Mathieu Warnier, Media365 : publié le mardi 21 novembre 2023 à 16h00
A l'image des Bleus avec Eduardo Camavinga puis Warren Zaïre-Emery, plusieurs sélections ont dû composer avec des blessures, souvent sérieuses, à l'occasion de cette trêve internationale. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette tendance qui met les clubs en difficulté.
En Espagne, le phénomène est appelé depuis plusieurs saisons le « virus FIFA ». Il s'agit de la tendance toujours plus marquée de voir des joueurs se blesser avec leurs sélections lors des trêves internationales. Celle placée en ce mois de novembre, avec les qualifications pour l'Euro 2024 en Europe mais également celles pour la Coupe du Monde 2026 en Afrique ou en Amérique du Sud, ne l'a pas battue en brèche. La liste des joueurs touchés ces derniers jours est très longue. Tout comme Eduardo Camavinga et Warren Zaïre-Emery avec l'équipe de France, Erling Haaland, Marcus Rashford, Marc-André ter Stegen ou encore André Onana vont rejoindre leurs clubs respectifs avec des blessures plus ou moins sérieuses. Le pire cas étant celui de Gavi, sorti peu avant la demi-heure de jeu lors de la victoire de l'Espagne sur la Géorgie ce samedi. La jeune pépite du FC Barcelone est sérieusement touchée au genou droit. Ce qui va le tenir éloigner des terrains jusqu'au terme de la saison et l'empêchera de prendre part au prochain championnat d'Europe avec la « Roja ».
Tchouaméni avait tiré la sonnette d'alarme
Au-delà du manque de chance, avec des contacts malheureux comme pour Warren Zaïre-Emery lors de l'écrasante victoire des Bleus contre Gibraltar, les joueurs n'hésitent plus à mettre en avant les cadences infernales imposées par le calendrier. « Evidemment qu'on joue trop de matchs, c'est une surprise pour personne », avait déclaré en octobre dernier Aurélien Tchouaméni, lui qui a manqué le rassemblement de l'équipe de France en raison d'une fracture de fatigue. Alors que les championnats nationaux se jouent en 34 ou 38 matchs, la Ligue des Champions aura une empreinte encore plus importante dès la saison prochaine. Alors qu'il faut actuellement jouer treize rencontres entre la phase de groupes et la finale, le nouveau format imposera un minimum de quinze matchs pour aller chercher le trophée. En conséquence, les joueurs doivent enchaîner les matchs tous les trois jours. Alors que Pep Guardiola a récemment confié que seul un mouvement venant des joueurs pourrait changer la donne, Aurélien Tchouaméni assure que « ce sont aux instances et aux joueurs de taper du poing sur la table ».
Toujours plus de compétitions et de matchs
Le milieu de terrain international français ajoute que « ça ne va pas s'arranger avec de nouvelles compétitions prévues dans le futur ». En effet, au-delà de l'extension de la Coupe du Monde à 48 équipes dès 2026, la FIFA lancera en juin et juillet 2025 aux Etats-Unis une Coupe du Monde des clubs élargie à 32 équipes, qui a vocation à s'installer au calendrier international tous les quatre ans. « Pour un joueur, c'est pratiquement impossible de jouer 80-90 matchs, tonne Aurélien Tchouaméni. Il faut faire quelque chose. Quand c'est trop, ça devient un problème. » Toutefois, les clubs pourraient également intervenir dans ce dossier, eux qui pâtissent toujours plus des absences de leurs joueurs, avec une étude qui a mis en avant une augmentation de 30% des dépenses des clubs visant à pallier les blessures de leurs joueurs. Il est malgré tout peu probable de voir le bon sens l'emporter et les calendrier perdre en épaisseur dans les années à venir.