Open d'Australie 2001 : Clément-Grosjean, l'historique demi-finale

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Paul Rouget, Media365 : publié le vendredi 07 janvier 2022 à 16h15

En 2001, Arnaud Clément et Sébastien Grosjean s'étaient affrontés dans le dernier carré de l'Open d'Australie, pour la deuxième et dernière demi-finale franco-française en Grand Chelem.

Depuis le début de l'ère Open, en 1968, il n'y a eu que deux duels 100% tricolores dans le dernier carré d'un Grand Chelem. Le premier, c'était lors de Roland-Garros 1983. En route pour la conquête de son seul et unique Majeur, et toujours le dernier remporté par un joueur tricolore, Yannick Noah affronte en demi-finale son ami Christophe Roger-Vasselin. Ce dernier, 139e mondial à l'entame de la quinzaine, sort épuisé de son quart face à Jimmy Connors. Noah, tombeur lui d'Ivan Lendl, s'imposera très facilement (6-3, 6-0, 6-0), avant de dominer Mats Wilander en finale pour entrer au panthéon du tennis tricolore (6-2, 7-5, 7-6).

Un (très) jeune Federer

Et il faudra encore attendre 18 ans pour avoir droit à une nouvelle demi-finale franco-française, qui reste encore la dernière à ce jour. Pas à Roland-Garros cette fois, mais à l'Open d'Australie 2001, où deux potes s'étaient aussi retrouvés dans le dernier carré du Grand Chelem de Melbourne : Arnaud Clément et Sébastien Grosjean. Les deux Sudistes (Clément est né à Aix-en-Provence et Grosjean à Marseille) sont alors déjà dans le Top 20 du classement ATP : l'Aixois est 18e, et le Marseillais juste derrière (19e). Et ils vont réaliser quelques belles performances avant de se retrouver.

Grosjean écarte successivement Ivan Ljubicic (6-0, 7-6, 6-4), Jan Simierink (6-3, 6-0, 6-4) et Thomas Johansson (6-4, 6-1, 6-4) avant d'être opposé à Magnus Norman en quarts de finale. Le Suédois, alors quatrième mondial, ne pourra prendre qu'un set au Français (7-6, 6-3, 0-6, 6-4). Et en quarts de finale, Carlos Moya est rapidement expédié (6-1, 6-4, 6-2). Clément ne laissera pas non plus échapper de set avant les quarts, que ce soit face aux Espagnols Alberto Martin (6-2, 6-1, 6-1) et Tommy Robredo (6-3, 6-2, 7-5), puis face au (très) jeune Roger Federer (7-6, 6-4, 6-4) et à Greg Rusedski (6-3, 6-2, 7-5).

Clément, le chouchou

En quarts, c'est aussi client qui se dresse face à lui : Evgueni Kafelnikov, cinquième mondial. Malgré des douleurs à une cheville, Clément, sous anti-inflammatoires, parvient à s'en sortir difficilement, en quatre manches (6-4, 5-7, 7-6, 7-6). Devenu le chouchou du public australien, il effectuera un strip-tease devenu fameux, offrant toute sa tenue et son équipement à des fans conquis par ce « Frenchie » pas comme les autres. "La plupart des gens m'encourageaient. Ils découvraient sans doute un petit Français haut comme trois pommes, avec un look un peu étonnant, des chemises de couleur, un bandeau et des lunettes de soleil. Ils m'ont pris en affection, se rappelait-il pour France Télévisions. J'avais l'impression d'avoir le stade entier avec moi. C'est pour cette raison que j'ai vécu après ce match 30 secondes de folie, l'émotion était tellement forte que j'ai un peu balancé toutes mes fringues dans les tribunes."

Grosjean à un point...

Et c'est donc un duel fratricide qui va l'opposer à son ami Sébastien Grosjean en demi-finale. "On est fiers mais on aurait tellement aimé être chacun d'un côté du tableau et ne pas se rencontrer comme ça. Le plus compliqué, c'est qu'on joue tout le temps ensemble, on s'entraîne ensemble, on passe la journée ensemble et on se connait aussi parfaitement", se souvient encore « La Clé ». Mené deux sets à zéro, il parvient à écarter deux balles de match, dont une sur service adverse, avant de remporter ce match épique en cinq manches (5-7, 6-2, 7-6, 7-5, 6-2).

Mais cela reste un moment "émotionnellement très mitigé" pour lui : "Il y a ce côté extraordinaire, je me dis que c'est incroyable, je viens de me qualifier pour une finale de Grand Chelem mais Sébastien aussi est passé à un point. C'est un scénario tellement dur que j'ai du mal à montrer la moindre émotion positive à ce moment-là. Je crois même que je ne lui dis rien du tout parce que je suis très lucide sur ce qu'il s'est passé." C'est donc lui qui atteindra la finale, la seule de sa carrière en Grand Chelem, face à Andre Agassi. Et contrairement à ce qu'on pouvait penser, il n'a pas été battu par l'Américain, en trois manches (6-4, 6-2, 6-2), parce qu'il était fatigué, mais tout simplement parce que le « Kid de Las Vegas », qui remportait là son troisième titre à Melbourne, était au-dessus. "Il n'y avait juste absolument pas photo entre lui et moi", rappelle ainsi celui qui reste "extrêmement fier" de son parcours.

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