Portrait : Fontaine, c'était treize fort

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Emmanuel LANGELLIER, Media365 : publié le jeudi 02 mars 2023 à 15h47

Décédé mercredi à 89 ans, Just Fontaine a marqué l'histoire du football par ses 13 buts à la Coupe du Monde 1958, un record sur une seule édition qui tient toujours, et la sympathie qu'il inspirait à tous.

Toute sa vie, on ne lui aura parlé que de ça. De ses 13 buts plantés à la Coupe du Monde 1958 en Suède (8 du pied droit, 4 du gauche, 1 de la tête), ce qui en fait toujours le meilleur buteur de l'histoire du Mondial sur une seule édition. Un titre qu'il pourrait garder très longtemps, voire toujours. Sauf si évidemment le nombre de pays participants gonfle dans le futur... Just Fontaine, parti vendredi à l'âge de 89 ans , a marqué la plus belle des compétitions mais aussi l'Hexagone par ses statistiques et également sa simplicité.

Un triplé pour débuter le Mondial 58 avec les chaussures d'un remplaçant

Au moment de rejoindre là-haut Raymond Kopa et Pelé , son partenaire et son bourreau de 58, on retient une image souriante de ce bon « Justo », joueur et homme particulièrement bienveillant. Que les plus anciens avaient comme idole ou référence, que les plus jeunes imprimaient en noir et blanc avec le fameux chiffre 13. Voire le 17 pour ceux qui ont peut-être eu la curiosité d'aller voir ses faits d'armes sur YouTube. C'est le chiffre qu'il portait dans son dos il y a 65 ans. Souvenir d'un été magique et de défenses martyrisées. Bien avant Platini, Zidane et Mbappé, il y avait eu Kopa et Fontaine qui avaient mené les Bleus en demi-finales d'une Coupe du Monde, la première avant une longue attente de 24 ans (1982). Machine à buts, l'avant-centre natif de Marrakech le 18 août 1933 (un père français ouvrier dans une régie de tabac et une mère espagnole), bon des deux pieds et de la tête, avait commencé en trombe avec un triplé contre l'Uruguay (avec les chaussures d'un remplaçant, Stéphane Bruey, qui heureusement chaussait la même pointure !) et conclu par un quadruplé lors du match pour la 3eme place contre l'Allemagne (6-3). 13 buts en seulement 6 matchs, il entrait dans la légende.


Le meilleur ratio de l'histoire de l'équipe de France

L'attaquant de Reims (1956-1962), passé auparavant par l'OGC Nice (1953-1956) et l'US Marocaine (1950-53), un club de Casablanca (Fontaine aura eu la double nationalité française-marocaine toute sa vie), 3eme du Ballon d'Or France Football en 1958, achèvera sa carrière internationale avec un splendide total de 30 buts en seulement 21 sélections entre 1953 et 1960 (des débuts en fanfare avec un triplé lors de sa première sélection contre le Luxembourg), ce qui lui confère le meilleur ratio de l'histoire de l'équipe de France (1,43) loin devant Michel Platini (0,57, Mbappé est à 0,55). Une carrière écourtée et terminée à 28 ans suite à une grave blessure. « Je n'étais pas le plus rapide ni le meilleur joueur de tête, mais j'ai eu de la chance. J'ai joué au basket dans ma jeunesse et il n'y avait rien de mieux pour se démarquer. Seulement vous savez, mon record de la Coupe du Monde, je l'aurais bien échangé pour une chose : jouer plus longtemps car le foot était ma passion. J'ai dû hélas arrêter à cause d'une double fracture tibia-péroné », avait confié celui qui avait accroché 4 titres de champion de France (1956 avec Nice, 1958, 1960, 1962 avec le grand Reims), un titre de champion du Maroc en 1952, deux Coupes de France (1954, 1958) et une finale de Coupe des Champions (l'ancêtre de la Ligue des Champions) en 1959 (0-2 face au Real Madrid). Une compétition dont il avait fini meilleur buteur (10) cette année-là.

Éphémère sélectionneur, il fait monter le PSG en D1 en 1974

Deux fois meilleur artificier de Division 1 (34 buts en 1957-58 et 28 pions en 1959-60), dont il possède la 4eme meilleure moyenne de buts pour des éléments ayant inscrit au moins 100 réalisations (164 buts soit 0,82 par match, derrière Ibrahimovic, Rohr et Skoblar), Just Fontaine se sera ensuite mué en entraineur. Deux petits matchs comme sélectionneur des Bleus en 1967, coach du Paris-Saint-Germain de 1973 à 1976, un club qu'il fait monter en première division en 1974, et sélectionneur du Maroc à la fin des années 1970 (1979-1981). Idole tricolore de l'après-guerre, le taquin « Justo » aura aussi chanté en première partie de Dalida au début des années 1960. « Elle s'était fait siffler ; moi j'avais été applaudi. Le Tour de France m'avait même proposé 300 000 francs par jour pour chanter avec la caravane. On m'appelait la Callas. » Il avait terminé sa vie à Toulouse. Où il pouvait passer des journées à regarder du foot à la TV et où il achetait L'Equipe tous les jours. Où il aura raconté de nombreuses fois, sans se départir de son sourire et d'une sympathie communicative légendaire, son fabuleux record.

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