Rolex Paris Masters 2001 : Sébastien Grosjean au top

Emmanuel LANGELLIER, Media365 : publié le lundi 11 mai 2020 à 15h29

Tombeur de Ievgueni Kafelnikov en quatre sets solides, Sébastien Grosjean était devenu en 2001 le deuxième joueur français à remporter le tournoi de Paris-Bercy après Guy Forget. Coup de projecteur sur cet épisode glorieux du tennis tricolore.

Le tournoi de Bercy, rebaptisé Masters 1000 de Paris ou Rolex Paris Masters ces dernières années, a souri à trois joueurs français depuis sa création en 1986 : Guy Forget, Sébastien Grosjean et Jo-Wilfried Tsonga. Dix ans après le succès de Forget, son capitaine en Coupe Davis, Grosjean avait emporté le morceau en 2001 au terme d'un parcours sans faute. Le plus grand titre de la carrière du Marseillais.

Cette année-là, le Français joue à un très haut niveau. Sur la lancée de son premier titre à Nottingham en 2000, il atteint les demi-finales à l'Open d'Australie et passe même à un point de la finale. Mais le 19eme mondial du moment manque deux balles de match contre son pote Arnaud Clément. Il rallie aussi le dernier carré à Roland-Garros après une victoire retentissante sur Andre Agassi sous les yeux du président américain Bill Clinton. A Paris, il va encore s'y illustrer quelques mois plus tard, en automne.

Le tennis de Grosjean marque le pas avant Bercy

Grosjean, dossard de 8eme joueur mondial dans le dos, marque pourtant le pas quand il débarque sous le toit du Palais Omnisports de Paris-Bercy. En mal de confiance, le Champion du monde juniors 1996 (après avoir été sacré en France et en Europe) n'appose qu'une demie à son tableau de chasse depuis « Roland », à Gstaad en juillet. Eliminé prématurément à Halle, Wimbledon, Amsterdam, l'US Open, Hong Kong, Lyon, Stuttgart et Stockholm, il se présente sans grosse référence contre Dominik Hrbaty lors de son entrée en lice.

Dans une étrange édition privée de Pete Sampras et Andre Agassi, Gustavo Kuerten, Lleyton Hewitt, Marat Safin et Juan Carlos Ferrero, quatre des cinq premières têtes de série, sont rapidement éliminés. Tête de série n°6, Grosjean est exempt du premier tour. Il a la pression devant le public tricolore qui ne pardonne rien, en général, et peut vite « fracasser » un joueur sur un fait anodin. Mais le Français signe une belle entame face à Hrbaty (6-1, 6-4), demi-finaliste à Roland-Garros deux ans plus tôt.

Premier Français en demies depuis 1993

Le joueur de 23 ans enchaîne en passant deux « roues » au Belge Christophe Rochus au tour suivant (6-0, 3-6, 6-0) puis voit son tableau s'ouvrir après les sorties successives des cadors. Il domine aisément le Marocain Hicham Arazi (6-2, 6-2) en quarts, devenant le premier représentant hexagonal à rejoindre le dernier carré au POPB depuis Arnaud Boetsch en 1993. Confronté ensuite à Tommy Haas, tête de série n°7 et 11eme mondial, Grosjean confirme sa montée en puissance. Poussé par le public parisien ravi de retrouver un élément « local » en fin d'épreuve, le Français sort l'Allemand en deux manches solides (7-5, 6-4) et le voici en finale !

Le dimanche 4 novembre 2001, l'enjeu est de taille. En cas de victoire, Grosjean décrochera son premier titre de l'année et validera son billet pour le Masters, le « tournoi des maitres » réunissant les huit meilleurs éléments de la petite balle jaune. En face, se présente néanmoins un sacré client en la personne de Ievgueni Kafelnikov, tête de série n°4 et 6eme mondial. Dans la Capitale, le Russe a fait le boulot contre Mark Philippoussis, Albert Costa, Jiri Novak et Andreas Vinciguerra. Il a surtout toujours battu Grosjean.

Plus costaud mentalement que Kafelnikov

« Kafel » a pris le meilleur sur le Français à trois reprises (plus un forfait), dont une fois à Paris, déjà, à Roland-Garros, l'année précédente. Il l'a aussi dominé en début d'année... En finale à Marseille (7-6, 6-2), oops... Mais le Marseillais aux polos trop grands et à la casquette à l'envers présente de solides arguments. Il croit fermement en lui. Un jeu tout en relâchement avec un service aiguisé, des accélérations détonantes des deux côtés et un jeu de jambes rapide : le « petit » Grosjean (1,75 m) exhibe des qualités incontestables. Il va en faire un usage des plus efficaces.

Mentalement, le Français va aussi se montrer plus costaud que son adversaire, certes lauréat de deux Grands Chelems (Roland-Garros 1996 et Open d'Australie 1999) mais qui déplore un sérieux problème avec les finales de Masters 1000. Son bilan est en effet horrible : quatre défaites en autant de rencontres contre Andreï Medvedev à Hambourg en 1994, Thomas Enqvist à Paris-Bercy en 1996, Richard Krajicek à Stuttgart en 1998 et à Montréal en 1999 contre Thomas Johansson. D'ailleurs, l'ancien numéro 1 mondial ne fait pas mieux en concédant les deux premières manches devant un Grosjean somptueusement inspiré (7-6, 6-1).

Il gagne son seul Master, une victoire ô combien importante pour lui 

Avec une impression de facilité stupéfiante, le Français lui fait alors très mal avec ses engagements tonitruants, ses coups droits puissants et ses bolides en revers. Loin de renoncer, Kafelnikov arrache cependant le troisième opus (7-5) et reprend espoir. Encouragé comme rarement dans un POPB incandescent, Grosjean va tout de même parvenir à reprendre ses esprits et à retrouver son niveau de jeu de l'entame de finale. Il refait la différence et breake le médaillé d'or olympique 2000. Sur un smash après rebond de son adversaire russe propulsé dans le filet, le Français obtient le dernier mot (6-4).

Qualifié pour Masters, seul français avec Tsonga à y avoir participé

De joie, Grosjean lève les bras et s'agenouille sur le court bleu. Bercy vrombit, le Marseillais apprécie et se hisse au Masters. « Bercy reste ma plus belle victoire, s'est souvenu Grosjean. Cela compte davantage que d'autres succès importants d'un jour ou que mon parcours au Masters. Soulever ce trophée, c'est du bonheur. Brandir cet arbre avec tous les noms des vainqueurs, c'est le moment que je garde en mémoire. » Quelques jours plus tard, Grosjean allait atteindre la finale du Masters, malheureusement battu par Lleyton Hewitt, avant de conclure la saison en apothéose sur un couronnement en Coupe Davis à Melbourne.

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