Juba Touabi, Media365, publié le vendredi 18 avril 2025 à 09h54
Strasbourg, 6e de Ligue 1, est en passe de réaliser une belle saison sur le plan sportif.
Pourtant, derrière l'euphorie sportive, un profond malaise agite la Meinau. Depuis le début de la saison, les ultras protestent en silence contre un modèle de gouvernance qu'ils jugent menaçant pour l'identité du club. Alors que le RC Strasbourg réalise de bonnes performances en Ligue 1, l'ambiance en tribunes est plus mitigée. Depuis plusieurs mois, les UB90, principal groupe ultra du club, observent un silence de 15 minutes en début de chaque rencontre. Une grève symbolique mais puissante, destinée à dénoncer la multipropriété incarnée par BlueCo, propriétaire à la fois de Strasbourg et de Chelsea.
Les supporters ne veulent pas de la multipropriété
Pour les supporters contestataires, ce modèle remet en cause l'autonomie du club. Ils redoutent de voir Strasbourg réduit au rang de simple satellite des Blues londoniens, sacrifiant son indépendance sur l'autel d'une logique de réseau. Une rencontre de 15 minutes, le weekend dernier, avec Behdad Eghbali, représentant de BlueCo, n'a pas suffi à apaiser les tensions : les UB90 restent inflexibles et déterminés à poursuivre leur action. La grève ne fait toutefois pas l'unanimité dans les travées du stade. Si certains supporters partagent les inquiétudes des ultras, d'autres s'inquiètent de l'impact sur l'ambiance et sur le moral de l'équipe. Cette division illustre un dilemme plus large : comment concilier exigence de transparence et soutien inconditionnel à une équipe qui, elle, ne démérite pas ?
Les UB90 tiennent à le rappeler : leur colère ne vise ni les joueurs ni l'entraîneur, Liam Rosenior, jugé irréprochable depuis son arrivée. Leur crainte vient d'un passé encore vif dans les mémoires, marqué par les épisodes chaotiques de la gestion IMG-McCormack ou encore Hilali, qui avaient plongé le club dans l'instabilité. Du côté des dirigeants, on tente de rassurer. BlueCo se présente comme un investisseur engagé à long terme, ayant déjà injecté 160 millions d'euros pour le développement du club, notamment dans la modernisation des infrastructures. Le président Marc Keller et le capitaine Habib Diarra ont appelé les supporters à l'unité, estimant que cette période de réussite mérite un élan collectif. Mais le bras de fer semble loin d'être terminé. Les UB90, malgré les critiques internes et les résultats positifs, maintiennent leur cap : pour eux, le RC Strasbourg doit rester un club à part entière, libre de ses décisions, maître de son destin.