Jeux Olympiques 2004 : La splendide délivrance pour Hicham El Guerrouj

Jeux Olympiques 2004 : La splendide délivrance pour Hicham El Guerrouj©Panoramic, Media365

Emmanuel LANGELLIER, Media365 : publié le jeudi 30 avril 2020 à 14h34

Après avoir raté le coche à deux reprises, Hicham El Guerrouj était enfin sacré Champion olympique aux Jeux d'Athènes en 2004. Le Marocain brisait la malédiction en faisant coup double sur le 1500 et le 5000 mètres.



C'est l'histoire d'un type qui gagnait tout. Sauf les Jeux Olympiques. Athlète apprécié de tous, Hicham El Guerrouj était maudit tous les quatre ans et ratait l'or, seule breloque manquante à son impressionant tableau de chasse. En huit ans, de 1996 à 2003, le spécialiste des courses de fond et de demi-fond n'avait subi que trois petites défaites, dont deux en finales des JO 1996 et 2000. Alors, quand il a enfin triomphé en 2004 à Athènes, le monde entier était enchanté comme rarement. D'autant qu'il faisait main basse coup sur coup sur deux médailles suprêmes (1 500 mètres et 5 000 mètres) ! Après tant d'attente, le soulagement était incroyablement royal pour le Marocain.

« J'ai gagné deux médailles d'or en une semaine. Après être tombé à Atlanta, après avoir perdu à Sydney... Cela a été difficile de se remotiver pour quatre ans, je n'avais plus envie de courir. Aujourd'hui, je voulais vraiment gagner. Je dis "le Bon Dieu il fait les bonnes choses au bon moment". Là, je gagne comme Paavo Nurmi, c'est fabuleux. Je pleure aujourd'hui de bonheur ». Ce 28 août 2004, dans le berceau de l'Olympisme, El Guerrouj s'adjuge le 5000 mètres des JO d'Athènes et réalise un fabuleux doublé après avoir brisé la malédiction sur le 1 500 m, quatre jours auparavant. Il rejoint le Finlandais Paavo Nurmi, seul autre auteur de pareille performance aux Jeux de Paris en 1924. Il entre dans la légende après s'être cru définitivement maudit.

87 courses et seulement 3 défaites

Athlète souriant au fair-play incontestable, El Guerrouj était le maître incontesté du 1500 mètres. Dès les premiers tours de piste, il imprimait un train rapide avec l'aide de lièvres. A la mi-course, il s'emparait seul de la tête en lançant un sprint ravageur aux 800 mètres et n'avait ensuite plus qu'à contrôler avant de franchir la ligne d'arrivée les bras levés. Le Marocain était le « Roi du Mile ». Il raflait toutes les médailles d'or des Championnats du Monde de 1997 à 2003, s'adjugeant même le 14 juillet 1998 le record du monde, détenu alors par l'Algérien Nourredine Morceli, avec un temps de 3'26''00.

En 87 courses disputées sur 1500 m et sur le mile (1609 mètres), l'enfant de Berkane n'en avait perdu que trois. Dont deux en finale des Jeux Olympiques où son palmarès demeurait désespérément vierge de tout or. Etoile montante du demi-fond, El Guerrouj était tombé en 1996 à Atlanta après un accrochage avec Morceli, futur lauréat, et avait terminé bon dernier. Favori quatre ans plus tard à Sydney, le Marocain avait été devancé à la surprise générale par le Kenyan Noah Ngeny au terme d'un sprint final magnifique.

Face-à-face tendu et superbe avec Lagat

En 2004, El Guerrouj était encore attendu au tournant. Allait-il enfin vaincre la malédiction et briser cette lourde épée de Damoclès pesant au-dessus de sa tête ? Son début de saison est pourtant mitigé et l'inquiétude prévaut alors qu'il est embarrassé par plusieurs allergies. Huitième au meeting de Rome après 29 victoires consécutives depuis la finale des JO 2000, il s'incline encore au meeting de Zurich, dernière répétition avant Athènes, battu au sprint par le Kenyan Bernard Lagat, naturalisé américain. Les deux rivaux vont se retrouver pour le titre à Athènes.

En Grèce, le 24 août, El Guerrouj et Lagat sont au rendez-vous, aux avant-postes à l'amorce des derniers 200 mètres. Le face-à-face est tendu et superbe. Quand le Marocain passe légèrement devant, son concurrent rétorque aussitôt. A mi-ligne droite, Lagat est en tête mais El Guerrouj résiste, effectue un effort providentiel et imprime un puissant coup de rein. Le coureur au maillot vert franchit la ligne d'arrivée en tête. Sur le fil, il décroche enfin l'or avec 12 centièmes d'avance (3'34''18).

Sa première médaille d'or aux JO...

« Hicham El Guerrouj l'a fait au bout d'une course absolument inoubliable ! Quel bonheur qu'il soit enfin récompensé ! », s'époumone Patrick Montel aux commentaires sur France 2. Très « sport », les Kenyans viennent féliciter le nouveau Champion olympique, agenouillé sur la piste grecque, qui bascule ensuite au sol sur le dos, et s'effondre en larmes. Il a enfin vaincu le signe indien. Il danse, drapeau marocain sur le dos, et s'en va savourer son bonheur en enlaçant sa femme et leur petite fille dans les tribunes.

...Et la deuxième sur le 5000 mètres masculin des Jeux Olympiques d'été d'Athènes 2004

Quatre jours après, le meilleur athlète marocain de tous les temps va remettre ça sur le 5000 mètres. Confronté à l'Ethiopien Kenesisa Bekele, vainqueur du 10 000 mètres, et au Kenyan Eliud Kipchoge, El Guerrouj court la finale tout en contrôle. Il passe une grande partie de l'épreuve dans le peloton et réagit rapidement à l'effort de Bekele à un demi-tour de l'arrivée. Il rejoint Bekele, le dépasse à 50 mètres de la ligne et fait parler sa pointe de vitesse dans le final. Il l'emporte de deux dixièmes en 13'14''39. Les yeux écarquillés, le Marocain embrasse ses jambes et mime un « deux » avec ses doigts. Le voilà paré de deux médailles d'or et entré pour l'éternité au panthéon du sport mondial.

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