Focus : Footballeuse et maman, c'est possible !

Focus : Footballeuse et maman, c'est possible ! ©Icon Sport, Media365
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Thomas Siniecki, Media365 : publié le vendredi 13 juin 2025 à 22h02

L'équipe de France comptera une maman dans ses rangs lors du championnat d'Europe, mais ce ne sera pas la seule.

En France, c'est la maternité d'Amel Majri qui a largement braqué les projecteurs sur le sujet des footballeuses mamans. En février 2023, peu de temps avant son éviction du banc des Bleues, Corinne Diacre détaillait cette situation nouvelle alors que la joueuse se remettait d'une blessure : "Il n'y aura pas de barrière, puisque la position de la Fédération est très claire là-dessus : la maman sera autorisée à emmener son enfant si elle le souhaite. Il faut qu'on travaille encore sur certaines positions, mais la Fédération a réfléchi et ce sujet et est complètement favorable, donc il n'y aura pas de problème."

Depuis, la théorie est devenue pratique. Amel Majri, si elle n'a pas été retenue pour Paris 2024, a disputé le Mondial 2023 et figure dans la liste pour l'Euro 2025 à venir, bien que son statut ne soit plus vraiment celui d'une titulaire (en club comme en sélection). Hervé Renard, pour son premier rassemblement très médiatique avant la Coupe du monde 2023, avait appelé à ce que les structures pour les mamans joueuses soient bien plus développées en France. Pourtant, Diacre avait déjà proposé à sa gardienne remplaçante Manon Heil de venir à Clairefontaine avec son jeune fils (né en 2022), ce qu'elle avait apprécié mais refusé.

Aulas : "On aurait peut-être dû être plus compatissants... On pensait avoir tout bien fait"

La joueuse de Fleury, toujours au début de l'année 2023, devenait alors la première mère internationale française (propos relayés par Ouest-France) : "Il reste ma source de motivation, je sais qu'il est bien à la maison avec son papa. J'ai fait le choix personnel de ne pas l'emmener cette fois. Car je sais que ça va me permettre de souffler et d'être pleinement dans mon stage." C'est une habitude notamment aux Etats-Unis, souvent pionniers concernant le sport féminin (et particulièrement le football), où la star Alex Morgan en a notamment bénéficié lors du Mondial 2023 en Australie - sa fille avait alors trois ans : "Je remercie les femmes passées avant moi qui se sont battues pour les femmes athlètes. C'est encore un tabou. Nous essayons donc toujours de faire tomber certaines barrières."

Au même moment, Jean-Michel Aulas, pourtant celui qui a peut-être le plus fait pour la discipline en France, était lui aussi mêlé à une polémique concernant sa joueuse Sara Gunnarsdottir. La Lyonnaise avait récupéré plus de 80 000 euros dans un litige financier lié à sa période de grossesse au club, ce qui avait "peiné" le dirigeant (pour Canal+) : "On pensait être dans notre bon droit, puisqu'on faisait ce qu'on fait tout le temps. On applique le droit français, on aurait peut-être dû être plus compatissants... Je me souviens avoir pris le bébé dans mes bras quand elle venait me voir, parce qu'on avait de très bonnes relations. J'espère que la prochaine fois que je la verrai, l'abcès sera crevé. Il y a une remise en cause, même si on pensait avoir tout bien fait."

Majri : "Je peux amener ma nounou partout"

Les plâtres essuyés, Amel Majri a pu bénéficier ensuite d'un cadre parfait selon elle, à l'OL puis en équipe de France (pour Brut) : "La Fédération m'a appelé pour que ce soit comme en club, et ça s'est vraiment passé comme on m'a dit. Tout a été mis en place, j'ai un lit bébé et une chaise haute, je peux amener ma nounou partout... Rien que ça, c'est une charge mentale en moins. On peut toujours faire mieux, mais tomber enceinte est un très, très gros challenge pour revenir en bleu, car on est absente assez longtemps, et ça donne une force supplémentaire d'être accompagnée. Je peux avoir un enfant tranquillement et sereinement, je n'ai pas la tête ailleurs." Si l'allaitement, les insomnies et la perte de poids lui faisaient dire, dans un premier temps, qu'elle ne le referait pas, elle pense finalement l'inverse au vu de tout l'amour que sa fille lui apporte.

A l'international, la FIFA a mis en place un congé maternité d'au moins quatorze semaines, dont huit après la naissance, à rémunérer au minimum à hauteur des deux tiers du salaire de la joueuse. Et comme l'explique Amel Majri, le défi est déjà suffisamment élevé pour ne pas avoir à subir d'embûches supplémentaires. Pourtant, toute cette réelle prise en compte n'est donc que très récente.

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