Giro : Les champions français du Tour d'Italie

Emmanuel LANGELLIER, Media365 : publié le vendredi 06 mai 2022 à 15h49

Plusieurs coureurs français se sont illustrés sur le Giro, le célèbre Tour d'Italie. Revue d'effectif à travers les années. De 1910 à 2018.

Le premier grand Tour de la saison 2022 s'élance vendredi. Le Giro, le Tour d'Italie, va partir exceptionnellement de Hongrie, à Budapest, et emmènera les coureurs sur une première étape de 195 kilomètres jusque Visegard . Parmi les grands favoris estimés, point de Français a priori, même si Romain Bardet et Guillaume Martin peuvent peut-être tirer leur épingle du jeu. Il faudra donc sans doute encore attendre un peu pour dénicher un successeur à Laurent Fignon, dernier vainqueur tricolore en 1989 et l'un des trois Français décorés sur l'épreuve.

Fignon dernier lauréat tricolore, Hinault, trois participations et autant de sacres

Le regretté Fignon, décédé en 2010 d'un cancer, avait pris part à 6 Giros. A ses débuts sur l'édition 1982, il était le coéquipier insouciant de Bernard Hinault, un des autres Français lauréats de la compétition. Il avait tout de même endossé le fameux maillot rose de leader, couleur due au journal La Gazzetta Dello Sport, propriété du groupe qui organise le Tour d'Italie, pendant une journée. En 1984, Fignon, vainqueur du Tour de France cette année-là et auteur du doublé après son sacre de 1983, était passé près de la victoire. Victime d'un coup de mou au Blockhaus, d'un handicap de matériel dans les contre-la-montre et de la coalition des intérêts en faveur de son rival Francesco Moser, il avait terminé 2eme et échoué à 1''03 de l'Italien. Mais le coureur à la tignasse blonde s'était joliment rattrapé en 1989. Adorateur de l'Italie où il finit sa carrière et qui l'avait vu remporter deux Milan-San Remo, Laurent Fignon avait raflé la mise en devançant l'Italien Flavio Giupponi de 1'15.

Fignon succédait alors à Bernard Hinault, triple vainqueur du Tour italien en 1985, 1982 et 1980 lors de ses... trois participations. C'est pas beau, ça ? Quel champion ce Hinault ! Au total, le « Blaireau » aura endossé le maillot rose durant 31 jours et glané 6 étapes. Cela n'a jamais été facile pour le grand coureur français, quintuple lauréat du Tour de France. « Quand tu es l'étranger, tu as toute l'Italie contre toi. C'est tout à fait logique, ça fait partie de la course », disait Hinault qui avait pourtant trouvé la parade en se montrant performant dans les contre-la-montre et en brillant dans les grands cols transalpins. « Aucun n'a été facile. Mais l'avantage dans un grand tour, c'est qu'on a 21 jours pour gagner », relevait-il au sujet des 3 semaines de course.


Anquetil toujours sur le podium final

Avant Bernard Hinault, Jacques Anquetil s'était illustré comme le premier lauréat issu de l'Hexagone. Disparu en 1987, « Maître Jacques » a laissé une énorme empreinte dans le sport et le cyclisme français. Cinq fois vainqueur du Tour de France dans les années 1950 et 60, Anquetil avait inscrit son nom au palmarès du Giro à deux reprises. Également deux fois 2eme et deux fois 3eme en 6 participations au premier grand Tour de l'année (avant le Tour de France et la Vuelta), il avait signé une performance de choix en terminant toujours sur le podium final. Après son sacre de 1960, Jacques Anquetil avait remis ça quatre ans plus tard. En 1964, il était devenu le premier Français à réaliser le doublé Giro-Tour de France. Symbole de la grande classe pour les Italiens, le Normand avait enlevé six étapes contre-la-montre.

Plus tôt dans l'histoire, Jean Alavoine s'était classé 3eme du Tour d'Italie en 1920, devenant le premier Français à grimper sur le podium d'une épreuve qui se déroulait alors sur 8 étapes. Vainqueur de 3 étapes (dont la dernière à Milan au terme de 421 kilomètres d'effort !), il avait imité Jean-Baptiste Dortignac et Lucien Petit-Breton, qui avaient glané des étapes en 1910 et 1911. Plus récemment, Laurent Jalabert a porté le maillot rose durant 8 jours en 1999. Arrivé avec un statut de leader du peloton, le Mazamétain, vainqueur de la Vuelta en 1995, avait conclu le Giro à la 4eme place derrière les trois Italiens Ivan Gotti, Paolo Savoldelli et Gilberto Simoni. « Je marchais fort, j'ai gagné le chrono et deux étapes, j'ai porté le maillot rose pendant huit jours. J'étais vraiment dans le jeu. Au départ des étapes ou dans les cols, j'entendais "grande Jalabert". J'étais en concurrence avec les Italiens mais je n'ai jamais eu à souffrir de mauvais gestes. C'est un public passionné et connaisseur », s'était souvenu Jalabert, à la lutte dans les premières étapes avec Marco Pantani, finalement déclassé pour un taux d'hématocrites trop élevé.

Mottet 2eme en 1990, cruel dénouement pour Pinot en 2018

En 1990, Charly Mottet avait fait mieux que « Jaja », terminant 2eme du Tour d'Italie à 6'33 de Gianni Bugno. Numéro 1 mondial du classement FICP, l'ancêtre de l'UCI, le coureur tricolore avait débarqué sur le Giro en favori sur la lancée de son succès au Tour de Romandie. Vite devancé par Bugno, Mottet avait effectué une superbe remontada au classement général - de la 15eme à la 2eme place - et décroché sa première victoire en Italie sur le col de Pordoi (dans les Dolomites). « Le Pordoi était un col terrible, mais cela reste un bon souvenir pour moi, parce que j'y avais battu Bugno. Je me souviens de la folie de cette course dans la montée du Vésuve, des tifosi à scooter, avec leurs nanas dessus, roulaient à côté de nous », s'était souvenu Charly Mottet auprès de L'Equipe, l'an dernier.

Il y a onze ans en 2011, John Gradet avait créé la (grosse) surprise et terminé la course à la 4eme place derrière Alberto Contador, Michele Scarponi et Vincenzo Nibali. Avant d'hériter de la 3eme quelque temps plus tard. La raison ? Alberto Contador, le lauréat initialement, s'était vu sanctionné en 2012 par le Tribunal arbitral du sport suite à un contrôle positif au clenbutérol sur le Tour de France 2010. L'Espagnol avait donc été notamment déchu de son Giro 2011. Et voilà comment le grimpeur de l'équipe AG2R la Mondiale était devenu le premier Français sur le podium du Giro depuis Laurent Fignon en 1989. Et le dernier en date. A deux étapes du dénouement, Thibaut Pinot avait accédé au podium en 2018 et pouvait rêver à un couronnement. Mais le 3eme du classement général avait dû être hospitalisé suite à sa défaillance dans la 20eme étape et avait été contraint à un cruel abandon.

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