JO 1960 : Cassius Clay, les débuts de la légende

JO 1960 : Cassius Clay, les débuts de la légende©Media365

Paul Rouget, Media365 : publié le vendredi 18 juin 2021 à 16h24

En 1960, Cassius Clay (18 ans), qui ne s'appelait pas encore Mohamed Ali, avait remporté le titre des mi-lourds aux Jeux olympiques de Rome, commençant à écrire sa légende.



En 1960, Rome accueille pour la première fois les Jeux olympiques. La capitale italienne aura déjà dû être la ville hôte des JO en 1908, mais l'irruption du Vésuve deux ans plus tôt l'en avait empêchée. Et un jeune boxeur américain de 18 ans va faire sensation dans la ville éternelle. Il s'appelle Cassius Clay et pas encore Mohamed Ali, un nom qu'il adoptera quatre ans plus tard. Avec 100 victoires en 108 combats, le natif de Louisville (Kentucky) vient notamment de remporter à deux reprises les Gants d'or, ainsi que le titre de l'Union nationale du sport amateur.

Effrayé par l'avion

"L'innocence est le mot juste. C'est le moment où le monde le découvrait pour la première fois. Après, tout allait devenir à la fois plus amusant et compliqué", confie au site des JO Jonathan Eig, auteur de la biographie « Ali: A Life ». Mais le voyage en Italie n'est pas de tout repos. Effrayé par l'avion, Clay va même jusqu'à demander à l'US Air Force le nombre d'accidents qu'il y a eu sur le trajet entre les Etats-Unis et Rome. Et si on lui assure qu'on ne souvient même pas s'il y a déjà eu un crash, il n'est pas vraiment rassuré.

Selon certaines rumeurs, il aurait même emporté avec lui dans l'avion un parachute acheté dans un magasin de surplus militaire ! D'après son coéquipier Nikos Spanakos, cité dans le livre de David Maraniss, « Rome 1960: The Olympics That Changed the World », ce n'était pas le cas, mais Clay aurait hurlé pendant tout le voyage, et parlé en permanence pour se rassurer. Un côté bavard qu'il va de nouveau montrer au village olympique, où le jeune homme n'est pas vraiment passé inaperçu.

Le maire du village olympique

Personnage charismatique, il parle à tout le monde, et tout le temps. A tel point que les autres athlètes vont même jusqu'à le surnommer « le maire du village olympique ». Mais pour son coéquipier de l'équipe américaine Humberto Barrera, Cassius Clay, qui n'est pas encore une star, ne fait pas l'unanimité. "Il faut être fou pour parler comme ça tout le temps et ne jamais s'arrêter, confiait-il au Corpus Christi Caller-Times. Ça lasse. Si vous l'entendez une ou deux fois par jour ça va, mais si c'est toute la journée..."

Mais il y a une constante dans son discours : "A chaque fois qu'il croisait quelqu'un, il disait qu'il allait remporter la médaille d'or. Et quand il l'a fait, il n'arrêtait pas de répéter : « Je vous l'avais dit, je vous l'avais dit ! »" Et effectivement, il l'a fait. Opposé pour ses débuts au Belge Yvon Becaus, il n'en fait qu'une bouchée, s'imposant par arrêt de l'arbitre à la deuxième reprise. En quart de finale, il affiche 15 centimètres de plus que son adversaire, le Russe Gennady Shatkov, vainqueur de l'or olympique quatre ans plus tôt chez les moyens.

"Les JO ont fait de lui une star"

Il s'impose largement à la décision (5-0), comme lors de la demi-finale face à l'Australien Tony Madigan. En finale, le Polonais Zbigniew Pietrzykowski, en bronze en 1956, ne lui pose pas plus de problème (5-0). "Il était plus jeune que ses adversaires et moins expérimenté. Ce qui l'a réellement porté, c'est son incroyable vitesse, et même s'il ne semblait pas cogner fort, c'était tout de même une force de la nature et ses poings touchaient leur cible avec beaucoup plus de force qu'il n'y paraissait", confie encore Jonathan Eig.

Cassius Clay va alors parader avec sa médaille d'or, qui ne le quittera plus... jusqu'à son retour aux Etats-Unis. Et la légende dit qu'il aurait jeté sa breloque de rage après son retour à Louisville. Car après avoir été accueilli en héros dans sa ville, il s'était vu refuser l'entrée dans un restaurant interdit aux noirs. D'après ses biographes, le futur champion du monde des lourds aurait en fait perdu cette médaille, qu'il s'est finalement fait restituer lors des Jeux olympiques d'Atlanta, en 1996. Il était alors devenu une véritable légende du noble art, et l'un des plus grands boxeurs de l'histoire. "Les Jeux Olympiques l'ont lancé, ont fait de lui une star, lui ont donné un avant-goût du titre mondial des poids lourds, poursuit Eig. Et en 1996, lorsqu'il a allumé la vasque olympique, cela a été l'un des temps forts de sa vie, l'occasion de se repencher sur cette gloire olympique, laquelle l'a vraiment rendu célèbre."

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