Euro 2000 : les Bleus à l'arraché

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Emmanuel LANGELLIER, Media365 : publié le mardi 02 novembre 2021 à 10h41

Deux ans après la Coupe du monde 1998, l'équipe de France remportait l'Euro 2000 au terme d'un superbe parcours et d'une incroyable finale contre l'Italie.

Le but en or. Les jeunes d'aujourd'hui n'ont aucune idée de ce que c'est. Mis en place durant seulement six ans, il a provoqué le malheur de certains mais aussi et surtout la grande libération d'autres, dont l'incroyable bonheur des Bleus en 2000. Grâce à cette nouveauté installée lors de la Coupe du Monde 1998, les hommes de Roger Lemerre ont succédé à ceux de Michel Hidalgo, premiers lauréats tricolores d'une grande compétition en 1984.
C'était à l'occasion de l'Euro 2000. Grâce au but en or de David Trezeguet, la France, favorite, justifiait son statut et remportait son deuxième Championnat d'Europe, alors qu'elle était très proche de la défaite. Deux ans après la Coupe du Monde 1998 décrochée sur le sol national et un écrasant succès au Stade de France face au Brésil (3-0), la France redescendait dans les rues en juillet et festoyait, gâtée par autant de réussite sportive. Elle venait d'écœurer définitivement l'Italie qui était pourtant, quelques minutes auparavant, proche de sabrer le champagne. Une blague naissait alors dans les heures suivantes : « Sais-tu comment on rebouche une bouteille de champagne ? Non ? Eh bien, demande à un Italien ! »

Des Bleus plus séduisants en 4-2-3-1

Déjà éliminée par les Bleus d'Aimé Jacquet en quarts de finale à l'issue de la séance fatidique des tirs au but au cours du Mondial 98, la Nazionale pensait pourtant bien tenir sa revanche. Sortie en tête du groupe B grâce à ses victoires aux dépens de la Turquie (2-1), la Belgique (2-0) et la Suède (2-1), l'équipe de Dino Zoff, qui avait enchainé en éliminant la Roumanie (2-0) en quarts puis les Pays-Bas aux tirs au but en demies (0-0, 3-1 aux t.a.b.), avait pris les devants à Rotterdam, lieu de la finale.

Solide avec son trio défensif Cannavaro-Nesta-Iuliano devant Toldo, ses pistons Pessotto et Maldini, et son duo Albertini-Di Biagio, l'Italie avait ouvert le score à la 55eme minute par Delvecchio, titularisé en attaque avec Totti et Fiore, sorti pour faire entrer Del Piero à la 50eme. Les Bleus s'étaient procuré les premières situations chaudes. Maldini s'était interposé devant Djorkaeff dès la première minute puis Henry avait heurté le poteau gauche sur un tir surprenant (6eme). Disposée en 4-2-3-1 sous les ordres de Lemerre avec Thuram-Desailly-Blanc-Lizarazu devant Barthez, soit comme au Mondial 98, une paire Vieira-Deschamps et le trio Djorkaeff-Zidane-Henry derrière Dugarry, la France, plus séduisante qu'en 98 sur cet Euro, s'était ensuite heurtée aux Italiens.

Del Piero rate deux fois le break

Disposés pour défendre à huit et gicler rapidement en contre, les Transalpins jugulaient des occasions de Henry et Zidane peu avant la reprise victorieuse du plat du pied gauche de Delvecchio sur un centre de Pessotto. Ni Desailly ni Blanc n'avait pu s'interposer sur le centre du Turinois. Les Bleus, deuxième du groupe D derrière les Pays-Bas avec 6 points (succès 3-0 face au Danemark et 2-1 contre la République tchèque, revers face aux Bataves, 2-3), voyaient avec soulagement Del Piero manquer le break. L'élégant attaquant de la Juventus Turin ratait deux fois devant Barthez en excellente position (58eme, 84eme).

Les supporters bleu-blanc-rouge, déjà sous pression lors deux matchs précédents face à l'Espagne et au Portugal, allaient encore vibrer durant cet été 2000. Tombeurs de la Roja (2-1) après avoir été rejoints en quarts puis renversants face à la bande de Luis Figo et Rui Costa en demi-finales, les Bleus allaient encore remettre ça. Alors qu'il ne restait que quarante secondes à jouer dans la quatrième et dernière minute du temps additionnel et que les remplaçants italiens sont tous debout prêt à exulter, Barthez lève un dernier coup franc depuis le camp tricolore. Entré en lieu et place de Djorkaeff (76eme), Trezeguet devance Iuliano et dévie de la tête sur la gauche vers Wiltord qui a remplacé Dugarry (58eme)...

Wiltord égalise, Trezeguet inscrit le but en or

Cannavaro ne peut que détourner du crâne, l'attaquant de Bordeaux s'emmène le ballon de la poitrine sur la gauche de la surface de réparation italienne et frappe du pied gauche. Son tir croisé file entre les jambes de Nesta et n'est dévié qu'insuffisamment par Toldo, battu sur sa gauche ! Au sol, le portier de la Fiorentina constate les dégâts et se prend la tête entre les mains. Futur entraîneur de la Juventus et de la Nazionale, Conte, remplaçant ce dimanche 2 juillet 2000, est dépité au bord du terrain. Lemerre, lui, est ébahi. Incroyable, la France égalise et s'offre la prolongation (1-1) !

Le rapport de force s'inverse dans cette incroyable finale dont le dénouement va être encore plus inouï. Henry (95eme) et Zidane (101eme, 102eme) se signalent. Comme la demi-finale conclue par le penalty libérateur de « Zizou » à la 117eme (2-1) et le huitième du Mondial 98 (but de Blanc face au Paraguay), la décision va se faire au fameux but en or, ce but qui met un terme immédiat à la rencontre. Pires, qui a suppléé Lizarazu (85eme), déborde énergiquement sur le flanc gauche et prend de vitesse Cannavaro avant de centrer en retrait. Au premier poteau, Trezeguet se défait du marquage de la paire Iuliano-Maldini et arme une reprise terrible. Son pied gauche propulse le ballon dans la lucarne transalpine de Toldo, pris à contre-pied (109eme). Le buteur en or retire son maillot qu'il brandit tel un trophée et part dans une course endiablée ! Son sélectionneur part à toutes enjambées le féliciter comme le reste de l'équipe. Quelques instants plus tard, après la Ligue des Champions 1993 et la Coupe du Monde 2018, Deschamps soulève un nouveau trophée majeur. Les Bleus deviennent alors les premiers de l'histoire à enchainer Coupe du Monde et Euro.

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