Juba Touabi, Media365, publié le vendredi 14 février 2025 à 11h59
Le litige opposant la Ligue de Football Professionnel (LFP) et la plateforme de streaming DAZN autour des droits de diffusion de la Ligue 1 prend une tournure judiciaire.
Alors que le tribunal de commerce de Paris s'est penché sur l'affaire, ce vendredi, les tensions entre les deux parties ne cessent de croître, mettant en jeu un différend financier et soulevant des interrogations sur l'avenir de la retransmission du championnat. La LFP a saisi la justice pour récupérer 35 millions d'euros que DAZN a placés sous séquestre, estimant que l'instance dirigeante du football français n'a pas respecté ses engagements contractuels. En réponse, la plateforme a réagi, accusant la Ligue d'un manquement aux obligations prévues dans leur accord. Ce bras de fer illustre une relation de plus en plus tendue entre les deux entités.
L'audience devant le tribunal de commerce de Paris a réuni des acteurs clés du dossier, notamment Ben Morel, directeur général de la LFP, et Brice Daumin, directeur général de DAZN France. Ce dernier a révélé, pour la première fois, que la plateforme comptait environ 500 000 abonnés en France, un chiffre bien en deçà de l'objectif initial de 1,5 million. Cette donnée met en lumière les difficultés rencontrées par DAZN pour rentabiliser son modèle économique dans l'Hexagone. Outre les différends financiers, la question du piratage constitue un point de discorde majeur. DAZN reproche à la LFP de ne pas avoir suffisamment encadré cette menace, qui aurait explosé depuis son arrivée comme diffuseur officiel. Selon la plateforme britannique, la prolifération des retransmissions illégales et leur diffusion incontrôlée à l'étranger ont contribué à dévaluer le produit Ligue 1, dont l'attractivité repose en grande partie sur son exclusivité.
La LFP réclame le paiement des 35 millions d'euros
De son côté, la LFP accuse la plateforme de ne pas respecter ses obligations financières, bien que l'instance affirme avoir rigoureusement appliqué les termes du contrat. Ce jeu d'accusations réciproques met en lumière la fragilité du modèle économique des droits TV, un enjeu crucial pour la stabilité financière des clubs français. Ce conflit exacerbe également les critiques à l'encontre de Vincent Labrune, président de la LFP, dont la gestion du dossier est jugée opaque et inefficace par plusieurs dirigeants de clubs. Certains évoquent même son éventuel départ comme une solution pour renouer le dialogue avec Canal+, diffuseur historique du championnat.
La situation pourrait s'aggraver si DAZN décidait d'activer une clause de sortie anticipée dès cette saison. Une telle décision rouvrirait la porte à Canal+ pour récupérer les droits de diffusion de la Ligue 1, un scénario qui pourrait profondément redessiner le paysage audiovisuel du football français. Alors que l'issue de ce bras de fer demeure incertaine, cette crise révèle les failles du modèle économique actuel. Entre pertes financières, lutte contre le piratage et conflits institutionnels, la Ligue 1 se trouve à un tournant décisif. La résolution de ce différend sera déterminante pour l'avenir des droits TV et la stabilité économique du championnat français.