Thomas Siniecki, Media365 : publié le vendredi 23 mai 2025 à 18h08
Le 18 mai 1958, Reims disputait sa deuxième finale de Coupe de France. Samedi, ce ne sera que la quatrième.
Non, Just Fontaine et Raymond Kopa n'ont pas immédiatement joué ensemble au Stade de Reims. Quand le futur meilleur buteur de l'histoire sur une seule phase finale de Coupe du monde (treize buts en 1958) arrive en Champagne en 1956, il croise son coéquipier en sélection nationale qui s'envole alors vers le Real Madrid (il reviendra en 1959). Transfuge de l'OGC Nice où il a lancé sa carrière, vainqueur de la Coupe de France en 1954 et surtout tout frais champion de France 1956, c'est bien sans Raymond Kopa que Just Fontaine réussit sa meilleure saison en club en 1957-58. A nouveau champion et meilleur buteur de la D1 avec 34 réalisations, il aborde la finale de Coupe de France face à Nîmes pour un doublé.
C'est la finale rêvée entre les deux meilleures formations du pays, puisque les Crocodiles viennent de terminer dauphins des Rémois en championnat (48 points contre 41). Lors de la treizième journée, en novembre, les Nîmois ont giflé le Stade de Reims 3-0, puis les partenaires de Just Fontaine mais aussi Roger Piantoni, Jean Vincent ou le capitaine Robert Jonquet prennent leur revanche 2-1 en mars au retour, à Delaune.
Poncelet : "Cette finale a marqué les esprits"
A Colombes, c'est donc une sacrée belle qui attend la France du football, les vice-champions d'Europe 1956 menés par leur coach Albert Batteux sont les hommes à battre. "Cette finale a marqué les esprits", se souvient (pour Le Quotidien du sport) Jacques Poncelet, supporter de la première heure extrêmement investi et qui est devenu une sorte d'historien du Stade de Reims : "De par le contexte et le fait de sa mainmise en championnat, devant cette même équipe de Nîmes. Le Stade de Reims avait débuté sa finale avec une belle dose de confiance."
Un fait de jeu primordial intervient dès la treizième minute de jeu, la blessure d'André Schwager, le maître à jouer nîmois. A cette époque, il n'y a pas de changement, ce dont souffriront aussi les Bleus quelques semaines plus tard en demi-finales du Mondial face au Brésil de Pelé (défaite 5-2), qui inscrira certes un triplé mais en étant bien aidé par la jambe cassée du capitaine Robert Jonquet dès la demi-heure... Et un bon mois plus tôt, lors de cette finale de Coupe de France, c'est donc ce dernier qui pouvait en profiter.
Après un premier tir sur le poteau, Just Fontaine se mue en passeur décisif pour l'ouverture du score de René Bliard à l'approche de la pause (42e). Les valeureux Gardois, entraînés par Kader Firoud, égalisent dès le retour des vestiaires grâce à un magnifique coup franc d'Abdelkader Mazouz (1-1, 49e). Il faut peu de temps pour voir René Bliard fauché dans la surface, il y aurait sans doute eu penalty mais Just Fontaine traîne par là et marque de toute façon (2-1, 56e). Ce même René Bliard parachève le succès en fin de partie (3-1, 89e), toutefois c'est bien Just Fontaine qui est porté en triomphe avec le ballon du match lors du tour d'honneur collectif, saluant en tribune les supporters et leurs grandes bouteilles de champagne (forcément).
"Ce doublé avait été magnifiquement fêté. Il y avait eu des défilés dans les rues, les trains étaient complets"
"Cette année 1958 reste à jamais gravée dans l'histoire du club, car on a fait ce doublé", précise Jacques Poncelet. C'est l'unique doublé du Stade de Reims, le cinquième en France après Sète en 1934, le RC Paris en 1936, Lille en 1946 et Nice en 1952 - il y en aura 21 au total, dont cinq pour le PSG et quatre pour l'AS Saint-Etienne. "C'était une grande équipe. Il y en a eu d'autres à Reims, mais aucune n'avait réalisé le doublé. Elle ressemblait beaucoup à celle de 1956, les joueurs étaient de la région pour la plupart. C'était une équipe de copains."
Sur les onze Champenois au coup d'envoi, neuf étaient internationaux en équipe de France. Le Stade de Reims est le vivier absolu des Bleus et Just Fontaine est venu apporter la pierre extérieure qui manquait à l'édifice, parfaitement intégrée. "Ce doublé avait été magnifiquement fêté", rappelle Jacques Poncelet pour conclure : "Il y avait eu des défilés dans les rues. Une vingtaine de sections 'Allez Reims' existaient en ce temps-là, dans les bars. Les trains étaient complets pour aller voir cette finale." Et ce Stade de Reims, première grande équipe nationale de l'histoire. Huit ans après sa première Coupe (1950), il n'a disputé ensuite qu'une seule autre finale (défaite en 1977) jusqu'à celle de 2025 à venir contre le PSG.