Portrait : Parker, la France chevillée au corps

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Thomas Siniecki, Media365 : publié le vendredi 02 septembre 2022 à 23h35

Au moment où les Bleus galèrent pour leur entrée à l'Euro, battus jeudi assez largement par l'Allemagne (76-63), c'est l'occasion de se replonger dans l'époque pas si lointaine où Tony Parker portait son équipe de France.

On connaît Tony Parker le quadruple champion NBA avec les Spurs de San Antonio, peut-être le meilleur joueur européen de l'histoire de la ligue américaine - devenu depuis dirigeant à succès avec l'ASVEL. Mais là où "TP", dans le même temps, a su imposer définitivement sa popularité en France, c'est par son indéfectible attachement aux Bleus. Une histoire longue de plus de quinze ans, débutée en 2000 avec un titre de champion d'Europe juniors en Croatie, contre le pays hôte en finale. Ses camarades Boris Diaw, Mickaël Pietrus, Ronny Turiaf et Yakhouba Diawara l'accompagnent déjà dans le cinq majeur. Cinq ans plus tard, il est le meilleur marqueur du terrible France - Grèce perdu en demi-finales de l'Euro 2005 (67-66, 20 points pour Tony Parker), alors que les Bleus mènent de sept points à moins d'une minute de la fin...

Mais les joueurs de Claude Bergeaud parviennent tout de même à aller chercher la médaille de bronze, ce qui qualifie l'équipe pour le Mondial pour la première fois depuis 20 ans. Forfait de dernière minute, "TP" est au sommet de sa gloire (MVP des finales NBA deux ans plus tôt, en 2007) lorsqu'il décide d'emmener l'obscure campagne de qualification pour l'Euro 2009 au coeur de l'été, qui doit s'enchaîner avec la phase finale. Une dernière victoire face à la Belgique, son pays de naissance, valide le billet pour l'équipe désormais dirigée par Vincent Collet. "On revient de loin. On savait que ce serait le plus dur et on peut commencer à rêver. Ces matchs, ces hauts et ces bas vont nous servir." La cinquième place finale permet de se qualifier pour le Mondial puis l'Euro. Il manquera le premier, pas très bien situé entre deux JO, pas le deuxième.

"Même si on perd, au moins qu'on joue avec notre fierté"

Cet Euro 2011, qui sera la seule compétition disputée en bleu par Joakim Noah, marque aussi le début de la grande rivalité avec l'Espagne. La Roja est trop forte, mais les Français ne butent qu'en finale face à leur nouveau meilleur ennemi (98-85). Tony Parker est le meilleur marqueur du tournoi avec 22,1 points de moyenne, meilleur meneur aussi. Surtout, les Bleus se qualifient ainsi pour les Jeux de Londres, une première depuis la médaille d'argent en 2000. "On sera de retour bientôt, promet le patron, alors âgé de 29 ans. Eux, ça fait six ou sept ans qu'ils jouent ensemble, nous seulement deux ans. Mais on a créé un bon groupe et on sera bien pour l'avenir." Le plus proche sera donc pour les Jeux, que Tony Parker est tout près de manquer à cause de débris de verre reçus dans l'oeil en boîte de nuit, lors d'une altercation entre les rappeurs Drake et Chris Brown.

Finalement présent avec des lunettes de protection, il ne peut éviter une nouvelle défaite cuisante contre l'Espagne en quarts de finale (66-59), un match marqué par un pugilat en fin de rencontre à la suite d'un mauvais coup de Batum sur Juan Carlos Navarro. Tony Parker s'en veut personnellement : "On avait le match en main. Personnellement, je n'ai pas mis les tirs qu'il fallait pour aider mon équipe à gagner. Je suis très, très déçu, très frustré." De quoi nourrir le terreau nécessaire pour aboutir au monument de sa carrière en sélection : l'Euro 2013, son seul titre international, marqué bien sûr par cette inoubliable victoire contre l'Espagne en demi-finales (75-72). "TP" inscrit 32 points alors que les siens sont menés de quatorze longueurs à la mi-temps, ce qui provoque son fameux discours au vestiaire à la pause, passé à la postérité.

"Je parle de la défense. Là, on ne joue pas physique. Ils nous dominent car ils nous prennent pour de la merde, ça se voit sur leurs visages. Même si on perd, au moins qu'on joue avec notre fierté, qu'on joue dur. Si on perd, c'est la vie. Mais je préfère perdre en me battant, pas comme ça ! On n'a plus rien à perdre, let's go !" A l'unisson derrière son leader, les yeux exorbités, l'équipe de France est transfigurée et réussit l'un des plus grands matchs de son histoire - si ce n'est le plus grand. Le titre de champion d'Europe vient achever la mission, ce qui n'est jamais la chose la plus simple après un tel exploit. "C'est génial, c'est différent d'un titre NBA car là, tu joues pour toute la nation. Ce titre est pour tout le monde, ces dix ans avec l'équipe de France ont été énormes."

Une histoire qui se terminera avec une troisième place à l'Euro 2015 et une défaite cuisante en quarts de finale des Jeux de Rio en 2016, encore contre l'Espagne les deux fois (80-75 en prolongation en demi-finales de l'Euro, puis 92-67 au Brésil). Tony Parker, comme il l'avait clairement laissé entendre, referme le livre sur cette ultime sortie : "Je suis fier de tout ce qu'on a accompli. On a le plus beau palmarès du basket français. Si vous avez suivi ma carrière, vous savez que le plus important pour moi était de gagner une médaille d'or. Et ça, on l'a fait en 2013. Tout le reste, c'était du bonus. Cette médaille d'or restera le plus beau souvenir de ma carrière en équipe de France." Sa retraite de joueur tout court sera pour trois saisons plus tard, à l'âge de 37 ans.

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