Juba Touabi, Media365, publié le jeudi 13 février 2025 à 08h45
Le conflit autour des droits TV de la Ligue 1 prend une tournure judiciaire.
DAZN, principal diffuseur du championnat, et la Ligue de Football Professionnel (LFP) sont engagés dans un bras de fer après le refus de la plateforme de verser l'intégralité de son échéance de février. En jeu, une somme de 70 millions d'euros, dont seuls 35 millions ont été payés, le reste étant placé sous séquestre par DAZN. Face à cette situation, la LFP a saisi le tribunal de commerce de Paris pour contraindre le diffuseur à honorer ses engagements financiers.
DAZN assume sa décision et invoque des conditions d'exploitation défavorables pour justifier ce geste. La plateforme dénonce notamment le piratage massif des matchs en France, un fléau qu'elle estime sous-estimé par rapport à d'autres marchés européens comme l'Italie et l'Angleterre. Brice Daumin, le premier responsable de la chaîne en France, s'est confié sur le sujet : « Mi-décembre, nous sommes allés voir la LFP avec un plan d'action pour mieux protéger notre exclusivité, lutter contre le piratage, bénéficier d'un meilleur soutien des clubs pour rendre le produit Ligue 1 beaucoup plus attractif. Mais elle n'est jamais revenue vers nous. Alors le 5 février, nous avons payé la moitié du montant dû, 35 millions et mis les 35 millions restants sous séquestre en attendant une réponse de la Ligue. Pour créer un électrochoc. »
Par ailleurs, DAZN critique le manque d'implication des clubs français dans la mise en valeur du produit Ligue 1, soulignant un déficit d'attractivité qui pénalise son développement. La plateforme appelle ainsi à revitaliser la compétition et attirer davantage d'abonnés. Toutefois, elle assure ne pas envisager de quitter le marché français, malgré les tensions actuelles. « Nous n'avons aucune intention de partir. Nous sommes là sur du long terme comme dans chaque pays où nous possédons des droits. On ne veut pas activer cette clause, ce serait un désastre pour tout le monde », a conclu le président de DAZN en France.
Labrune veut continuer à discuter avec DAZN
De son côté, la LFP exprime son exaspération face à l'attitude du diffuseur, jugeant cette stratégie conflictuelle contre-productive. Vincent Labrune, président de la Ligue, rappelle que le football français a déjà traversé de lourdes crises avec ses diffuseurs, notamment depuis l'échec retentissant de Mediapro en 2020. Dans un souci d'apaisement, la LFP cherche à préserver les intérêts des clubs tout en trouvant une issue favorable. Il a également assuré que le dialogue continue avec DAZN : « Nous poursuivons les discussions avec notre partenaire DAZN pour trouver une issue rapide à cette situation que nous subissons. Je ne peux pas vous faire d'autres commentaires ».
L'affaire est désormais entre les mains de la justice, qui devra statuer sur la demande de la LFP. Néanmoins, les négociations se poursuivent en coulisses, laissant entrevoir la possibilité d'un accord. Un facteur décisif pourrait peser sur l'issue du conflit : une clause prévoit la rupture du contrat en 2025 si DAZN ne parvient pas à atteindre le seuil de 1,5 million d'abonnés. Cet objectif critique pourrait contraindre les deux parties à trouver un compromis, sous peine d'aggraver encore davantage l'instabilité économique du football français.