Rolex Paris Masters 1991 : Forget, à jamais le premier

Rolex Paris Masters 1991 : Forget, à jamais le premier©Panoramic, Media365
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Emmanuel LANGELLIER, Media365 : publié le mercredi 03 novembre 2021 à 13h27

En 1991, Guy Forget devenait le premier vainqueur français du Rolex Paris Masters en s'offrant Pete Sampras au terme d'une finale fantastique.



Un quatrième lauréat français conclura-t-il l'édition 2021 du Rolex Paris Masters ? Ils sont encore trois en lice à pouvoir espérer réaliser l'exploit, même si cela apparait très compliqué face aux meilleurs joueurs du circuit : Gaël Monfils, Adrian Mannarino (les deux joueurs s'affrontent mercredi au 2eme tour) et Hugo Gaston. Tous rêvent d'accrocher leur nom au palmarès du Masters 1000 de Paris et de succéder à Guy Forget, Sébastien Grosjean et Jo-Wilfried Tsonga.

Avant « Jo », vainqueur de David Nalbandian en 2008 en trois sets (6-3, 4-6, 6-4), et « Seb » Grosjean, tombeur en 2001 d'Evgueni Kafelnikov (7-6, 6-1, 6-7, 6-4), Forget avait raflé la mise au terme d'une fantastique année 1991. Premier lauréat français d'une épreuve dont la finale se disputait alors en trois sets gagnants (cela a changé en 2007), celui qui est depuis devenu directeur du tournoi, avait marqué les mémoires en s'offrant Pete Sampras après une finale magistrale, la plus longue de l'histoire du tournoi (3h43). Une rencontre achevée en cinq sets (7-6, 4-6, 5-7, 6-4, 6-4).

Cette année 1991, Guy Forget accède au haut niveau, au très très haut niveau même. Bon joueur jusque-là et à l'aise en double, le natif de Casablanca est épatant et aligne les performances de choix. Il va ainsi glaner six titres, du jamais vu pour un Français sur une année. Armé d'un redoutable service, d'une belle volée et d'une confiance qui grandit au fil des semaines, le gaucher va jusqu'au bout à Sydney, Bruxelles, Cincinnati, Bordeaux, Toulouse et, donc, Paris-Bercy. Le meilleur souvenir de Forget dans la salle de la Capitale. « Parce que gagner devant son public, devant sa famille, c'est toujours quelque chose de particulier », a-t-il confié.

Forget dans la forme de sa vie

A Cincinnati, de la catégorie Masters 1000 de l'époque, il s'offre déjà Pete Sampras en finale (2-6, 7-6, 6-4) après avoir fait tomber Boris Becker, tête de série numéro 1, en demi-finale (7-6, 4-6, 6-3). Becker, qui l'a éliminé en quarts de finale à Wimbledon, le meilleur stade atteint en Grand Chelem par Forget dans sa carrière. A Bercy, le Français, tête de série numéro 5, débarque désireux de briller devant le public français.

Exempté du premier tour, Guy Forget, alors âgé de 26 ans et dans la forme de sa vie (il atteint la 4eme place mondiale), domine d'abord l'Américain Patrick McEnroe (6-3, 6-2), le frère de John, puis il renverse l'Américain Derrick Rostagno (4-6, 6-3, 6-1), tombeur de Yannick Noah au tour précédent, et bat l'Italien Omar Camporese (6-1, 3-6, 6-3). Aux portes de la finale, il se défait du Suédois Jonas Svensson (7-5, 6-4). Et vient ce fameux dernier match du tournoi contre Pete Sampras.

Après son sacre surprise et splendide à l'US Open en 1990, l'Américain, tête de série n°6 à Paris, a du mal à confirmer l'année suivante mais il reste redoutable à jouer, surtout en indoor, en témoignera son sacre quelques jours plus tard au Masters. Le court principal de l'arène parisienne est plein à craquer et l'on se prend à rêver d'un premier couronnement tricolore. Le premier set va être l'illustration de l'âpreté et de la qualité de la rencontre. Le jeu offensif entre ces deux beaux joueurs inonde le court. Très disputé, il se conclut au jeu décisif avec l'avantage pour Forget, 11 points à 9.

La suite va offrir un affrontement de toute beauté traversé par quatre manches de montées au filet, d'accélérations décisives, de puissants services, de passings-shot sur les lignes, de volées gagnantes claquées avec maestria au filet. Le Français, 6eme joueur mondial, et l'Américain (7eme) se rendent coup pour coup, le public vibre et prend peur lorsque Sampras mène deux sets à un (6-7, 6-4, 7-5). Mais Forget s'accroche et, poussé par l'antre parisien, recolle (6-4).

Forget vient conclure au filet et a la joie modeste

Sur sa lancée, le Marseillais (29 aces au total) confirme dans l'ultime manche. Derrière un dernier service de « Pistol Pete », le Français croise son retour de coup droit, Sampras slice son revers et Forget en profite pour venir au filet sur un revers chopé le long de la ligne. L'Américain lui renvoie un revers moyen et Forget claque une volée croisée impeccable de revers avant de laisser tomber sa raquette de joie. Une joie modeste, à l'image de l'homme. Il se retourne vers son clan et savoure sa plus grande victoire. « Cela peut paraître égoïste, dit-il, mais j'aime garder mon plaisir pour moi », dira-t-il.

« Quand j'ai gagné cette finale à Bercy après un match en 5 sets face à Pete Sampras, j'étais extrêmement content mais j'ai eu de la retenue. J'ai juste levé le doigt en l'air comme si j'étais un peu blasé, alors que j'avais envie de hurler de joie », se souviendra aussi Forget. Trois semaines plus tard, il fera encore mieux en dominant encore Sampras pour offrir à la France sa première Coupe Davis depuis 1932. Forget atteindra encore la finale à Bercy l'année suivante, malheureusement battu cette fois par l'Allemand Boris Becker (7-6, 6-3, 3-6, 6-3).

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