Rome 1985 : Noah, empereur romain

Rome 1985 : Noah, empereur romain©Media365
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Paul Rouget, Media365 : publié le mardi 11 mai 2021 à 21h58

Alors au creux de la vague, Yannick Noah avait brillamment remporté le tournoi de Rome en 1985, près de deux ans après son dernier titre, à Roland-Garros. Et plus aucun joueur français n'a réussi à atteindre la finale dans la capitale italienne depuis.



Dans la ville éternelle, Yannick Noah attend toujours son successeur. Depuis son sacre en 1985, plus aucun joueur français n'a réussi à remporter le tournoi de Rome, ni même à y atteindre la finale. Et Noah est l'un des deux seuls Tricolores à avoir inscrit son nom au palmarès, avec André Merlin en 1932, bien avant l'ère Open. Alors âgé de 25 ans, le futur chanteur s'était adjugé dans la capitale italienne le 15e de ses 23 titres. Mais le premier depuis son sacre historique à Roland-Garros, où il reste là aussi le dernier vainqueur français du tournoi, deux années auparavant !

Il aura bien disputé deux finales entretemps, à chaque fois aux Etats-Unis. D'abord en février 1984 à La Quinta, où il avait été dominé par Jimmy Connors, puis à Memphis en janvier 1985, s'inclinant face à Stefan Edberg. Une période compliquée pour Noah, qui a eu du mal à digérer son triomphe parisien, et mettra de (très) longs mois à s'en remettre, avant de souffrir d'une pubalgie tenace qui allait le contraindre à déclarer forfait pour l'US Open 1984. Quelques mois auparavant, il avait effectué son retour à Roland, s'inclinant en quarts de finale contre Mats Wilander, qu'il avait battu en finale l'année précédente.

L'exil à New York

Dans ce remake de la finale de 1983 remporté en cinq manches par le Suédois, Noah avait dégoupillé lors du troisième set en raison d'un ace annoncé faute pour quelques millimètres. Il se consolera, un peu, en double, en s'imposant avec Henri Leconte Porte d'Auteuil. Contraint à l'abandon d'entrée au Queen's dans la foulée, il revient en fin de saison à Toulouse, où il atteint les quarts de finale. Il a alors entamé son opération reconquête depuis New York, où il s'était exilé pour retrouver un certain anonymat, et où son fils Joakim, futur meilleur défenseur de la NBA, est né, en février 1985.

Et s'il débute plutôt bien cette année 1985, atteignant les quarts de finale à Philadelphie, où il cède face à John McEnroe, et donc la finale à Memphis, avant de disputer à nouveau les quarts à Delray Beach, la suite est moins rose, avec des éliminations précoces à Chicago et Las Vegas, puis en huitièmes à Forest Hills, juste avant son arrivée à Rome. Il débarque d'ailleurs en Italie avec son pire classement depuis janvier 1981, puisqu'il pointe alors au 23e rang mondial.

"Boum-Boum" balayé

Finaliste en 1980 du tournoi romain, face à Guillermo Vilas, il reste sur deux éliminations en huitièmes avant d'aborder cette édition 1985. Il n'est alors pas en grande confiance mais va se rassurer en écartant facilement le Roumain Florin Segarceanu au premier tour (6-3, 6-2). Il peine un peu plus à conclure, sans toutefois lâcher de set contre l'Allemand Ricki Osterthun (6-4, 7-5), avant de hausser le ton face au Suédois Anders Jarryd (6-1, 7-5) puis l'Argentin José-Luis Clerc (6-1, 7-5).

En demi-finale, il croise la route de Boris Becker, alors âgé de 17 ans. Il ne fera qu'une bouchée de l'Allemand, s'imposant en deux petits sets face à "Boum-Boum" (6-3, 6-3), vainqueur de son premier Grand Chelem à Wimbledon quelques semaines plus tard. Pour sa deuxième finale sur la terre battue romaine, il est opposé pour la toute première à un autre jeune loup, Miroslav Mecir (21 ans).

Un public conquis

En grande forme, le Tchécoslovaque au jeu atypique et léché cède la première manche avant de remporter la deuxième. Noah, qui semble avoir retrouvé toutes ses sensations, va alors se montrer de plus en plus offensif pour faire entendre raison à celui qui n'est pas encore surnommé "le chat", et finira par l'emporter en quatre sets et un peu plus de 3 heures de jeu (6-3, 3-6, 6-2, 7-6), sous les applaudissements d'un public conquis.

Et s'il aborde Roland-Garros requinqué après avoir enfin renoué avec le succès, Yannick Noah ne confirmera pas sur l'ocre parisien, quittant le tournoi en huitièmes de finale après une défaite dans un duel fratricide avec Henri Leconte. Mais il s'adjugera tout de même deux trophées supplémentaires cette année-là, d'abord à Washington puis à Toulouse. Il ne gagnera pas d'autre tournois aussi importants que celui de Rome, mais atteindra son meilleur classement l'année suivante, en se hissant à la troisième place mondiale en juillet 1986. Et là encore, aucun joueur français n'a réussi à faire aussi bien depuis...

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