Nantes : Kita et ses entraîneurs, toujours la même histoire

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Clément Pédron, Media365, publié le lundi 07 décembre 2020 à 18h40

Après la claque reçue à La Beaujoire contre Strasbourg dimanche (0-4), il ne fait plus trop de doutes que l'avenir de Christian Gourcuff au FC Nantes s'inscrit en pointillé. Un de plus diront les amoureux du FCN dont la lassitude face aux divers passages des coachs sur le banc des Canaris, est cyclique.

Un vilain serpent de mer, une longue anguille dans la Loire, dirons-nous pour raccrocher géographiquement à notre sujet. En effet, c'est tout le temps la même histoire, les même maux, presque les mêmes causes et conséquences. Et sans mauvais jeu de mots, cela ne fait même plus rire jaune, ici du côté du FC Nantes. Le club octuple champion de France a beau ne pas être relégable, il s'apprête à vivre une nouvelle fois sous l'exposition médiatique de celui qui va virer son entraîneur. Christian Gourcuff ne s'en cache pas, personne en fait, sur les bords de l'Erdre. Avec 13 petits points en 13 matchs, Waldemar Kita, le propriétaire sulfureux du FCN, devrait - même s'il s'en défend - sonner la fin de sa collaboration avec le Breton. La déculottée subie dimanche à domicile (0-4) contre le RC Strasbourg (19eme), a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. La même, en 2016, quelques heures après la défaite des Jaune et Vert (0-6) contre Lyon, qui avait provoqué le départ de René Girard. Le problème pour les Canaris, est que quatre ans plus tard, rien n'a changé. Un nombre résume à lui seul, l'instabilité permanente du banc nantais : 16. Depuis le rachat du club en 2007, Christian Gourcuff est le 16eme coach à s'installer à la tête de l'équipe première (intérims comprises).



Y aurait-il du poil à gratter dans ce siège frappé du sigle du FCN ? À en croire les faits, oui. Prenons l'affaire en cours de route, sous la deuxième ère Michel Der Zakarian (2013 - 2016). La fin de saison se déroule sous de vives tensions en interne entre le président et l'entraîneur. Alors qu'il est en fin de contrat avec le FCN, l'actuel coach de Montpellier annonce qu'il quitte le club à la fin de cet exercice, en avril 2016, car « il ne veut plus travailler avec Kita ». En réponse à cette sortie médiatique, la direction empêche Michel Der Zakarian de faire ses adieux au micro à la Tribune Loire lors du dernier match à domicile perdu contre Caen (1-2), en augmentant le volume de la sono. Interrogé sur le sujet, Waldemar Kita nie être le responsable de cette décision. Qu'importe, ce dernier se met en quête d'un entraîneur et vise Christian Gourcuff avant que celui-ci ne signe finalement avec le Stade Rennais. Le Polonais se rabat donc sur René Girard, ex-coach de Bordeaux, rival du FCN. Quinze journées plus tard, comme précédemment évoqué, l'actuel technicien du Paris FC est limogé après la claque reçue par les Lyonnais. Après l'intérim mené par Philippe Mao, un nouvel arrivant va bousculer tous les étages du club.

Le départ de Conceiçao mal dirigé à Nantes

Sergio Conceiçao, actuel entraîneur du FC Porto, est nommé en décembre 2016. Le Portugais insuffle de nouvelles idées, établit de nouvelles règles, s'attèle à la tâche, ne compte pas ses heures à la Jonelière. C'est aussi un personnage à fort caractère, qui peut péter parfois des câbles. Mais les résultats sont là, en six mois, le FCN termine à une inespérée 7eme place de la Ligue 1. Avec lui, les Canaris alignent 11 succès, 5 nuls et 6 défaites. L'alliage semble enfin prendre entre toutes les parties. Mais coup de théâtre à l'aube de la saison 2017-2018, Sergio Conceiçao quitte précipitamment le navire nantais pour raisons familiales et rejoint le FC Porto. La décision passe mal auprès de tout le monde alors que le Portugais avait signé jusqu'en 2020. En juin 2017, Waldemar Kita donne les clés de l'équipe à Claudio Ranieri, l'iconique entraîneur italien, pour deux ans. Là encore, le FC Nantes démarre fort, à la mi-saison, il est 5eme de Ligue 1. Tout le monde aspire alors à l'Europe mais le technicien ne parvient pas à maintenir le niveau de jeu de l'équipe durant la deuxième partie du championnat. Résultat, le FC Nantes tombe au 9eme rang et lors de l'avant-dernière journée, Kita et Ranieri annoncent la fin de leur collaboration. L'une des raisons extra-sportives liées à ce limogeage serait que l'Italien n'ait pas participé aux festivités pour les 75 ans du club car il avait une fuite dans sa salle de bain, à Londres...

Le faux bond de Vahid

Nouveau départ pour les Nantais avec la signature de Miguel Cardoso en juin 2017. Tous les suiveurs du club s'enthousiasment pour le jeu de possession développé par les Jaune et Vert ainsi que la signature d'Anthony Limbombe (pour 8 millions d'euros). Même si le premier match du nouvel entraîneur se solde par une dure défaite contre Monaco (0-3), les motifs de satisfaction sont nombreux pour les Canaris. Mais, encore une fois, la suite des opérations ne se déroule pas comme prévu. Les défaites s'enchaînent, Nantes est relégable à la 7eme journée. Le 2 octobre, le dirigeant nantais décide de virer Cardoso car il « ne fait pas assez progresser ses recrues ». L'ancienne gloire du club, Vahid Halilhodzic, prend le relais jusqu'au bout de la saison, marquée par le décès d'Emiliano Sala dans des circonstances tragiques. Le FCN finit 12eme avec 48 points mais l'ambiance autour du club est morose.

À une semaine de la reprise du championnat de France version 2018-2019, le Bosnien quitte le club à son tour, quelques minutes avant le début du dernier match amical contre le Genoa. Selon lui, « on n'a pas fait ce qu'(il) voulait » en termes de projet. Énième retour à la case départ et finalement, le 8 août 2019, Christian Gourcuff débarque les bords de l'Erdre. Comme d'habitude, le départ des Nantais est bon avant que la suite ne déchante. Finalement, l'arrêt de la saison dernière à cause du Covid-19 n'a fait que repousser d'un an la décision fatale. Nous voici donc une nouvelle fois, au moment T, prêts à boucler une nouvelle boucle dans cette valse incessante que les supporters sont malheureusement habitués à voir. Reste à savoir maintenant, qui va vouloir dompter ce fameux banc « éjectable ». Pour le moment, L'Équipe parle de Patrick Vieira, débarqué jeudi dernier de Nice, ou de Laurent Blanc, qui n'a plus entraîné depuis quatre ans. Qu'importe le futur visage du technicien des Jaune et Vert, on lui donne rendez-vous dans un an, même jour, même heure, pour faire le point.

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