l'avantage sur une pénalité de Bernard Viviès (12-9), avant que Fort n'égalise à son tour (12-12). Mais plus personne n'arrivait à marquer jusqu'à la fin du temps réglementaire. En prolongation, Christian Delage répondait ensuite à Fort (15-15), et un essai de Jean-Paul Medina permettait aux champions en titre de prendre le large (21-15). On pensait alors que ces derniers avaient fait le plus dur et allaient conserver leur titre avant le terme de ces prolongations. Sauf que Viviès, encore lui, frappait deux fois coup sur coup, pour remettre les deux équipes à égalité (21-21).

Montlaur : "La tristesse m'a accompagné"

Il fut alors décidé d'en passer par l'épreuve des tirs au buts pour départager les deux formations. Car ce match ne pouvait être rejoué quelques jours plus tard, l'équipe de France devant s'envoler pour sa tournée en Nouvelle-Zélande. Mais il fallu de nombreuses minutes de palabres pour en arriver à cette décision, et à l'organisation de cette inédite séance. De longues minutes pendant lesquelles on a même vu des joueurs s'allumer une cigarette sur la pelouse parisienne ! "On a découvert qu'on devait tirer à quinze mètres de la ligne de touche. Je pensais qu'on ferait comme au foot, qu'on alternerait, mais j'ai aussi compris qu'une équipe tirerait d'abord en entier", confiera des années plus tard le Biterrois Philippe Bonhoure au Midi Olympique.


Si Fort réussit son tir, Bonhoure et Pierre Fabre se manquaient, mais les Agenais n'allaient pas avoir plus de réussite, avec un seul tir entre les poteaux, œuvre de Viviès, pour un score de parité après cette première salve. Malgré un raté de Fort, les joueurs de Béziers allaient se détacher. Et alors que Pierre Montlaur se manquait une deuxième fois, Bernard Viviès avait le ballon de la dernière chance pour espérer égaliser. Mais il n'y parvenait pas et s'écroulait en pleurs sur la pelouse. Une image devenue célèbre alors que les Biterrois fêtaient ce succès (21-21, 6-5 t.a.b.). "J'ai trop ouvert mon pied, racontera-t-il. Heureusement que j'avais été champion deux ans avant. Cela m'a permis de tenir le coup." Montlaur un peu moins : "La tristesse m'a accompagné, elle ne m'a quitté qu'en 1988 quand j'ai été enfin champion." Mais lui, comme tant d'autres, n'a jamais oublié cette finale de 1984, qui reste la seule de l'histoire jouée aux tirs au but.

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