Thomas Siniecki, Media365 : publié le vendredi 11 novembre 2022 à 21h06
Quatrième de la première Route du Rhum en 1978, Olivier de Kersauzon est le dernier dinosaure témoin d'une époque où la voile de compétition prenait son essor, il y a près d'un demi-siècle. L'Académie de marine l'accueille, presque trop tard.
Haut représentant du monde de la mer et des marins depuis plus de 40 ans, Olivier de Kersauson, l'élève d'Eric Tabarly (disparu en 1998), a détenu le record du tour du monde en solitaire en 1989, puis le Trophée Jules-Verne en 1997 et en 2004. Animal médiatique, réputé pour ses bons mots et son appartenance désormais historique à la troupe des Grosses Têtes, le navigateur âgé de 78 ans, Sarthois de naissance mais Breton d'adoption, a été admis le mois dernier à l'Académie de Marine. "J'appartiens biologiquement à ceux pour qui la mer a déterminé leur vie", rappelle-t-il, l'eau irrémédiablement chevillée au corps (pour Ouest-France). "Beaucoup de ceux que j'ai aimés et connus dans mon métier sont morts trop tôt : Daniel Gilard, Florence Arthaud, Eric Tabarly, Hervé Devaux, l'ingénieur qui a dessiné mon bateau Geronimo..."
Constatant qu'il ne lui reste déjà plus que ses seconds, il est heureux de retrouver "des gens qui m'offrent de partager leur réflexion et leur savoir" : "Il n'y a aucun de leur métier que je n'aurais pas aimé faire : marine de guerre, sous-marinier, marin-pêcheur." L'Académie de Marine, en effet, est un établissement public national qui dépend du ministère de la Défense. Elle doit aider au développement des hautes études concernant tous les métiers de la mer. Les marins, depuis le 18eme siècle, en sont bien sûr une composante majeure, mais pas seulement. On y a aussi trouvé des historiens ou des hydrographes, par exemple.
"Eric Tabarly avait une formule que j'adore : 'Dans la marine, il y a des cons, comme partout, mais il y en a plutôt moins qu'ailleurs.' Et c'est vrai, il n'y a pas de dictateur issu du monde maritime ! Chaque individu qui a touché la mer sait qu'il ne la dominera jamais complètement. Pour survivre, il faut écouter la mer, ce qui se passe autour de soi, écouter plutôt que vouloir diriger. A partir du moment où la nature humaine n'a pas le rêve pervers de dominer, elle devient assez intéressante." Une conclusion dans le ton d'une vie et d'une vocation, qui bifurque désormais officiellement vers la transmission.