JO 2004 : la révélation Laure Manaudou

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Emmanuel LANGELLIER, Media365 : publié le dimanche 26 septembre 2021 à 10h52

A seulement 17 ans, Laure Manaudou décrochait trois médailles aux Jeux Olympiques d'Athènes en 2004, dont l'or sur le 400 mètres nage libre. La jeune femme devenait l'égérie de la natation française et la sportive préférées des Français.

Retraitée, pour la deuxième et dernière fois, depuis 2012, Laure Manaudou s'était révélée à la face du monde entier en 2004. Lors des Jeux Olympiques d'été à Athènes, la nageuse décrochait la médaille d'or sur le 400 mètres nage libre. A seulement 17 ans. Oui, 17 ans. Aussi précoce que gracieuse, la native de Villeurbanne frappait alors un grand coup. Seul Jean Boiteux à Helsinki en 1952 avait été sacré champion olympique dans le sport français. Une carrière exceptionnelle s'ouvrait alors devant celle qui allait par la suite devenir l'égérie de la natation française et la sportive préférées des Français.

Championne d'exception à la large palette, Manaudou avait appris à nager à l'âge de cinq ans. « Je partais tous les ans au Cap Frehel en Bretagne en vacances dans un camping et il y avait la plage donc il fallait savoir revenir une fois qu'on avait fait 100 mètres, avait-elle confié. Je pense que mes parents avaient envie d'être sereins lorsque l'on partait à la plage à mes frères ». A l'aise en brasse, papillon, crawl et dos crawlé, elle ne s'était pas arrêtée à son coup d'éclat dans la cité grecque. Elle avait garni par la suite sa besace de deux autres breloques : l'argent sur 800 mètres nage libre et le bronze sur 100 mètres dos. Trois médailles à 17 ans : un exploit retentissant et unique pour une nageuse tricolore aux JO ! La petite Laure devenait alors une star et faisait le tour des plateaux TV.

Elle partait très vite, comme d'habitude

Avant de voir sa carrière et son existence connaitre des turbulences, l'athlète au fort tempérament avait idéalement préparé ses JO 2004. Aux Championnats de France, elle décrochait quatre titres nationaux sur 400 et 800 mètres nage libre, 50 et 100 mètres dos, puis s'illustrait encore ensuite aux Championnats d'Europe de Madrid. Dans la capitale espagnole, Manaudou obtenait trois médailles d'or (400 mètres nage libre, 100 mètres dos et le relais 4 × 100 mètres 4 nages). A 17 ans, elle débarquait à Athènes gonflée à bloc.

En Grèce, elle s'illustrait rapidement le 15 août. Elle partait très vite, comme d'habitude. En tête de la course, comme si elle disputait une finale de Championnat de France, elle contrôlait jusqu'au bout, ne lâchait rien et s'adjugeait le 400 mètres nage libre, distance sur laquelle elle resterait invaincue jusqu'en 2007. En 4'05''34, Manaudou devançait avec un naturel déconcertant la Polonaise Otylia Jedrzejczak et l'Américaine Kaitlin Sandeno. 52 ans après, la France triomphait en natation aux Jeux Olympiques. Plus tard, la couronne de laurier sur la tête et armée d'un sourire ravageur, la jolie jeune femme était radieuse sur la plus haute marche du podium. Elle pouvait savourer la Marseillaise jouée en son honneur. « Laure Olympique », titrait le lendemain L'Equipe qui la consacrait en fin d'année Championne des champions français devant Sébastien Loeb et Emilie Le Pennec.

Entraînée comme une forcenée par Philippe Lucas

Celle qui gagnera tout, et affichera 127 médailles dont 86 en or à la fin de sa carrière, s'entraînait comme une forcenée et enchaînait les longueurs à n'en pas finir sous les ordres de Philippe Lucas. Avec son entraineur à Melun, ils formaient un duo de caractère. Lucas ne mâchait pas ses mots et déployait des discours musclés à longueur de journées afin de pousser son élève, les échanges pouvaient être houleux. Les premiers mots après son sacre olympique sur le 400 mètres nage libre étaient pour son coach. « Je remercie mon entraîneur car cela fait treize ans qu'il m'entraîne pour cela ». « C'est une fille qui a un mental extraordinaire, qui s'entraîne très dur, aussi dur que les Américaines, voire plus. Et puis, elle a la tronche », lâchait Philippe Lucas.

Une « tueuse » en compétition

Laure Manaudou racontait plus tard qu'elle était une « tueuse » en compétition. « Un titre olympique, c'était partir à fond et "tuer" mentalement les nageuses qui étaient à côté de moi pour qu'elles se disent "on ne peut pas la rattraper". Et donc avant les courses, j'essayais de me mettre en face d'elle et de bien les fixer, de leur faire peur. C'était ma façon de faire et ça marchait ». Avant de connaître la consécration en 2006 en raflant neuf titres lors des Championnats de France et sept titres aux Championnats d'Europe de Budapest (elle égalait alors le record de Gewinger et Egerszegi), Manaudou repartait d'Athènes avec deux autres médailles.

Celle qui nageait uniquement pour gagner - « Je n'ai jamais aimé les entrainements, jusqu'à la fin de ma carrière. Mes plaisirs, c'était quand je gagnais ou quand mon papa m'amenait le dimanche matin pour s'amuser dans le public », disait-elle - empochait l'argent sur 800 mètres nage libre et le bronze sur 100 mètres dos. Trois récompenses à seulement 17 ans... En compagnie des autres médaillés olympiques, elle recevait des mains du président de la République Jacques Chirac la Légion d'honneur en cette si spéciale année 2004.

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