Wimbledon 2013 : l'avènement de Bartoli

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Emmanuel LANGELLIER, Media365 : publié le lundi 26 juillet 2021 à 10h44

Après un premier échec en 2007, Marion Bartoli remportait Wimbledon en 2013 aux dépens de l'Allemande Sabine Lisicki. La Française remportait alors son premier et seul tournoi du Grand Chelem avant de raccrocher.

Si le tennis français masculin ne tient pas encore un successeur à Yannick Noah, dernier vainqueur d'un tournoi du Grand Chelem à Roland-Garros en 1983, chez les femmes il en est autrement. Tandis que Jo-Wilfried Tsonga est le dernier à avoir échoué, à deux sets près, devant Novak Djokovic à l'Open d'Australie 2008 (défaite en quatre sets après avoir empoché le premier), plusieurs Françaises se sont imposées depuis l'ère Open.
François Dürr a remporté Roland-Garros en 1967, Mary Pierce (Open d'Australie 1995 et Roland-Garros 2000) et Amélie Mauresmo (Open d'Australie et Wimbledon en 2006) ont terminé leurs superbes carrières avec deux sacres majeurs à leur palmarès. Après elles, une autre représentante tricolore a laissé sa trace dans l'histoire : Marion Bartoli. Dernière lauréate de l'Hexagone à ce jour, l'Auvergnate avait raflé la mise à Wimbledon en 2013.

Hécatombe dans le tableau féminin

Ce 6 juillet 2013, Bartoli se présente le dernier samedi du tournoi sur le Central Court pour la deuxième fois. Six ans plus tôt, elle a vu ses rêves de succès s'évanouir en s'inclinant devant Venus Williams (6-4, 6-1 en 2007). Alors, cette finale surprenante face à une autre outsider, l'Allemande Sabine Lisicki, la Française l'aborde avec une grande détermination.

Décevante lors de la première moitié de saison, Bartoli a flanché au troisième tour de Roland-Garros face à Francesca Schiavone et a vite déclaré forfait au tournoi sur gazon d'Eastbourne, victime d'une infection virale. Tête de série numéro 15, elle survit aux premiers tours du troisième Grand Chelem de la saison qui subit une véritable hécatombe. Dix-sept des trente-deux têtes de série sont ainsi éjectées en début d'épreuve !

Lisicki a sorti Serena Williams et Radwanska

Sans concéder la moindre manche, la Française domine l'Ukrainienne Elina Svitolina (6-3, 7-5), l'Américaine Christina McHale (7-5, 6-4) puis les Italiennes Camila Giorgi (6-4, 7-5) et Karin Knapp (6-2, 6-3). Elle prend ensuite le meilleur sur l'Américaine Sloane Stephens (6-4, 7-5), tête de série n°17 et rallie le dernier carré. Le troisième de sa carrière en Grand Chelem après Wimbledon 2007 et Roland-Garros 2011. Aux portes de la finale, Bartoli affronte Kirsten Flipkens qui s'est frayée un chemin jusqu'au top 4 du tournoi en sortant notamment en quarts Petra Kvitova, tête de série numéro 8 et lauréate en 2011. Numéro 20 du tournoi, la Belge n'a pas spécialement de quoi impressionner la Française qui va faire le job. Une « déculottée » (6-1, 6-2 en 1h02) et la revoici en finale !

Pourtant mieux classée (tête série 18), elle avait subi la loi en 2007 de Venus Williams (tête de série 23), plus expérimentée. Ce 6 juillet 2013, Bartoli pénètre encore sur le court central avec un meilleur classement. Mais la joueuse qui joue des deux mains des deux côtés est sur ses gardes. D'abord, évidemment, car c'est une finale de Grand Chelem. Puis parce que Sabine Lisicki, tête de série 23, la malmène sur les années précédentes et l'a battue trois fois sur quatre, dont la dernière en quarts de... Wimbledon en 2011 (6-4, 6-7, 6-1). Et, enfin, car sur le chemin de la finale, l'Allemande a signé deux victoires retentissantes aux dépens de Serena Williams, tenante du titre et numéro une mondiale, et Agnieszka Radwanska, n°4 et finaliste de l'édition précédente.

Une première manche rapidement remportée 6-1

Bartoli n'est pas favorite de la finale. Cotée 2,60 contre 1, les bookmakers lui préfèrent Lisicki, cotée à 1,32/1. Il faut aussi préciser que la Française n'a plus vaincu son adversaire depuis 2008 au premier tour de... Wimbledon. La joueuse de 28 ans va pourtant briller et s'adjuger l'une des finales les plus étonnantes de l'histoire des Grands Chelems. « Il n'y aura ni Sharapova, ni Serena Williams en face. Dans un bon jour Lisicki est largement à la portée de Marion », avait lâché Guy Forget. Il ne pensait pas si bien dire...

Gravement blessée trois ans auparavant, Lisicki est revenue au top mais peut flancher émotionnellement. Elle s'est également employée en demi-finales (6-4, 2-6, 9-7 contre Radwanska). Tout cela va jouer sur le déroulement de la finale. Bartoli cède pourtant d'entrée sa mise en jeu mais cela a le mérite de la désinhiber. Très agressive, elle rentre dans ses coups comme si sa vie en dépendait et recolle vite. Avant de prendre le contrôle. Plus puissante et solide au filet, elle déborde Lisicki qui commet trop de fautes. En moins de trente minutes, elle réalise la moitié du chemin (6-1) sur un coup droit envoyé directement dans le filet par l'Allemande.

Lisicki pleure, Bartoli s'écroule à genoux

Sous un radieux soleil londonien, Lisicki tente alors de vite faire la différence dans la deuxième manche. Mais, menée 1-0, Bartoli écarte quatre balles de break. Puis se détache à nouveau. A 3-1 pour la Française, Lisicki craque et étale son impuissance en lâchant quelques larmes après une cinquième double faute. Sous les yeux d'Amélie Mauresmo, assise dans les tribunes, Bartoli poursuit sur sa lancée et se retrouve sur le point de conclure.
Loin de se rendre, son adversaire allemande s'accroche cependant encore et sauve trois balles de match. Elle glane quatre jeux. A 5-4 en sa faveur, la Française parvient à finir le travail. Elle mène 40-0 et claque un dernier ace extérieur ! Elle s'effondre à genoux sur l'herbe britannique et se prend la tête entre les mains. Après 1h21 de jeu, elle réalise son rêve de petite fille. « Honnêtement, Je n'arrive pas à y croire. Soulever ce trophée a longtemps été impensable. C'est un rêve que j'avais depuis l'âge de six ans et qui est devenu réalité », confie Bartoli qui annoncera sa retraite le mois suivant à la surprise générale.

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