Riolo : "Si réellement, le PSG arrive à sortir les starlettes, alors là..."

Riolo : "Si réellement, le PSG arrive à sortir les starlettes, alors là..."©Winamax/Caroline Darcourt, Media365
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Aurélien Canot, Media365, publié le mardi 06 juin 2023 à 14h33

Alors que vient de sortir "Chaos Football Club" (éditions Hugo Sport) qu'il a co-écrit avec Abdelkrim Branine, Daniel Riolo, présent la semaine dernière à Marrakech pour le Winamax Sismix, où il a joué quelques tournois, nous parle de sa passion pour le poker et pour le PSG, même si le journaliste éditorialiste grande gueule de RMC et BFM a bien peur de déchanter une nouvelle fois en ce qui concerne la saison à venir des Parisiens.


Daniel, à quand remonte votre amour pour le poker ?
J'ai toujours aimé jouer. J'adore jouer les jeux de société, les jeux de cartes. Je jouais au poker fermé. Après, je ne jouais pas toutes les semaines, ça n'a rien à voir. Mais le boum, effectivement, c'est Canal, c'est Bruel. Une émission à la télé où tu regardes, où il y avait une mise en scène qui était bien foutue, qui racontait des belles histoires. J'étais exactement dans cette mouvance-là, avec pas mal de potes qui sont tombés dedans également. Donc on a commencé à jouer, et ça s'est matérialisé très vite en quelque chose de professionnel. Plus de dix ans après, je me rends compte que je n'y connaissais pas grand chose. Un gars qui bossait dans le groupe AB où il y avait RTL9 m'avait passé un coup de fil en me disant : "Est-ce que tu connais un journaliste qui pourrait commenter du poker ?" J'ai dit : « Bah oui, moi". Je me suis proposé et j'ai commenté les WSOP en 2007- 2008 avec Bruno Fitoussi, qui est un grand pro encore aujourd'hui sur le circuit, une sorte de pionnier du poker français. C'est avec lui que j'ai appris et que j'ai commencé à comprendre le jeu tout en le commentant. Ça a été ma première vraie expérience professionnelle dans le poker. RMC ? Ça a commencé par des partenariats. Chez Partouche, ils se sont dits : « Et si on faisait une émission sur le poker ? » Et là, on a commencé à créer l'émission qui s'appelait Dr Poker et qui est devenue le RMC Poker Show. Ca doit dater de 2011-2012 ce truc-là quand même. Donc ça fait quand même vraiment très, très longtemps maintenant qu'on fait cette émission, et toutes les semaines en plus.

Est-ce le fait de commenter le poker qui vous a donné envie de jouer toujours plus ?
Oui, ça a été l'explosion crescendo. J'ai fait la connaissance des clubs de jeu, des cercles, des tournois. C'est devenu quelque chose d'important dans ma vie. Après, le virage, c'est Winamax parce qu'eux, ils étaient élaborés et leur approche était sportive. C'est là que ça faisait le lien parfait avec ce que je faisais par ailleurs, moi qui suis journaliste dans le sport... "Wina", ils avaient une démarche puisqu'ils avaient une équipe, qu'ils traitaient des tournois, et parce que sur leur site, ils racontaient la vie des gens. Donc c'était vraiment une approche journalistique. Donc quand Wina a pris la suite de PokerStars en 2014, c'est vraiment devenu le vrai RMC Poker Show. On recevait les champions, on suivait les tournois, on racontait des histoires. Après, en ce qui me concerne, dès que j'ai pu faire un tournoi, je l'ai fait. D'ailleurs, j'aimerais jouer beaucoup plus moi, c'est d'ailleurs pour ça que je ne progresse pas des masses. Moi, je peux jouer à la maison quand j'organise des parties avec les potes mais les tournois, je ne peux pas parce que c'est sur plusieurs jours et qu'il faut que je bosse. J'ai un emploi du temps... Mon premier métier, c'est de suivre le football, pas de suivre le poker. Donc de caser ça en même temps, c'est pas toujours simple. Mais dès que je peux, j'essaye.

Comme vous l'avez fait la semaine dernière à Marrakech, où vous aviez participé au Sismix... 
Revenir au Sixmix, c'est génial. Après les événements Winamax, on les a toujours suivis. L'année dernière, j'ai fait pour la première fois les championnats du monde, on y retourne cette année, à Las Vegas. Le poker est devenu vraiment super important dans ma vie. Maintenant, je connais les champions. Avant, je ne les connaissais pas. Je connais plus de champions dans le poker que dans le foot. Et dans le poker, ça ne me gêne pas d'être ami avec eux. Dans le foot, je n'ai jamais voulu. Je pense que l'avenir qu'on doit donner à notre émission, c'est aussi de parler des coups, de comment on les joue, de critiquer tout ça.

D'autant que les téléspectateurs, eux, ne se gênent pas pour le faire ?
Oui, tu as raison. Après, il faut que je me décomplexe aussi. Je n'ai aucun complexe dans le foot car j'ai beaucoup étudié le truc, mais dans le poker, je n'ai pas assez étudié. Dans le foot, on me dit : « tu en parles, tu n'as jamais joué ». Pour moi, ce n'est pas un problème. Tu as plein d'entraîneurs de très haut niveau qui n'ont pas été joueur et de très bons joueurs qui ne sont pas des très bons entraîneurs et encore moins de très bons consultants. Si tu étudies une matière, que tu la bosses complètement, que tu parles avec des gens, que tu sais comment monter une tactique, et que tu sais qui est bon ou pas bon, tu peux le faire. Au poker, je n'ai pas assez bossé. Moundir, lui, a beaucoup bossé et il est aussi dans l'émission pour ça. Il bosse beaucoup son jeu, donc il est peut être plus à même de le faire. Moi, il faut encore que je bosse un peu. Des fois, je donne un peu mon avis comme ça, mais je suis encore vachement complexé.

Moundir a-t-il, lui, tendance à parfois commenter des coups ?
Je pense qu'il a déjà plus de légitimité à le faire parce que maintenant il joue de gros tournois. Il a remporté ses premiers tournois importants, il a plus de légitimité quand même. Moundir, il travaille. C'est un mec dans le poker, il est très sérieux. Tu vois : il a eu l'opportunité de jouer les Tritons à Chypre... Pendant une semaine avant, il a bossé avec des vrais coachs et tout. Lui, il est beaucoup plus à fond dedans. D'ailleurs, je n'arrête pas de lui dire qu'il faut qu'il bascule et qu'il devienne pro. Il ne veut pas en entendre parler mais je pense que c'est son destin.

Doit-on comprendre que vous devez vous freiner lorsqu'il est question de poker ?
Un peu, oui.

En revanche, quand vous rentrez à la maison, il y en a une qui ne vous met pas forcément des freins, si vous voyez ce que je veux dire, parce que c'est une mordue elle aussi...
Oui, on adore faire des parties de poker à la maison tous les deux. Des parties à huit, à neuf. On réunit des amis, on joue au poker, et on passe vraiment de très bonnes soirées. On adore ça. Au début, quand on s'est connu, elle ne connaissait pas. Je l'ai mise au poker, elle a adhéré tout de suite. Elle adore ça, elle aime bien jouer.

"J'aurais voulu être anglais, mais je suis sicilien"

Pour très bien vous connaître sur un court de tennis où vous n'êtes pas le plus grand des calmes, avez-vous tendance à voir rouge à la table de poker également ?
C'est vrai que j'ai du mal. Je suis capable de ne pas aimer la façon dont un coup se fait ou de ne pas être assez patient pour accepter que pendant une heure ou deux, tu n'aies pas une main. Mais ça, c'est le travail. Au tennis, j'ai beaucoup pris sur moi. Je m'énerve beaucoup moins qu'avant. C'est aussi comme ça que j'ai progressé. C'est en acceptant, la résilience... D'ailleurs, le poker et le tennis ont des liens au niveau de la résilience et de la gestion de la frustration. J'ai progressé au tennis là-dessus. Au poker, parfois, ça me casse bien les c..... J'ai du mal à gérer ça.

Pouvez-vous vriller ?
Oui mais je ne vais pas insulter un mec... Ne serait-ce qu'hier (NDLR : L'entretien a été réalisé la semaine dernière lors du Sismix de Marrakech), je suis sorti d'un tournoi. Je ne sais plus qui à côté lui a dit : « Bien joué ». Mais bien joué de quoi ? Dis-lui « bonne ch.... » mais pas « bien joué ». Pitié quoi.

Et quand vous vous retrouvez à la table avec un adversaire insupportable...
Alors ça, pour le coup, j'accepte. Si le mec veut faire le show, au contraire... A la limite, ça fait partie du paysage comme sur un terrain de foot ou un adversaire au tennis qui en fait trop. Ça, je l'accepte sans problème. Je me dis « OK, il a une attitude ». Moi j'aime bien les personnalités. Ce que je dois gérer toujours, c'est par rapport à moi. C'est moi, moi même, moi ma tête, moi mon attitude, moi qui m'en veux de ne pas rester calme, moi qui m'en veux de ne pas bien gérer ma personnalité. Mais c'est globalement dans la vie que je suis comme ça ou parce que je suis peut être trop sanguin, je m'énerve trop et je m'en veux toujours de pas être super calme. Je crois que j'aurais voulu être anglais en fait. Mais je suis sicilien...

Etes-vous un habitué des jeux d'argent et de casino, de manière générale ?
Non, ça je n'aime pas du tout. Je m'en fous complètement. Le seul truc que j'ai découvert l'année dernière à Vegas qui m'a fait vraiment triper à mort (sic), c'est le craps. Je n'ai pas forcément compris les règles mais je me suis éclaté à jouer parce que je jouais avec une bande qui savait y jouer. C'est un jeu de dés, je pense que tout le monde sait faire. Mais j'ai adoré ce jeu. C'est un jeu qui se fait en bande, en bande de potes et tu joues contre la banque. Au poker, tu joues contre des adversaires. Au tennis aussi. Là, tu joues contre la table, contre la banque, le casino. Tu arrives en bande : « Vas-y, fais ça, lance les dés... », ça crée une ambiance. Et en fait, ce jeu ne peut se jouer que à Vegas. Il y a une table à Monaco je crois, mais c'est difficile d'y entrer.

Avez-vous déjà réussi de grosses performances en poker ?
Non, des grosses perfs, non. J'ai gagné deux tournois à San Remo, un tournoi caritatif chez Winamax. A Cabourg, j'ai fait deuxième ou troisième une fois, mais je n'appelle pas ça une performance non plus. Maintenant, à partir du moment où tu participes à un tournoi, qu'il y a 80 joueurs, si tu les bats, c'est quand même pas mal. Après à la maison, je suis injouable. À domicile, c'est costaud. Comme je n'ai pas envie de sortir parce que je n'ai pas envie d'être chez moi et de regarder les autres, car c'est un peu relou, je me concentre à la maison. Comme dit Moundir : « Toi, tu truques les cartes à la maison ». À la maison, je suis solide. C'est un peu les équipes des années 70 à domicile. Il y a le public et tout, c'est chaud.

Parlons football un peu. Est-ce que quelque part, ce procès que vous faites régulièrement au PSG, à certains joueurs en particulier notamment, est-ce que ce n'est pas aussi parce que vous attendez énormément de ce club, mais que vous ne l'obtenez jamais ?
Je pense que je me suis toujours détaché du fait que je sois supporter du club. Maintenant, le fait qu'on en parle beaucoup, c'est normal. C'est le club le plus médiatisé. Le fait qu'il y ait une attente, c'est normal aussi, parce qu'il y a énormément de moyens. Donc, quand t'as des moyens et quand un club affiche des moyens et de l'ambition, c'est normal que tu le regardes de plus près. Et c'est normal qu'il y ait une grosse attente autour. Que je comprenne ce que ressentent les supporters du PSG, je le pense. Mais la vérité, c'est que si tu demandes à des supporters de l'OM ou des supporters de Lyon, enfin à des clubs qui ont des grosses communautés de supporters, je pense qu'ils te diront aussi que je les comprends.

"José Mourinho au PSG, ça me ferait vraiment ch..."

"Qu'est-ce qui vous laisse penser cela ?
En fait, si tu as été dans une tribune, si tu as fait dans ta vie de la bagnole, à préparer tes sandwichs quand tu es gamin pour aller au stade, si tu es allé avec tes amis, ta famille, si t'as en toi ancrée cette culture du foot vu par le prisme des supporters, je pense qu'il y a beaucoup de points communs. Et que finalement on se comprend tous et qu'on a tous les mêmes attentes sur ce que doit être notre club, sur ce que doivent être les joueurs, sur ce que les joueurs doivent faire sur le terrain. Et on pense tous également que les grigris d'un joueur ou les passes décisives d'un joueur ou les caprices d'un joueur, tout ça, c'est secondaire. Ce qu'on veut, c'est un collectif, une équipe qui répond présent et qui répond aux attentes que tu places en elle. C'est pour ça que je pense qu'on est tous pareils, et c'est ça qui me permet de comprendre la grande majorité des supporters du PSG.

Mais pas tous pour autant ?
Non, pas les nouveaux, pas ceux que l'on appelle les touristes, car je pense qu'ils regardent le côté star. Untel, il a fait ça untel il a touché tant de ballons et tout. Ok, très bien. Dans l'analyse foot, il faut aussi regarder qui est bon et qui ne l'est pas. Mais je pense qu'en ce moment au PSG, c'est pas tant l'analyse statistique des joueurs qui compte, c'est réellement ce qu'est en train de devenir le club où il va, et la souffrance qu'il occasionne pour beaucoup de supporters. L'analyse autour du club, elle tient vraiment à ça aujourd'hui, à l'âme qu'a ce club. Un club qu'ont connu tous ceux qui allaient au Parc dans les années 80-90, 2000. Je connais ce sentiment parce que je l'ai et je parle à assez de supporters du PSG autour de moi et les échos qu'on en a me montrent que je comprends la situation. Donc évidemment, on en parle. Évidemment, ça me touche. Je prends parfois du recul, parfois moins, parfois ça m'énerve. Car oui, parfois, je suis vraiment dans l'agacement en tant que supporter.

Vous en voulez-vous quand vous voyez rouge en plateau, parfois pendant quinze ou vingt minutes ?
Non, pas trop. Franchement, moi je ne comprendrai jamais que des joueurs ne saluent pas un public, je ne peux pas comprendre ça. C'est un truc que je ne digérerai jamais. Et les gens, les nouveaux supporters qui ne disent rien, qui comprennent ça, moi ça je ne peux pas. Je ne peux pas comprendre que des joueurs ne viennent pas comme ça saluer les gens : les gens qui payent, qui viennent là pour vibrer, qui étaient là avant toi, et qui seront là encore après. C'est un truc que je n'admets pas. Encore à Auxerre le week-end dernier (NDLR : entretien réalisé avant l'avant-dernière journée de L1), tu n'as pas un joueur qui est allé saluer le CUP alors que les gars venaient de s'embrouiller avec le club, avec cette histoire de grève tout ça. Moi ça, je ne comprendrais jamais. C'est pour ça qu'on en parle souvent et c'est pour ça que ça me tient à cœur. Même un mec comme Jérôme Rothen, il est pareil. Parce que, lui, il a été joueur, il a été supporteur avant d'ailleurs.

Avez-vous le sentiment qu'il soit le seul dans ce cas ?
Non, chez les consultants, si tu les écoutes bien, tu noteras que tu as toujours une différence entre les joueurs qui eux-mêmes ont aimé un club et ceux qui ont été plus neutre, qui ont fait plein de clubs mais qui ont un regard un peu plus distant. C'est ce que j'appelle la différence de point de vue. Ça ne veut pas dire qu'ils ont toujours raison, attention, parce que justement, parfois, l'implication, ça peut te faire manquer d'un peu de recul. Mais ce que dit Rothen, ce que dit Di Meco, ce genre de gars-là, qui sont liés à un club, qui connaissent les supporters, qui parlent avec eux, leurs points de vue dans les moments de crise d'un club, leurs ressentis sur ce que doit être un club, il est souvent assez pointu par rapport à des consultants qui sont en plus des joueurs qui ont changé mille fois de clubs et qui même parfois, parce que ça arrive, ont un peu de mépris vis-à-vis des supporters. Je fais attention à tout ça.

Que préconiseriez-vous pour que le PSG puisse enfin monter sur le toit de l'Europe ? Un coup de balai, Nasser Al-Khelaïfi compris ?
Tu sais très bien que Nasser ne bougera pas. Donc tu gardes Nasser. Encore une fois, comme chaque année, on va être plein d'espoir, on va y croire. Ils vont renouveler l'effectif, donc on va espérer que ceux qui viennent vont être bons. Ils vont changer d'entraîneur et on espère que ça va être un bon. Sur le papier, ça va être un bon, c'est certain. Que ce soit Xabi Alonso, Luis Enrique, Thiago Motta.... Bon José Mourinho, ça me ferait vraiment ch.... (sic) . Dans cette nouvelle génération d'entraîneurs, ils sont tous bons. Mais comment vont-ils bosser ? Avec quel effectif ? Qu'est-ce que tu vas leur donner ? Et surtout, quel pouvoir réel tu leur donneras pour gérer ce qu'on appelle les stars. Maintenant, si réellement ils arrivent à sortir les starlettes du vestiaire alors là... Alors là, à nouveau, j'aurais comme chaque année un espoir que ça s'arrange...

Pensez-vous que ce soit le souhait profond de Mbappé notamment ?
Oui, je pense. Mbappé, au fond, il est évident qu'il a envie que ça marche et que lui, je pense qu'il sait ce qu'il faut faire. Après, le pouvoir surréaliste qu'on lui a donné, évidemment que ce n'est pas normal. Et qu'il ait dit ok pour Campos, ça nous a donné Galtier et ça c'est terrible. Mais ce qui est dingue dans ce club, ce que je pense qu'on sait tous ce qu'il faut faire. N'importe qui sait ce qu'il faut faire. Il faut nommer un bon entraîneur, faire un bon recrutement et arrêter d'accepter les comportements des petites vedettes. En fait, on sait tous ce qu'il faut faire. Ça a l'air très simple au final. Alors, on va tous espérer, moi aussi et comme chaque année, que ça se fera un jour.

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