Portrait : Candeloro, le feu sur la glace

Portrait : Candeloro, le feu sur la glace©Panoramic, Media365

Thomas Siniecki, Media365 : publié le vendredi 04 février 2022 à 14h25

Philippe Candeloro reste notre dernier médaillé individuel aux Jeux (et il serait malheureusement surprenant qu'il ne le demeure pas après Pékin). Retour sur le parcours d'un homme affranchi, qui a popularisé le patinage en France.



Revenu furtivement sous les projecteurs lundi soir à cause d'une controverse en effectuant le tirage au sort des quarts de finale de Coupe de France de football, Philippe Candeloro est devenu un consultant indéboulonnable de France Télévisions et officiera encore au côté de son éternel acolyte Nelson Monfort pour commenter les épreuves des Jeux de Pékin. Comment est-il devenu une personnalité si populaire, connue de presque tous les Français dont beaucoup ne peuvent citer que son nom lorsqu'on leur demande d'évoquer le patinage artistique ? L'explosion, à la face du monde comme de la France, a lieu en 1994, à l'occasion des Jeux de Lillehammer (en Norvège) où il décroche une première médaille de bronze.

Vice-champion d'Europe en 1993, il vient de terminer seulement cinquième à la même compétition l'année suivante, lorsqu'il se présente pour sa première sortie olympique (même s'il avait déjà participé au gala de clôture à Calgary, en 1988). Le programme court a lieu le jour de ses 22 ans, le 17 février, mais c'est deux jours plus tard qu'il subjugue lors du programme libre en terminant par une pirouette sur les genoux, le tout sur le thème musical du Parrain. Aux championnats du monde au Japon, au mois de mars, il enchaîne en glanant la médaille d'argent, ce qui restera le meilleur résultat de sa carrière sur une grande compétition internationale. En 1995, il reste sur le podium mais doit se contenter du bronze, toujours avec Le Parrain.

"Seul mon entraîneur est habilité à dire si je suis un branleur"

En 1996, c'est l'heure de Lucky Luke. Ce surnom est resté dans les mémoires lorsqu'on pense à Candeloro, pourtant il ne l'utilise qu'un an en compétition, les juges estimant qu'il s'agit plutôt d'un personnage de gala qu'il accompagne notamment d'Ennio Morricone à la musique. Il débute aussi son programme en se cachant sous la balustrade des juges... Pas de quoi décourager "Candel", qui passe en 1997 à Napoléon ! Aux Mondiaux en France, à Bercy, il égale sa performance de l'édition 1994 en terminant à nouveau deuxième. En 1998, aux Jeux de Nagano, il remporte sa deuxième - et dernière - médaille de bronze olympique grâce à un autre personnage historique : D'Artagnan. Il conquiert définitivement le Japon, qui lui voue un culte depuis les Mondiaux de 1994 qui se tenaient à Chiba.

"Les Japonais m'appréciaient en tant que showman, ils aimaient mon audace et ma personnalité. Puis j'ai converti ça en médailles, et ils raffolent des champions (...) En 1994, il a fallu un bon quart d'heure pour débarrasser la patinoire des fleurs et des peluches que les fans y avaient lancées. Ma sœur s'est occupée de monter un fan-club. Une grosse partie des lettres venaient du Japon, certaines contenaient de véritables déclarations d'amour (...) Beaucoup veulent revoir d'Artagnan, et certains pleurent dans les tribunes." Porte-drapeau de la cérémonie d'ouverture, il part au sommet de sa renommée à Nagano, quittant le monde amateur et donc toute possibilité de concourir en compétition, décidant de gérer sa carrière professionnelle comme il l'entend pour privilégier les galas et les spectacles.


"On m'a toujours collé une image de branleur. Je récupère une nouvelle médaille olympique, c'est la deuxième que je rapporte à la France. C'est pas en étant un branleur qu'on y arrive. J'ai un rythme de travail que seul mon entraîneur connaît bien. C'est le seul habilité à dire si je suis un branleur ou pas. Et pas un Didier Gailhaguet ou un mec collé le cul dans son bureau qui ne vient pas à l'entraînement." Une des nombreuses saillies de l'inimitable Candeloro, averti notamment par le CSA en 2014 pour des propos sexistes lors des Jeux de Sotchi... Depuis le début du 21eme siècle, en plus de ses performances de patineur dans La Belle et la Bête ou Holiday on Ice, il multiplie aussi les apparitions dans différentes émissions télévisées.

La Ferme Célébrités (2005), Danse avec les Stars (2011, 2012, 2017), et bien sûr Dropped où il a frôlé la mort en 2015. Sa bonne étoile veillait sur lui, qui attendait l'hélicoptère suivant lorsque le terrible crash a eu lieu, emportant Alexis Vastine, Camille Muffat et Florence Arthaud (ainsi que cinq personnes de la production et deux pilotes). "Je me suis dit : pourquoi eux et pas moi ? C'est difficile pour certaines personnes de l'équipe, qui ont perdu des amis de 20 ans. Leur souffrance m'a marqué." Candeloro ou l'homme aux 1 000 existences, artiste créatif qui n'a jamais cessé d'être libre, peu importe ce qu'on peut penser de ce père de trois filles, désormais âgées de 21, 19 et quinze ans. Les fruits de l'union de sa vie avec Olivia, chorégraphe rencontrée en 1991 et avec qui il continue de filer le parfait amour.

Vos réactions doivent respecter nos CGU.