Un ancien pilier tire la sonnette d'alarme sur la dépression

Mathieu Warnier, Media365 : publié le dimanche 15 janvier 2023 à 20h55

L'ancien pilier international géorgien Anton Peikrishvili a lancé un appel afin que la dépression soit mieux prise en compte dans le monde du rugby.

C'est un appel à l'aide qu'Anton Peikrishvili a lancé. Ancien pilier international géorgien passé par Agen, Castres, Brive, Bayonne et Mont-de-Marsan tout au long de sa carrière, le natif de Tbilissi fait face à la dépression alors que sa carrière est arrivée à son terme. Le joueur aux 27 sélections sous le maillot de la Géorgie a confié son mal-être dans un entretien accordé au site spécialisé Rugbyrama, motivé par la prise de position du capitaine du Stade Français Paris Paul Alo-Emile. « Il y a sept mois que la dépression me ronge. Dès que je ferme les yeux, il y a une voix qui martèle dans ma tête : 'Regarde toi : tu n'es qu'une merde. Tu es fini. Depuis que tu as quitté le Top 14, tout le monde t'a oublié. Tu ne mérites pas de vivre'. Cette voix, ce type, je n'arrive pas à les faire taire. Je n'y arrive plus... » Pour lutter, Anton Peikrishvili a fait le choix de s'isoler dans un monastère où il est écouté et ne cache pas « quelques pompes effectuées dans la neige ».


Peikrishvili appelle à ce que « la parole se libère »

Au-delà de cet entretien, l'ancien international géorgien a confié sur le réseau social Twitter avoir « besoin d'aide ». Ce à quoi le directeur général du syndicat des joueurs Provale Mathieu Giudicelli n'a pas tardé à répondre pour lui apporter tout le soutien dont il a besoin. Le témoignage de l'ancien international géorgien n'est pas le premier et met en lumière un problème qui a longtemps été un tabou. Avant Paul Alo-Emile, d'autres personnalités du rugby telles Marie-Alice Yahé, Mathieu Bastareaud ou encore Pascal Papé ont évoqué le sujet. « Je sais que beaucoup de joueurs souffrent du même mal que moi. Mais ils n'osent pas le dire, a-t-il ajouté. Il faut pourtant qu'un jour ou l'autre, la parole se libère. » Anton Peikrishvili appelle ainsi les clubs professionnels à prendre ce sujet à bras-le-corps. « Les clubs pros, ils sont tous à la pointe pour leurs entraînements : ils ont des analystes vidéos, ils nous collent des GPS sur la nuque mais ne nous aident pas, quand notre tête va mal, a-t-il confié. Moi, personne ne m'a préparé à l'après-carrière. »

Peikrishvili : « Si tu en parles, tu passes pour un faible »

Alors que le rugby français est secoué par des affaires, l'ancien joueur de Bayonne demande aux instances d'intervenir. « La plus grosse problématique du rugby, ce n'est pas les billets de Sébastien Chabal pour la Coupe du Monde : c'est l'état mental des joueurs pros », avance-t-il. Assurant que « le monde du rugby pro est parfois dur », l'ancien international géorgien pointe du doigt certains comportements. « Quand un coach te dit que tu n'es qu'un naze parce que tu as loupé un plaquage, tu charges, ajoute-t-il. Combien de nuits blanches ai-je passées après avoir pris une branlée par un entraîneur qui me trouvait mauvais pour n'avoir pas réussi à courir trois kilomètres ? Je vous le jure : j'ai vu des joueurs en larmes après un debrief de match. Mais si tu en parles, tu passes pour un faible. » Se posant la question de savoir quels produits lui ont été administrés pendant sa carrière, Anton Peikrishvili réitère son appel à l'aide car il veut « éviter le pire ». « Je ne veux pas que ma petite fille grandisse seule », a-t-il conclu.

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