Aurélie SACCHELLI, Media365, publié le mercredi 19 mai 2021 à 11h14
Aby Gaye, la pivot internationale de Basket Landes (26 ans), revient pour notre site sur le titre surprise de championne de France remporté samedi à Bourges et sur ses futurs challenges avec l'équipe de France et Sopron.
Aby Gaye, avez-vous réalisé l'exploit que vous avez accompli samedi en devenant championne de France avec Basket Landes ?
Je suis encore sur mon petit nuage et je pense que ce sera le cas jusqu'à ce que je rejoigne l'équipe de France (ce mercredi). Je suis encore à Mont-de-Marsan et je réalise ce qu'on a fait en deux ans avec le club.
Avez-vous pu communier avec vos supporters, qui étaient bien sûr absents lors du Final Four de Bourges ?
On a pu présenter le trophée à nos supporters dimanche directement en rentrant de Bourges. Ils sont venus nous accueillir au gymnase. Il y avait 700-800 personnes venues pour nous, pour partager ce moment. C'était vraiment bien. C'était vraiment frustrant de ne pas avoir pu jouer devant nos supporters, surtout qu'on a un très très bon public ici dans les Landes. Ne pas pouvoir soulever le trophée devant eux et célébrer davantage, c'est vraiment dommage.
Comment expliquez-vous votre réussite lors de ce Final Four, où Basket Landes faisait figure de Petit Poucet face à Bourges, l'ASVEL et Lattes-Montpellier ?
C'est vraiment l'état d'esprit de combativité, de résilience. On avait eu un peu de mal en fin de saison régulière (trois défaites sur les cinq derniers matchs, ndlr), mais on est restées soudées et on a su trouver la force nécessaire pour se relever de ce moment-là. Ça nous a vraiment donné de la force pour ces play-offs, car on savait de quoi on était capables et on savait de là où on venait. Et puis, surtout, personne ne nous attendait, on n'avait pas cette pression qu'avaient les grands clubs. On y croyait. On est des joueuses professionnelles, comme celles qui sont en face de nous. On avait moins de budget, c'est sûr, des bancs un peu moins larges. Mais on avait la même motivation, voire plus.
Que répondez-vous à ceux qui estiment que vous avez été sacrées grâce à la formule "covid", avec des demies et une finale sur un match, et non sur une série comme en temps normal ?
Ce qu'on répond, c'est qu'on a gagné contre toutes les équipes présentes au Final Four en saison régulière, au moins une fois. On n'a pas volé cette victoire. On avait le niveau pour les jouer et pour les battre. Mais on peut aussi dire l'inverse et se demander pourquoi elles n'ont pas gagné ce match-là si elles sont supérieures comme elles le prétendent. Donc c'est vraiment un faux débat. Après, je comprends que le débat puisse être posé, car cette formule-là, depuis le début, n'arrangeait pas les gros clubs, comme Bourges, car toute leur saison se joue sur un match, et si elles perdent... Nous, on n'avait pas cette pression-là, donc si on perdait c'était « logique » et si on gagnait c'était formidable. On n'est pas arrivées là par hasard, on a quand même fini troisième du championnat, devant Lattes-Montpellier notamment. On avait des choses à revendiquer. Et sur le CV, ce sera juste écrit « championne de France avec Basket Landes », ce ne sera pas précisé si c'était en une manche ou deux (sourires).
Gaye : "C'était vraiment une belle opportunité et il fallait la saisir"
Vous aviez déjà été sacrée championne de France en 2017 avec Villeneuve d'Ascq, les deux titres sont-ils comparables ?
C'est vraiment différent. Je suis à un autre stade de ma carrière aujourd'hui. Après, l'émotion est la même. Mais au vu de la saison qu'on a passée... J'avais vécu aussi une saison très difficile à Villeneuve d'Ascq avant d'avoir ce titre-là. La leçon, c'est que rien ne s'obtient dans la facilité. Le fait d'avoir eu des épisodes difficiles dans la saison avec l'équipe, ça nous a soudées pour le mois le plus important. On est arrivées sur le Final Four en étant prêtes physiquement et mentalement. On s'entraîne depuis juillet dernier. On n'a pas vraiment eu de coupure parce qu'avec le covid, le club a tenu à nous maintenir en forme. C'est vraiment le travail de presque une année pour arriver à ce titre-là.
Beaucoup de joueuses de Basket Landes vont quitter le club cet été, c'était "le moment ou jamais" pour gagner ?
Je ne sais pas où ira le club, mais c'était vraiment une belle opportunité et il fallait la saisir. On a été en mesure de comprendre l'enjeu de cette année, la formule plutôt particulière qui permet plus d'ouverture pour l'accession au titre. On s'est dit : « allez les filles, faut qu'on donne tout ».
Le club, qui a découvert l'Euroligue cette saison, va-t-il changer de dimension ?
Bien sûr. Basket Landes a toujours été vu comme un club famille, qui se maintenait ou finissait en milieu de tableau, Top 4. Aujourd'hui, ça va être une équipe redoutée et respectée davantage que par le passé, c'est sûr.
Dans la foulée du titre de samedi, on a appris que vous alliez rejoindre Sopron, champion de Hongrie et quatrième de l'Euroligue, la saison prochaine. Pour quelle raison ?
En fait, on a joué Sopron cette année à deux reprises. Et j'ai reçu une offre de ce club fin février, très peu de temps avant que ma clause de sortie se termine avec Basket Landes. C'est une équipe du Top 4 européen depuis plusieurs années et qui évolue clairement à un autre niveau. C'est aussi pour ça que j'ai voulu aller tenter le challenge, car je voulais sortir de ma bulle de confort et grandir en tant que joueuse.
Avant Sopron, il y a deux rendez-vous importants avec l'équipe de France, l'Euro et les JO. Vous faites partie des 14 joueuses retenues pour préparer l'Euro, quel sera l'objectif ?
La Fédération a autant d'ambitions sur les Jeux Olympiques que sur le championnat d'Europe. A titre personnel, je veux vraiment viser les deux, les deux ont la même importance. Si je peux participer à au moins une de ces deux compétitions-là, je serai très contente et honorée. Je vais me battre pour obtenir ma place. Pour l'Euro ou pour les Jeux, peu importe. La Fédération a vraiment la volonté d'aller chercher une médaille dans chacune de ces deux compétitions. On a le potentiel pour le faire.
Et en plus il y a aura du public (3600 personnes) à Strasbourg pendant l'Euro !
Jouer pour l'équipe de France, en France, sans public, ce serait vraiment horrible. Je suis bien contente qu'on puisse de nouveau avoir du public.