Emmanuel LANGELLIER, Media365 : publié le jeudi 29 décembre 2022 à 20h30
Probablement le meilleur joueur de tous les temps, Pelé a marqué l'histoire du football par son talent prodigieux, sa précocité et ses statistiques à donner le tournis. Surnommé « le roi Pelé », le Brésilien, décédé ce jeudi à 82 ans, reste le seul à avoir remporté trois Coupes du monde.
Le 23 octobre dernier, le monde du sport a célébré les 82 ans d'une de ses légendes. Ceux d'Edson Arantes do Nascimento, dit Pelé, décédé ce jeudi. Un nom qui résonne dans toutes les têtes, que l'on soit fan de ballon rond ou très éloigné de toute considération sphérique. Pelé, « le roi Pelé » même, comme il a été surnommé. Il parle à tout le monde, toutes époques confondues, symbolisant l'universalité du football, grâce à ses performances exceptionnelles. Un génie brésilien, le seul joueur à avoir soulevé la Coupe du monde trois fois, dont la première à 17 ans. Pelé, l'homme aux 1000 buts.
Un nombre de buts époustouflant
Une marque mythique qu'il a même allègrement dépassée. Rendez-vous compte de son bilan qui donne le tournis, y compris aujourd'hui pour des cadors comme Lionel Messi et Cristiano Ronaldo qui enfilent les buts comme des perles, même si évidemment ce sont deux époques bien distinctes : 1281 buts. Un total atteint officieusement en... 1363 matchs ! Phénomène aux qualités physiques et techniques hors du commun, Pelé martyrisait les équipes adverses et marquait donc quasiment un but par match.
Pelé réalisait les gestes les plus compliqués techniquement avec une aisance désarmante
Plus jeune joueur à avoir marqué dans un Mondial, Pelé, c'est une carrière constellée de titres et de records. S'il est l'unique joueur à pouvoir se targuer d'avoir remporté la Coupe du monde à trois reprises, le Brésilien demeure l'un des quatre éléments à avoir inscrit trois buts en finale du Mondial avec l'Anglais Geoffrey Hurst, son compatriote Vava et le Français Zinedine Zidane et l'un des quatre à l'avoir fait sur deux finales suprêmes (avec Vava, Zidane et Paul Breitner). Il fait également partie des 4 à avoir fait trembler les filets dans quatre éditions suprêmes avec les Allemands Uwe Seeler et Miroslav Klose, et le Portugais Cristiano Ronaldo.
Pelé sur un terrain, c'était un profil robuste de 1,73 m, doté de capacités sensationnelles. Il réalisait les gestes les plus compliqués techniquement avec une aisance désarmante. Capable de marquer dans toutes les positions, il pouvait partir de son camp et aller jusqu'au bout comme s'envoler très haut pour signer des reprises acrobatiques des pieds, mais aussi de la tête. Doté d'une incroyable détente verticale, il avait ainsi frappé les esprits par un but superbe en finale de la Coupe du monde 1970.
Magistral grand pont face au gardien uruguayen
L'élément offensif a forgé sa légende par d'autres gestes inoubliables. Citons-en simplement quelques-uns. Ses deux buts en finale du Mondial 1958 contre la Suède, déjà. Agé de seulement 17 ans, le joueur au numéro 10 avait d'abord effectué un coup du sombrero en passant le ballon au-dessus du dernier défenseur scandinave avant de délivrer une volée gagnante. Il avait ensuite marqué sur une tête amortie qui avait atterri dans la lucarne. Le 5 mars 1961, Pelé avait signé le plus beau but de l'histoire du mythique stade Maracana à Rio de Janeiro au terme d'une folle chevauchée de 70 mètres. Il avait faussé compagnie à sept adversaires avant de tromper le gardien de Fluminense d'une frappe à contre-pied.
Et, outre sa réalisation magistrale de la tête en finale - « J'ai ressenti quelque chose de spécial après ce but, parce que j'ai marqué de la tête. Mon père, qui était joueur lui aussi, a marqué une fois cinq buts de la tête dans le même match. C'est un record que je n'ai jamais pu battre », dira-t-il - Pelé avait traversé la Coupe du monde 1970 par trois autres actions de classe, dont deux n'avaient malheureusement pas abouti à des buts. Il avait échoué d'un rien à inscrire un pion d'anthologie sur un lob tenté de cinquante mètres contre la Tchécoslovaquie au premier tour. En demies face à l'Uruguay, son magistral grand pont avait éliminé le portier adverse mais Pelé avait ensuite trop croisé son tir. Enfin, il s'était signalé par une passe aveugle splendide dans le dos de la défense italienne pour Carlos Alberto, son capitaine de la Seleçao, en finale.
Un seul club en 18 ans : Santos
L'attaquant a marqué les consciences grâce à ses performances magiques à la Coupe du monde car il n'a jamais joué en Europe et il n'y avait évidemment pas la Ligue des Champions, la reine des compétitions que l'on connait aujourd'hui. Pourtant courtisé par les plus grosses écuries européennes, Pelé avait été retenu au pays. Fait rarissime à notre époque : Pelé n'avait connu qu'un seul club en dix-huit ans avant de terminer aux Cosmos de New York (1974-1977) : Santos, de 1956 à 1974.
Santos, équipe au maillot blanc immaculé, qu'il avait rejoint en s'entraînant vite avec les professionnels à seulement 16 ans. Elevé dans une famille pauvre, ce fils d'ancien footeux blessé au genou avait commencé à exercer ses talents à Baquinho, équipe de jeunes du Bauru AC, avant d'être repéré par Waldemar de Brito, ancien international brésilien des années 1930, et d'atterrir à Santos. Le tout, après une négociation serrée avec la maman. Puis celui qui était appelé « Dico », avant de devenir Pelé suite au surnom « Belé » donné par les gamins de son âge, débutait le 7 septembre 1956 en amical contre le Corinthians et marquait, déjà. Le début d'une irrésistible ascension.
Plus jeune buteur de la Coupe du monde à l'âge de 17 ans et 239 jours, la "naissance d'une légende"
Pelé s'installait dans l'équipe en 1957 et ne tardait pas à être appelé en sélection, à même pas 17 ans. Le 7 juillet 1957, il affrontait l'Argentine lors de la Copa Roca et trompait la vigilance du gardien adverse. Rebelote trois jours plus tard après avoir été cette fois titularisé. Sacré meilleur buteur du championnat de l'Etat de Sao Paulo, le prodige gagnait sa place pour la Coupe du monde 1958 où sa fougue et son talent éclataient à la face de la planète. Buteur contre le pays de Galles à 17 ans et 239 jours mais aussi passeur d'exception après avoir été blessé au début de l'épreuve, le numéro 10 éblouissait la compétition de sa classe et décrochait son premier couronnement en signant un doublé en finale contre la Suède (5-2). Au total : 6 buts lors des trois matchs de phase finale, deuxième meilleur réalisateur derrière les 13 du Français Just Fontaine. En pleurs, il devenait le nouveau Roi du football.
Surprenant ses adversaires par ses capacités très au-dessus du lot et ses gestes innovants, le créateur et le finisseur d'anthologie allait régner sur le monde du ballon rond, faire rêver des générations de footballeurs, de spectateurs puis de téléspectateurs, durant de nombreuses années. Gonflant ses statistiques pour les porter à un niveau monumental, Pelé, devenu populaire et collaborant notamment avec l'UNESCO pour aider les enfants en difficulté, marquait son 1000eme but dans un Maracana en folie, en 1969. Vainqueur de deux Copas Libertadores, de deux Coupes Intercontinentales en 1962 et 1963, et de onze championnats de Sao Paulo, Pelé allait inscrire 6 quintuplés, 30 quadruplés et 92 triplés. En 1964 contre Botafogo, il en passait même 8 !
L'apogée au Mondial 1970 avec un but en finale
Pelé, noir de peau et qui avait été l'un des premiers à faire la couverture du célèbre magazine « Life », achevait sa monumentale carrière avec, donc, trois étoiles sur le maillot auriverde. En quatre participations. La seule qu'il n'a pas remportée, il n'avait pu la terminer, victime de l'agression du Portugais Joao Morais au premier tour en 1966. Pour stopper ce joueur inarrêtable, ses rivaux ne pouvaient le faire que de manière irrégulière. Des actes rarement sanctionnés par les arbitres. Autre temps... Pelé vivait son apogée lors de la Coupe du monde 1970 au Mexique, retransmise en couleurs à la TV et probablement la plus belle de l'histoire. Flamboyante avec Tostao, Jairzinho, Gerson, Rivelino et Carlos Alberto, la Seleçao y remportait tous ses matchs et concluait par un chef d'œuvre aux dépens de l'Italie (4-1). D'une tête détonante, Pelé avait ouvert la marque à la 18eme minute.
Il achevait sa carrière internationale à 31 ans avec 77 buts en 92 matchs après une dernière sortie contre la Yougoslavie, le 18 juillet 1971 devant 140 000 chanceux émus. Pelé, qui avait dû rechausser les crampons aux Etats-Unis en raison d'énormes dettes accumulées, demeure toujours à ce jour le meilleur buteur au maillot jaune devant Ronaldo et Neymar. Définitivement retraité en 1977, le joueur d'exception se retirait en larmes, porté en triomphe par ses équipiers à l'issue d'une rencontre d'adieu entre les Cosmos et Santos devant 75 000 spectateurs au Giants Stadium de New York.
Ballon d'or d'honneur, il continue de suivre le foot et rencontre Mbappé
Victime de soucis de santé ces dernières années, le Roi Pelé, qui a reçu un Ballon d'Or d'honneur en 2014 (il était inéligible à son époque de joueur, sans quoi il en aurait sans doute amassé une sacrée collection !), continuait de suivre le football après avoir été ministre des Sports, ambassadeur pour l'ONU et l'UNESCO, mais aussi acteur et producteur. Il restait une voix très écoutée, tandis que son impact sur l'histoire du ballon rond sera éternel. Il est très souvent présenté comme le meilleur joueur de tous les temps. En 2019, par l'intermédiaire d'un sponsor commun, la légende brésilienne devenue homme d'affaires avait réussi à rencontrer Kylian Mbappé qu'il avait adoubé durant la Coupe du monde 2018.