Aurélien Canot, Media365, publié le jeudi 16 novembre 2023 à 16h36
Dans le cadre de son programme « Team BNP Paribas Jeunes Talents », BNP Paribas a organisé un séminaire les 4 et 5 novembre derniers, en marge du Moselle Open. Le quintuple Champion du monde de natation Camille Lacourt a rencontré les jeunes joueurs et a choisi d'aborder avec eux la relation à l'échec, en tant que sportif de haut niveau. Il raconte cette expérience et la dépression qui a suivi sa 4e place des Jeux Olympiques de Londres en 2012.
Camille Lacourt, qu'est-ce qu'un ancien champion de natation comme vous faisait il y a deux semaines au Moselle Open de tennis ?
Je suis venu pour rencontrer les jeunes espoirs du tennis français soutenus par BNP Paribas. L'idée était de partager mon expérience en mettant l'accent sur ma relation à l'échec. Au tennis, ils sont régulièrement confrontés à ça et ça m'a semblé interessant d'essayer de partager humblement mon expérience.
Quel est le message essentiel que vous avez tenu à passer aux jeunes joueurs de la « Team BNP Paribas Jeunes Talents » ?
J'ai évoqué plusieurs choses pour répondre à des besoins différents en fonction de leur âge. Les jeunes de 14 ans n'ont sûrement pas retenu les mêmes choses que ceux de 17 ans. Mais ce que je voulais leur dire avant tout est que l'échec est partie intégrante de la réussite. C'est un passage obligé car celui qui gagne à la fin, c'est celui qui a accepté et appris de ses échecs une fois de plus que l'autre. C'est aussi de ne pas se morfondre, ni d'être fataliste vis à vis de l'échec. Ça ne sert à rien de regarder derrière.
A vos yeux, de quoi manque essentiellement cette nouvelle génération ?
Je ne pense pas qu'elle manque de quelque chose en particulier. Elle doit aller chercher son expérience toute seule. J'aurais adoré, étant jeune, pouvoir rencontrer des champions de mon sport ou d'autres sports et qu'ils me racontent par quoi ils sont passés et ce qu'ils auraient pu changer un peu plus tôt. Je n'étais pas là pour leur apprendre le tennis mais plutôt pour leur raconter mon vécu en espérant qu'ils pourront en retirer un petit quelque chose.
Comment expliquez-vous que vous ayez mis autant de temps à vous remettre de votre échec des Jeux de Londres, au point de faire un burn out ?
Je crois que c'est la rareté de l'évènement qui a provoqué ça. Le fait de me dire que j'avais perdu et qu'il fallait que j'attende quatre ans avant de tenter de regagner. Je n'avais pas envisagé de ne pas gagner à ce moment-là et, pour moi, c'était l'échec d'une carrière, une remise en question de toute ma vie. Il a fallu beaucoup de temps pour me relever et repartir sur des objectifs à court terme.
Etes-vous impressionné par ce que réalise Léon Marchand ?
Bien sûr. On parle énormément de lui et c'est normal, mais il y a aussi Maxime Grousset qui est vraiment un superbe champion, avec un titre de champion du monde cet été sur 100 papillon et beaucoup de potentiel sur le 50 et 100 nage libre. Entre Léon et Maxime, on a deux champions qui tirent la natation française vers le haut. Je trouve ça génial, parce que c'est comme ça que les autres arriveront à atteindre le plus haut niveau.