Bordeaux-Bègles : Des aides venant de l'Etat demandées par Laurent Marti

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Mathieu WARNIER, Media365, publié le vendredi 30 octobre 2020 à 09h02

Face au huis clos imposé par le confinement et les pertes de recettes qui y sont liées, le président de l'UBB Laurent Marti a lancé un appel à l'Etat pour venir en aide au rugby professionnel.

C'est sans doute le pire scenario pour les clubs professionnels de rugby. A compter de ce week-end et au moins jusqu'au 1er décembre prochain, l'ensemble des rencontres de Top 14 et de Pro D2 devront se dérouler à huis clos. Invité du Late Rugby Club ce vendredi sur Canal+ Sport, le président de l'Union Bordeaux-Bègles Laurent Marti est revenu sur les conséquences qu'une telle situation aura sur son club. « L'UBB fait partie des clubs qui sont dans une économie réelle, comme un petit peu plus de la moitié des clubs du Top 14 et, pour nous, c'est un million d'euros le match, résume le dirigeant. L'UBB, en temps normal, c'est cinq millions d'euros de billetterie, un million et demie d'euros d'abonnements, un million d'euros d'extras et vous avez quinze matchs à domicile dans l'année donc c'est un million d'euros le match. » Mais, malgré la perte de chiffre d'affaires, le président du club girondin exclut toute interruption des compétitions. « Il faut au moins pouvoir jouer. Les conditions dans lesquelles on va jouer font qu'on n'aura pas de recettes, rappelle Laurent Marti. Mais si on ne joue plus du tout, le risque est que nos joueurs se perdent un petit peu mais surtout qu'on perde notre public, nos supporters et nos partenaires. » Afin de limiter les dégâts, le patron de l'UBB en appelle directement à l'Etat.

Marti : « Le gouvernement nous demande de continuer à jouer »

Un sujet qui a déjà été abordé par l'ensemble des présidents de clubs même si les contours d'une éventuelle enveloppe restent flous. « On a eu une réunion avec les présidents de clubs en fin d'après-midi durant laquelle la LNR a commencé à nous annoncer un peu plus de concret même si rien n'est encore signé. Il faudra voir exactement quelle sera la compensation, a confié Laurent Marti. On sait également que la compensation avait été calculée sur les premiers chiffres que nous avions donné début septembre, qui partaient d'une jauge à 5000 spectateurs. » Alors que, selon lui, une jauge à 5000 spectateurs permet de maintenir 65% des recettes, « ça ne peut pas en rester là » pour le patron du club bordelais. Alors que, contrairement au printemps dernier, les championnats professionnels ne seront pas à l'arrêt, une telle décision pourrait avoir un autre sens. « Aujourd'hui, ce qu'on a compris, c'est que le gouvernement nous demande de continuer à jouer, assure Laurent Marti. Je pense qu'il y a deux objectifs pour le gouvernement : maintenir en vie le sport professionnel et aussi dire aux gens qui seront bloqués chez eux le week-end qu'ils peuvent au moins regarder du sport professionnel à la télévision. » Une position qui incite les patrons de clubs à demander une intervention de l'Etat sur le plan économique. « On ne peut pas nous demander d'aider la société quelque part et puis ne pas nous aider par ailleurs à payer nos charges puisqu'il n'y a plus aucune rentrée d'argent », ajoute le patron de l'UBB.

Un investisseur ou des emprunts, des solutions envisageables pour Marti

Alors que Roxana Maracineanu a laissé entendre qu'une enveloppe de 110 millions d'euros pourrait être allouée au sport et à la culture en général, le chiffre est loin du compte pour Laurent Marti. « Le calcul de la LNR, c'est 260 millions d'euros si tout le Top 14 est à huis clos toute la saison, rappelle le patron de l'UBB. Donc 180 millions d'euros, c'est peut-être déduction faite des premiers matchs qui ont été joués, mais il en manque encore. » Une situation qui pourrait relancer l'idée de l'entrée d'un investisseur alors qu'un projet lié au fonds Novalpina, qui aurait racheté une partie des actifs de la LNR a été mis de côté. Mais, selon Laurent Marti, l'emprunt pourrait être la solution de dernier recours, qu'il soit fait par la Ligue ou directement par les clubs. A cela pourrait également s'ajouter une nouvelle réduction de salaire des joueurs mais, pour le dirigeant girondin, c'est un sujet qui ne pourra pas être traité de manière individuelle. « Le sujet n'a pas été abordé mais s'il doit l'être, ça doit être de manière collective. Ça ne peut pas être un club isolé qui le fait de son côté, tonne Laurent Marti. Mais ça serait aussi une décision difficile pour les joueurs car ils gagnent très bien leur vie, ce qui fait qu'ils ont souvent pris des engagements. Mais peut-être seront-ils obligés d'y passer, comme tous les acteurs du rugby, les agents aussi. »

Marti : « On est tous en situation de dépôt de bilan »

Si le retour au confinement, et donc le huis clos, est initialement prévu jusqu'au 1er décembre, une extension n'a pas été écartée par le Président de la République et le gouvernement. Si cela devait arriver, la période de huis clos obligatoire serait également prolongée. Ceci mettrait les clubs dans un cercle vicieux avec un enchaînement de matchs qui ne génèreront pas la moindre recette. Et, à force de dépenser sans rentrées d'argent, les clubs pourraient devoir faire face à un dépôt de bilan. Une extrémité à laquelle Laurent Marti assure ne pas croire malgré tout. « On est tous en situation de dépôt de bilan parce que même un milliardaire mécène d'un club n'a pas envie de perdre autant d'argent, ajoute le patron de l'UBB. Mais on peut dire qu'une majorité de clubs du Top 14 en économie réelle sont en situation virtuelle de dépôt de bilan. » Mettant en avant les prochaines échéances pour le rugby français, Laurent Marti garde espoir en la mise en place de solutions qui permettraient au rugby professionnel de traverser cette crise sans précédent. « Je ne peux pas croire qu'à trois ans d'une Coupe du Monde, on laisse tomber comme ça les clubs, ajoute ce dernier. J'espère qu'on trouvera des solutions, mais ça passera par une grande solidarité. » En tout cas, pour le moment, les clubs vont devoir composer avec le huis clos et ses conséquences pour les quatre prochaines semaines... voire plus.

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