Thomas Siniecki, Media365 : publié le jeudi 27 avril 2023 à 20h31
Les nouveaux petits prodiges du tennis de table français - dans le jeu et les résultats, mais aussi dans la maturité du discours - ont conscience qu'ils sont de véritables poils à gratter pour leurs homologues chinois, habitués à tout écraser.
Jusqu'où peuvent aller les frères Alexis et Félix Lebrun, respectivement 19 et seize ans ? "Ce sont des gens exceptionnels qui ne sont ni comme vous, ni comme moi", résume (pour Eurosport) Gilles Erb, le président de la Fédération Française de Tennis de Table qui estime aussi apprendre avec eux en toute humilité : "On essaie de comprendre comment ça marche. Ils ont une autre sensibilité, une autre façon de penser. C'est précisément pour ça qu'ils sont champions. Il faut se garder d'appliquer des grands poncifs ou d'avoir des objectifs pour eux." Alexis, qui vient de défrayer la chronique en s'offrant le n°1 mondial chinois la semaine dernière à Macao, n'a "jamais trop eu de complexe vis-à-vis d'eux, ils ont deux bras et deux jambes".
Erb : "Comme si Federer tombait contre un gamin de 19 ans qui n'était personne il y a un an"
"On a un jeu atypique pour eux, renchérit Félix, encore adolescent. En Asie, on ne joue pas trop comme nous. On les gêne, et notre but c'est de les gêner encore." Jusqu'à Paris 2024 ? La patron de la FFTT évoque "une forme de liberté qui pose problème à des Chinois qui jouent d'une manière carrée et stéréotypée". Il rappelle aussi l'exploit réussi par Alexis Lebrun face à Fan Zhendoung, en utilisant une image pour le moins parlante : "C'est comme si Roger Federer, au temps de sa domination outrageuse, tombait contre un gamin de 19 ans qui n'était personne il y a un an."
Le DTN Jean-Nicolas Barrelier confirme n'avoir jamais vu une progression aussi fulgurante dans le milieu du tennis de table français : "On ne pensait même pas que c'était envisageable. Je ne sais plus quoi penser avec eux." De là à imaginer ne serait-ce qu'une médaille olympique dans un peu plus d'un an à domicile, le fossé est encore immense : seules quatre des 21 breloques ont été remportées par des Européens depuis Atlanta en 1996, et aucune en or - le reste étant pour des joueurs asiatiques. Mais en vue de Los Angeles 2028, et même des dix ou quinze prochaines années...