Après le maintien, un avenir reste incertain au Havre

Après le maintien, un avenir reste incertain au Havre ©Icon Sport, Media365
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Juba Touabi, Media365, publié le mercredi 21 mai 2025 à 20h47

Le Havre AC restera en Ligue 1. Dans un match au suspense insoutenable, les Normands ont arraché leur survie dans l'élite en dominant Strasbourg 4-3 lors de l'ultime journée de championnat.

Un soulagement énorme pour le doyen du football français, qui évite de justesse la relégation. Mais derrière cette victoire, c'est un avenir teinté d'incertitudes qui se dessine. « C'est la saison la plus dure qu'on ait vécue, mais le bonheur est équivalent aux deux précédentes », admet sans détour Jean-Michel Roussier, président du club, en conférence de presse. Malgré une campagne irrégulière, la direction a choisi de maintenir sa confiance en Didier Digard. Une décision qui mise sur la continuité dans un environnement où la stabilité pourrait peser lourd.

Le constat est préoccupant : le modèle économique du HAC vacille. En deux ans, les recettes issues des droits télévisés sont passées de 18,5 millions à environ 5 millions d'euros. Une chute brutale qui oblige le club à revoir sa copie, notamment sur le plan salarial. C'est en tout cas ce qu'a expliqué Mathieu Bodmer, le directeur sportif du club. « On a des discussions avec certains joueurs (comme Josué Casimir ou Mathieu Gorgelin), mais ce n'est pas toujours facile. Il faut faire comprendre à des garçons arrivés avec des contrats élevés il y a deux ans que leurs salaires peuvent être divisés par deux, voire trois », a-t-il indiqué.

Une saison sous tension

L'intersaison s'annonce mouvementée, entre fins de contrat, retours de prêts et réductions drastiques des rémunérations, certains joueurs pourraient quitter le navire cet été. Si la DNCG, le gendarme financier du football français, n'a pas imposé d'interdiction de recrutement, elle exige une stricte maîtrise de la masse salariale. Le Havre devra donc faire preuve d'ingéniosité pour renforcer un effectif à reconstruire. Jean-Michel Roussier ne cache pas son amertume. À ses yeux, la Ligue 1 n'est plus que l'ombre d'elle-même. « Alors arrêtons de dire qu'on fait partie du « Big Five » », estime-t-il, le plaçant derrière ceux du Portugal, des Pays-Bas, voire même la deuxième division allemande. Un constat sévère qui illustre le désarroi d'un dirigeant confronté à la dure réalité économique du football français. Côté recrutement, pas de folies à prévoir.

Le club mise sur des recrues à faible coût, des paris mesurés plutôt que des têtes d'affiche. En parallèle, des rumeurs évoquent un possible rachat du club par le groupe Blue Crow, sans qu'aucune annonce officielle n'ait été faite à ce jour. Sur le plan structurel, une refonte du centre de formation de La Cavée Verte est en préparation, tandis que la section féminine pourrait connaître un nouvel élan. Des projets à long terme qui peinent cependant à dissiper les incertitudes à court terme. Le Havre a sauvé sa peau, mais l'équilibre reste fragile. Le club aborde la saison prochaine avec prudence, conscient que le plus dur reste à venir. Dans un contexte financier tendu, le maintien acquis cette année pourrait bien n'être qu'un sursis.

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