Jeux de Tokyo : Le handball français au sommet

Thomas Siniecki, Media365 : publié le vendredi 24 décembre 2021 à 15h07

Chacun de leurs matchs a été disputé avec un jour de différence, les garçons toujours avant les filles. Mais les deux équipes de France, au final, ont chacune pris leur revanche sur leur bourreau de 2016, cinq ans auparavant.

Les Bleus

Les Français sortent d'une quatrième place au Mondial au mois de janvier, pour la première compétition de l'ère Guillaume Gille. La reconstruction est en marche après le désastre de la fin de l'époque Didier Dinart - dont Guillaume Gille était adjoint - marquée par une élimination dès le premier tour de l'Euro 2020. Le TQO du mois de mars, à domicile, n'a fort heureusement été que la formalité espérée. C'est donc avec le statut parfait d'attendus, mais pas trop, que les Bleus débarquent à Tokyo. Le premier tour servira de rampe de lancement, avec quatre victoires consécutives (33-27 contre l'Argentine, 34-29 face au Brésil, 30-29 devant l'Allemagne, 36-31 contre l'Espagne).

La défaite face à la Norvège (32-29) est totalement indolore, l'équipe de France étant d'ores et déjà assurée de terminer en tête de son groupe. Nikola Karabatic - indéfectible guide à 37 ans, de retour après une rupture des ligaments croisés du genou - et ses partenaires profitent à plein de ce bon tableau qu'ils sont allés chercher eux-mêmes avec cette première place. Ils écartent avec autorité Bahreïn en quarts de finale (42-28) puis l'Egypte en demies (27-23), ce qui leur offre une quatrième finale olympique consécutive. Le Danemark, qui avait empêché la passe de trois des Experts à Rio en 2016, se présente à nouveau sur la route pour une revanche idéale. Les Français, lancés sur leur dynamique, ne vont pas manquer l'occasion rêvée.

Vainqueurs 25-23 au terme d'un scénario au couteau, les Bleus rentrent un peu plus dans l'histoire de leur sport. En plus de Nikola Karabatic, Michaël Guigou et Luc Abalo deviennent également triples champions olympiques, alors que Vincent Gérard réussit désormais des exploits comparables dans le but à ceux de son illustre prédécesseur Thierry Omeyer. "Trois fois champions olympiques, quatre médailles, c'est fou, c'est un palmarès de nageur, s'exclame Nikola Karabatic en riant (pour l'AFP). Je n'arrive pas à réaliser, c'est tellement incroyable. On ne s'habitue jamais à la victoire, autrement je ne serais pas là. Je suis tellement fier." Le joueur du Paris Saint-Germain est le seul à continuer, chassant encore et encore l'idée d'une impensable retraite.

Les Bleues

Le parcours des toutes récentes vice-championnes du monde est loin d'avoir abrité la même plénitude que celui de leurs homologues masculins. Les vice-championnes olympiques (2016) et vice-championnes d'Europe (2020) débutent par une victoire contre la Hongrie (30-29) mais chutent dans la foulée devant l'Espagne (25-28), puis sont accrochées par la Suède (28-28) et perdent à nouveau contre la Russie (27-28). Malgré cette avancée difficile, une finale leur reste proposée contre le Brésil : si elles s'imposent, les Françaises atteindront les quarts. Le genre d'écueil typiquement tricolore qui va unir les filles d'Olivier Krumbholz, les sortir d'une forme de léthargie bien trop paralysante à un tel niveau.

"On a eu une super discussion entre filles, qui nous a fait le plus grand bien", révèle Béatrice Edwige (pour L'Equipe). "On s'est dit ce qui allait et ce qui n'allait pas, on s'est vraiment mises à nu", poursuit Cléopâtre Darleux. "L'objet, c'était le handball, c'était nous, conclut Oceane Sercien Ugolin. Comment s'ouvrir, ne pas avoir peur de la fragilité de chacune, se donner sans retenue, que ce soit du bon ou du mauvais. Je vous rassure, il n'y avait rien qui allait mal, mais il fallait qu'on se permette de faire sortir nos émotions. On s'est resserrées, on a juste cru en nous." Le résultat sera spectaculaire, preuve de la nécessité de ces petits riens qui font un grand tout au cours d'un tournoi final, peu importe les performances passées plus ou moins récentes.

D'abord cette victoire contre les Brésiliennes (29-22) puis cette démonstration devant les Pays-Bas en quarts de finale (32-22), où Amandine Leynaud réussit 22 arrêts ! Les Suédoises et les Russes, déjà affrontées en poule, ne résistent pas non plus (29-27 puis 30-25) et l'équipe de France féminine est sacrée championne olympique pour la première fois de son histoire. Sous les acclamations des garçons, couronnés la veille et autorisés avec bonheur à vivifier le huis clos. Allison Pineau sourit (sur France 3) : "On a un peu l'habitude qu'ils nous mettent la pression, mais normalement on joue avant eux dans nos compétitions de la saison, donc ce sont eux qui l'ont... Là, ils ont voulu nous la mettre et on a répondu comme il fallait." Quelque part, c'est presque triste : le handball français ne pourra jamais faire mieux.

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