Emmanuel LANGELLIER, Media365 : publié le lundi 25 mai 2020 à 14h58
Lors des Championnats du monde 2007 de judo, Teddy Riner décrochait le premier de ses dix titres mondiaux. Un colosse de 18 ans venait de se révéler à la face du monde entier.
Son palmarès est aujourd'hui plus long que ses deux énormes bras. Le colosse du judo qu'est Teddy Riner a fêté le mois dernier ses 31 ans dans l'attente de pouvoir reprendre la compétition et concourir aux prochains Jeux Olympiques. Cela fait déjà plusieurs années que le judoka français alimente les gazettes et les discussions en raison de ses nombreux exploits. Battu le 9 février dernier au Grand Slam, le tournoi de Paris, le Français demeurait alors sur une invincibilité impressionnante de 154 combats consécutifs. S'il avait engrangé un tel paquet de succès, Riner avait également frappé les mémoires en décrochant dix médailles d'or de champion du monde. Oui, dix ! Rembobinons...
Tout juste sorti de l'adolescence, Teddy Riner était entré de plain-pied dans l'histoire durant l'année 2007. Treize ans déjà eh oui. Avant d'en écrire de nombreuses pages supplémentaires, le Français avait amorcé son livre de comptes planétaires en devenant champion du monde à seulement 18 ans. Un record ! Le Guadeloupéen marquait de son talent et sa force la catégorie des plus de 100 kilos (poids lourds) pour la première fois, le jeudi 13 septembre 2007.
Le judoka français devient champion d'Europe en avril 2007
Le cadre ? Rio de Janeiro, un endroit très cher à son coeur où il décrocherait neuf ans plus tard sa seconde médaille d'or olympique (2016). Riner, champion du monde juniors en 2006, débarquait alors au Brésil sur la lancée d'un titre de Champion d'Europe obtenu en avril. Troisième auparavant à son premier Tournoi de Paris et au Tournoi Super Coupe du monde à Hambourg, le représentant tricolore était devenu le premier médaillé d'or continental issu de l'Hexagone depuis 1994 et David Douillet, son idole. Au lendemain de ses 18 ans, devenant le plus jeune champion d'Europe de l'histoire ainsi que le plus jeune poids lourds médaillé européen.
Pour en arriver là, le judoka français, mastodonte de 2,04 mètres et 130 kilos, s'était illustré avec brio. A Belgrade, en Serbie, il s'était hissé en finale en éjectant Andreas Tölzer, le tenant du titre. D'un mouvement de hanche (haraï goshi) sanctionné d'un waza-ari, il avait fait valser le champion sortant. Il avait ensuite reproduit pareille technique pour prendre le meilleur sur le Géorgien Lasha Gujejiani et rafler son premier titre suprême.
Premier combat et premier succès marquant contre le poids lourd Japonais Inoue
Riner se présentait donc avec une confiance gonflée à bloc à Rio avec un objectif bille en tête : non pas écumer les plages de la célèbre ville brésilienne (ça, ce serait pour plus tard !) mais dominer tous les concurrents du globe pour accéder au couronnement planétaire. Le chemin allait être redoutablement escarpé et semé d'embûches... Mais il semblait paré. « Ce gars-là a une maturité exceptionnelle. Il est en avance sur tout. C'est comme s'il avait été conçu pour ça », confiait David Douillet.
Dès le premier tour des Mondiaux, le tirage au sort lui réserve un opposant de taille. Il ne s'agit ni plus ni moins que du champion olympique et triple champion du monde en moins de 100 kilos, le Japonais Kosei Inoue, nouveau venu dans la catégorie des lourds. Exempté du premier tour lors duquel Inoue a expédié son adversaire en 25 secondes, Riner doit se plier en deux pour se saisir des revers du kimono de l'idole nippone qui lui rend 19 centimètres. Le Français réussit à s'imposer sur un mouvement et une décision arbitrale qui sont pourtant contestés à quelques secondes du terme. Explication : Riner a contré Inoue qui a attaqué le premier et l'a déséquilibré. Le Japonais a donc d'abord été gratifié d'un yuko. Un yuko finalement accordé au Français, déclaré vainqueur du combat grâce à ce point.
Tmemov, un adversaire de taille en finale
Le premier écueil franchi, presque le plus dur en fait même si confirmer est toujours délicat au haut niveau, le jeune athlète tricolore signe par la suite un parcours inégal. Il domine dans les derniers instants le Chinois Wei (2,10 m pour 153 kg). Il gagne par ippon sur Yury Rybak puis au golden score sur l'Allemand Tino Bierau. Le voilà ainsi en finale !
Le titre va se décider face au Russe Tamerlan Tmemov. Encore un sacré client. C'est un double médaillé olympique que Riner défie. Tmemov a pris le bronze chez les lourds à Sydney en 2000 puis l'argent à Athènes quatre ans plus tard. Il est également vice-champion du monde en titre en toutes catégories (médaille d'argent au Caire en 2005). Jamais consacré mondialement, le Russe compte cette fois se hisser au firmament.
Un début de finale difficile et une défaite qui semble se profiler
Passionné de tatamis et déjà reconnu pour sa bonne humeur contagieuse, Riner s'avance dos à l'histoire. A 18 ans, il fait face à un aîné (30 ans) dont l'expérience constitue un sacré atout. Le Français va-t-il supporter la pression inhérente au premier très grand rendez-vous de sa carrière ? L'entame du combat, disputé dans la nuit en France, tend malheureusement à montrer le contraire. Riner est tendu. Et il est pénalisé pour sa passivité. Cela commence bien mal...
Riner fauche Tmemov après trois minutes puis devient champion du monde, le début d'un long palmarès
La sanction agit probablement comme un déclic. Riner entre enfin dans le coup contre son rival un poil dégarni et à la barbe fournie. Le Guadeloupéen prend les devants. Puis il assène un mouvement de hanche à valeur de waza-ari ! Avec ce grand fauchage extérieur réalisé après trois minutes (sur les cinq du combat), Riner est vainqueur ! Il décroche son 1er titre senior alors qu'il est encore quasiment un junior. Le judoka français signe une compétition fracassante et succède à Douillet, décoré dix ans plus tôt.
« Cela signifie que je vais avoir ma photo affichée dans le dojo de l'Insep ! » déclare la nouvelle star du Judo
Bourrée d'énergie mais assez timide, la future très grande vedette française du judo est aux anges. « Cela signifie que je vais avoir ma photo affichée dans le dojo de l'Insep ! Vous ne vous rendez pas compte de ce que cela veut dire de voir sa tête à côté d'autres champions comme David (Douillet) », s'écrie Riner. La France attendait un champion depuis Douillet, elle vient de le dénicher et ne soupçonne pas encore jusqu'où il se dirigera...