JO 2012 : Les Experts parachèvent leur œuvre

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Thomas Siniecki, Media365 : publié le mardi 03 août 2021 à 23h41

La France, à Londres, est devenue en 2012 la première nation de l'histoire à conserver son titre olympique (si on excepte l'URSS en 1988, puis la Russie en 1992). Retour sur une édition et surtout une équipe d'exception.

Quand les Experts débarquent à Londres, ils marchent sur la planète comme personne ne l'avait encore jamais fait : champions olympiques, ils sont aussi doubles champions du monde en titre, rien que ça. Leur seul accroc, qui s'avèrera finalement salvateur, est arrivé six mois plus tôt, au Championnat d'Europe conclu sur une élimination au second tour - alors que les Bleus détenaient aussi ce titre continental. Les hommes de Claude Onesta se rassurent d'abord, sans trop de surprise, en humiliant la Grande-Bretagne (15-44) pour leur entrée en lice puis en disposant de l'Argentine (32-20) et de la Tunisie (25-19). Assurés de la qualification en quarts de finale, ils subissent néanmoins une nouvelle piqûre de rappel lors du quatrième match.

Contre l'Islande, leur adversaire lors de la finale olympique en 2008 à Pékin, les Français s'inclinent ainsi d'un but (29-30) malgré neuf réalisations de Jérôme Fernandez. Ils évitent toutefois l'affront d'une troisième place du groupe en disposant de la Suède (29-26) pour aller chercher la deuxième position qui leur offre l'Espagne en quarts de finale. Cette Roja qui avait battu Didier Dinart et sa troupe en ouverture de l'Euro précédent... La revanche sera épique : menés 12-9 à la pause dans ce "combat de taureaux", annoncé avant le match par Onesta lui-même, les Bleus soufflent la victoire à la dernière seconde (25-24) grâce à William Accambray, que le sélectionneur venait d'intégrer au groupe en remplacement de Guillaume Joli.

Guigou : "Peut-être qu'on a fait un match plus crispé. Mais on peut être très fiers"

"C'est mon premier match aux Jeux et on se qualifie pour une demi-finale, c'est génial, se délecte le héros. Quand on m'a demandé d'aller m'échauffer, j'ai eu un ascenseur émotionnel. Je me suis dit : 'Tu rentres et tu défonces tout.'" Arpad Sterbik, le légendaire gardien, s'en souvient encore. En demies, la partie est nettement mieux maîtrisée par l'équipe de France, pourtant face à la grande Croatie d'Ivano Balic. Ce dernier dira à la fin du match à Onesta que sa formation est la meilleure de tous les temps... Les Bleus s'imposent 25-22 grâce à une marque impeccablement répartie, Luc Abalo, Samuel Honrubia et à nouveau Accambray terminent tous les trois meilleurs buteurs à quatre unités chacun. C'est donc l'heure de la grande finale.

Face à la Suède, déjà battue lors du dernier match de poule, on n'assiste pas à la même promenade de santé que contre l'Islande quatre ans auparavant. Tenant néanmoins le score à peu près du début à la fin, à l'image de la demie contre la Croatie, mais en beaucoup plus étouffant, Thierry Omeyer (meilleur gardien des Jeux), Nikola Karabatic (meilleur demi-centre) et consorts explosent après la victoire d'un tout petit but (22-21). "Peut-être que la Suède avait plus faim que l'Islande, peut-être qu'on a fait un match plus crispé qu'il y a quatre ans, concède Michaël Guigou, meilleur buteur de la finale avec cinq réalisations. Mais on n'avait pas envie de rater cette superbe opportunité. On peut être très fiers de nous."

"Ça fait du bien d'être arrivé au bout de cette compétition", profite également Onesta, au sommet de son art à 55 ans. "On sait d'où on vient. On sait qu'il a fallu s'accrocher. Il suffit de voir la joie des joueurs malgré tout ce qu'ils ont déjà gagné. Avoir gardé la Suède à un ou deux buts pendant tout le match, sans s'être affolés et sans avoir craqué, ça montre notre maîtrise et notre expérience. Ça nous a permis de gagner ce match, sûrement pas de manière brillante, mais au final, on cherche juste à aller gagner. Dans 20 ans, on regardera ce qu'il y a inscrit au palmarès et il y aura France, personne ne saura si on a gagné de beaucoup ou de pas beaucoup." Neuf années plus tard, il faut bien admettre que c'est déjà un peu le cas...

Tout à leur joie sans retenue, les handballeurs iront littéralement retourner un plateau TV, ce qui en fera rire certains et pleurer d'autres. "Ce qui pourrait être quelque chose de déplacé, ou peut-être excessif, est en train de devenir un fait majeur de société, déplore Onesta. On a l'impression que c'est devenu une agression contre la liberté de la presse." Que le grand manitou se rassure : très vite, c'est effectivement l'incroyable palmarès et les résultats de ses joueurs qui accaparent exclusivement - et à forte raison - les attentions des supporters français. Si le Mondial 2013 sera un échec (sixième place) avant le retour de la gloire, c'est bien une dynastie phénoménale qui s'est achevée à Londres. Et dont certains, comme Nikola Karabatic, Guigou ou Abalo, sont toujours d'immortels témoins à Tokyo.

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