Emmanuel LANGELLIER, Media365 : publié le mardi 27 juin 2023 à 11h03
Le hijab pourrait être bientôt porté dans les compétitions de football en France, le rapporteur public du Conseil d'Etat allant dans ce sens.
Collectif informel représenté par l'association Alliance citoyenne, les Hijabeuses ont demandé l'annulation de l'article 1er de la FFF, qui interdit « tout port de signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance religieuse » et s'applique lors de matchs et compétitions que la Fédération française de football organise. Et, le rapporteur public du Conseil d'Etat, Clément Malverti, les a suivies en recommandant cette annulation, lundi.
La FFF et Frédéric Thiriez opposés
L'IFAB (International Football Association Board) comme la FIFA autorisent déjà le port de l'hijab, voile ou foulard porté par les femmes musulmanes qui couvre la tête en laissant le visage apparent, depuis 2014, considérant ce voile comme un signe culturel et non religieux. Le rapporteur public a mis en avant le caractère religieux qui existe dans certains clubs, professionnels ou amateurs, comme l'AJ Auxerre, fondé par un prêtre. Sachant aussi déjà que nombre de joueurs effectuent des prières au cours de leur entrée sur le terrain ou lors de buts inscrits. Une différence est toutefois faite entre les joueurs sélectionnés pour jouer avec les équipes de France et tout autre joueur. En équipe nationale, ils exercent l'équivalent d'une mission de service public, l'équipe nationale représentant la nation, ses joueurs sont alors sujets à une mission d'intérêt général. A l'instar des agents de la FFF, ils ne doivent pas montrer de signes religieux.
Cette recommandation n'est pas du gout de la FFF, Me Loïc Poupot, avocat de la FFF, estimant que « ce qui est recherché, c'est l'importation dans le football de revendications communautaires ». Pour l'ancien président de la LFP, Frédéric Thiriez, avocat au Conseil d'État et intervenant pour la Ligue du droit international des femmes (LDIF), la requête déposée par le collectif des Hijabeuses est « loin d'être un mouvement spontané de jeunes femmes mais résulte d'une offensive de l'islamisme politique avec à sa tête l'Iran et les monarchies du Golfe ». Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, est aussi farouchement contre. On sera fixé en juillet, la décision finale du Conseil d'État étant communiquée dans deux à trois semaines. En général (dans 90 % des cas), celle-ci est suivie par les magistrats du Palais-Royal.