Portrait : Grosjean, le meilleur Français des années 2000

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Thomas Siniecki, Media365 : publié le mardi 03 mai 2022 à 23h04

Aucun joueur tricolore, au 21eme siècle, n'a été aussi bien classé que Sébastien Grosjean (n°4 mondial). A moins de trois semaines de Roland-Garros, retour sur la riche carrière du capitaine de l'équipe de France de Coupe Davis.

L'histoire de Sébastien Grosjean avec le tennis a débuté en 1991. En effet, il assiste à la finale de Coupe Davis à Lyon, remportée par la France contre les Etats-Unis, ce qui le convainc définitivement de sa vocation. Cette Coupe Davis qui, en 1998, représente à nouveau une première étape importante dans sa carrière, puisqu'il est sélectionné pour la première fois par Yannick Noah en tant que remplaçant. Tout explose en 1999 au Super 9 de Miami (nom, à cette époque, des Masters 1000), quand Sébastien Grosjean atteint la finale contre Richard Krajicek après s'être payé le n°1 mondial Carlos Moya en huitièmes de finale. Il ne réussira cette performance, dominer le roi du classement ATP, qu'une seule autre fois dans sa carrière, contre Lleyton Hewitt en 2003 au Queen's.

En 2001, à seulement 22 ans et dans le top 20 mondial, il réussit alors ce qui restera sa plus belle saison, en éclatant notamment auprès du grand public en atteignant la demi-finale de l'Open d'Australie. L'occasion, aussi, de révéler au grand jour la formidable histoire d'amitié avec Arnaud Clément. Les deux enfants de Marseille se retrouvent face à face pour une place en finale d'un tournoi du Grand Chelem : Sébastien Grosjean mène deux manches à rien, mais va craquer (5-7, 2-6, 7-6, 7-5, 6-2). A Roland-Garros, il réussit ensuite une quinzaine exceptionnelle en s'offrant Andre Agassi en quarts de finale. Giflé au premier set, il renvoie triplement la pareille à l'Américain, alors n°3 mondial (1-6, 6-1, 6-1, 6-3), devant un public parisien forcément conquis.

"Sixième mondial alors que j'ai passé deux mois avec la cheville dans le plâtre"

"Il y a eu énormément d'émotions. Quand je sors du court et que je vois tous ces gens debout qui m'applaudissent, ça fait vraiment chaud au coeur." C'est sur ce fameux match que Sébastien Grosjean peut remercier un certain... Bill Clinton, venu assister à la rencontre et qui a visiblement liquéfié son compatriote sur le court. Le Français s'incline en demi-finales face à Alex Corretja (7-6, 6-4, 6-4) mais réussit encore un formidable doublé en fin d'année.

Il enchaîne la victoire au Masters Series de Bercy contre Evgueni Kafelnikov en finale, à un moment où ces matchs pour le titre se disputaient en trois sets gagnants (7-6, 6-1, 6-7, 6-4), puis la finale du Masters contre Lleyton Hewitt (6-3, 6-3, 6-4). Seul Jo-Wilfried Tsonga, depuis, a réussi pareille performance, mais à plusieurs années d'intervalle (victoire à Bercy en 2008, finale du Masters en 2011).

Et puis, cette année 2001 ne se limite pas à sa seule saison individuelle. "Quand tu es français, il y a trois évènements qui te font rêver : Roland-Garros, Bercy et la Coupe Davis. Ce sont les trois tournois que je regardais à la télé quand j'étais enfant. Et en 2001, j'ai eu la chance de réussir de belles choses dans les trois, et même d'en gagner deux sur trois." Toutefois, la campagne de Coupe Davis n'est pas vraiment associée au nom de Sébastien Grosjean. Il est ainsi le seul à avoir perdu deux points lors de la finale en Australie, et pas qu'un peu avec deux défaites en trois sets contre Pat Rafter puis Lleyton Hewitt. Mais quand tout sourit... "Ce fut une saison exceptionnelle pour moi, que je termine sixième mondial alors même que j'ai passé deux mois avec la cheville dans le plâtre, à l'été, à cause d'une entorse."

En 2002, il enchaîne à Roland-Garros avec un quart de finale perdu devant Marat Safin. En finale de Coupe Davis, il empoche cette fois un point face à Kafelnikov (7-6, 6-3, 6-0). Mais à 2-1 en faveur des Bleus, il manque l'occasion de boucler l'affaire contre... Marat Safin (6-3, 6-2, 7-6). En demi-finales, à Roland-Garros, il avait gagné ses deux matchs face aux Américains James Blake et Andy Roddick. Preuve de sa régularité, Sébastien Grosjean atteindra au moins un quart de finale lors des tournois du Grand Chelem jusqu'en 2006 : un quart en Australie et une demie à Wimbledon en 2003, la même chose en 2004 (battu par Roger Federer en demies), un quart à Wimbledon en 2005 et un quart en Australie en 2006.

Voilà la carrière qui a mené Sébastien Grosjean jusqu'au capitanat de l'équipe de France, certes dans un format de Coupe Davis bien loin de celle qu'il a aimée. "Si on m'avait dit au début de ma carrière que je serais un jour dans les cinq premiers mondiaux, je ne l'aurais pas cru", résumait-il en 2010 lorsque, l'épaule en vrac, il officialisait sa retraite de joueur. Et même n°4 du classement ATP, en octobre 2002. Devenu consultant régulier dans sa seconde carrière, directeur du tournoi de Montpellier ou entraîneur de Richard Gasquet (de 2011 à 2016), ce revers à deux mains bondissant avait aussi popularisé la casquette à l'envers dans le tennis français. Oui, ses influences ont été multiples.

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