Raid Amazones/Debanne : " C'est vraiment une drogue ! "

Raid Amazones/Debanne : " C'est vraiment une drogue ! "©Raid Amazones, Media365
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Aurélien CANOT, Media365, publié le mardi 29 mars 2022 à 15h50

La première session du Raid Amazones à peine terminée, Alexandre Debanne et les 220 concurrentes ont déjà remis le cap sur le Sri Lanka pour la deuxième du 27 mars au 6 avril. L'occasion pour l'ancien animateur et fondateur de cet unique raid 100% féminin, solidaire et itinérant qui fête ses 20 ans cette année, de se plonger pour nous dans la boîte à souvenirs.



Alexandre Debanne, le Raid Amazones fête cette année ses vingt ans. Qu'est-ce que cela représente à vos yeux ?
Les vingt ans, je ne les ai pas vu passer. Je m'en suis rendu compte, mais ce n'est même pas moi qui y ai pensé. On m'a dit : "Tu as vu, ça fait vingt ans ?". Ah oui, m...., déjà (rires). On va essayer de mettre les petits plats dans les grands dans la mesure du possible, parce que l'on est en sortie de crise Covid. Il faut malgré tout que l'on respecte une bulle sanitaire, que l'on fasse gaffe aux contacts, et ça, ça fait chier car on ne peut pas faire ce que l'on veut. On verra, on s'adapte au jour le jour.

Vous souvenez-vous des débuts ?
Oui. Au départ, on l'avait fait en Guyane en pleine jungle. J'avais récupéré un ancien camp de la légion étrangère qui allait fermer. Ils me l'ont donné à condition que je l'entretienne, j'ai dit OK. On était à 40 kilomètres de Saint-Laurent de Maroni, vraiment en pleine jungle et sous carbet, même pas sous tente. Et personne ne dormait, car la jungle, la nuit, elle mange (sic), ça fait du bruit, donc les filles étaient épouvantées. Je me suis dit que si elles venaient quand même, dans la jungle de Guyane, avec des araignées d'un kilo et des anacondas de six mètres, c'est que l'on tenait une bonne idée, et elles sont venues.

Et cela ne s'est jamais arrêté, pour en arriver à ce vingtième anniversaire...
Ce n'est pas un business. Tant que ça marche, je fais. Le jour où ça s'arrête, je serai à la fois triste et soulagé (rires). Je serai triste parce que ça s'arrête, et soulagé parce que j'aurai enfin du temps pour moi. Pour l'instant, ça continue, donc je suis pris en otage.

Vous insistez bien sur une chose : le Raid Amazones est tout sauf un business...
Quand j'ai créé le Raid Amazones, ça n'a jamais été un business. Si ça marche tant mieux. Je dépense sans compter, on fait les comptes à la fin, et s'il en reste, tant mieux. J'ai toujours prévu une grosse réserve en cas de coup dur, et j'ai bien fait, car il y a eu deux années blanches et on est toujours là grâce à ça.

"Au retour, les filles ont le Raid blues"

Qu'est-ce qui vous plait tant dans cet événement ?
Il y a déjà la dimension voyage, à laquelle je tiens beaucoup, c'est-à-dire la découverte d'un pays, de sa culture, de son peuple, son histoire, ses traditions. C'est la tête et les jambes, le Raid Amazones. C'est que de la bienveillance, des ondes positives et de belles histoires du côté des filles. Ca pleure beaucoup aussi, mais c'est de l'émotion pure. Cette année, on a une des concurrentes qui a perdu son fils de seize ans dans un accident de ski, elle vient quand même car elle veut évacuer ça et le faire pour lui. Ça nous a fichu la chair de poule. Les filles viennent énormément chargées, c'est un exutoire le Raid Amazones. Elles viennent décharger les poubelles, j'appelle ça (sic). Elles ont vécu des trucs durs, elles ont survécu et veulent prendre un nouveau départ, donc elles viennent boucler la boucle, en famille ou entre amies. Et elles se racontent leurs histoires entre elles. Et il y a une solidarité incroyable. Elles nous collent les poils debout à chaque fois et on sait que ce sera encore le cas. C'est notre drogue, vraiment.

Au même titre que la dimension aventure, elle aussi incontournable...
Oui, c'est une vraie aventure de toute façon. Il faut avoir les nerfs solides pour être dans l'événementiel. Moi, je ne savais pas que c'était impossible, du coup, je l'ai fait, pour paraphraser Mark Twain. Moi, l'événementiel, j'appelle ça l'emmerdentiel (sic). Parce que ce sont des emmerdes qui tombent du ciel. On ne sait pas quand, mais on sait que ça va arriver en revanche. Mais c'est vraiment un chouette événement, et je le dis en toute humilité, il est beau, parce que les filles y mettent beaucoup. Quand elles l'ont vécu, qu'elles rentrent et qu'elles trempent la plume dans leurs émotions, elles pondent des textes absolument merveilleux. D'ailleurs, au retour, elles ont ce qu'elles ont nommé elles-mêmes le "Raid blues". Ça dure apparemment un mois. Il y a même des nanas qui se baladent avec la médaille sous leurs vêtements, ça nous fait mourir de rire ! Et elles gardent leur bracelet d'identification jusqu'à ce qu'il tombe. Il y en a même qui sniffent le produit de l'un de nos partenaires quand elles rentrent. C'est vraiment une drogue ! C'est émouvant. Les filles sont chiantes par certains côtés, mais elles sont vraiment top.

Vous deviez avoir hâte que l'histoire reprenne. Concrètement, est-ce que cela vous avait manqué ?
Non, ça ne m'a pas manqué. Parce que le dernier, c'était en 2019 à Danang au Vietnam, et on sortait de trois ans de sprint, parce que l'on tournait à trois Raid par an. Les filles s'étaient enflammées, elles étaient comme des folles. D'ailleurs au Vietnam, j'avais dit stop, parce que je n'en pouvais plus et qu'on allait mourir (sic). Du coup, Covid. On s'est reposé ! Bon, la deuxième année, on s'est dit que ça faisait beaucoup. Et là, on a redémarré, donc on est content. On était un peu rouillés, les réflexes étaient un peu émoussés, mais l'urgence nous a remis carrément dans le bain, direct.

"L'après-Raid ? On atterrit, mais c'est doux, c'est cool"

Racontez-nous. Comment s'articule une journée-type sur ce Raid Amazones qui a choisi de retrouver le Sri Lanka à deux reprises pour son grand retour ?
Le matin, c'est le sport. Je donne le départ au lever du jour pour éviter les fortes chaleurs. On croise les enfants qui vont à l'école en uniforme avec la grande sœur qui pédale et les petits frères sur le guidon ou le porte-bagage. Les journées sont bien remplies ! On les réveille à quatre heures du matin, elles reviennent déjeuner vite fait à l'hôtel, elles repartent à 14h00 pour l'activité de l'après-midi. Elles reviennent à 18h00 et ont le temps de prendre une douche rapide et de se reposer pendant un quart d'heure avant le briefing de 19h00 et l'apéro, car on picole, il n'y a pas de raison (rires). Ensuite, c'est le dîner puis j'ai un DJ qui est là pour mettre l'ambiance. Après, les filles font ce qu'elles veulent, sachant que le lendemain, elles se lèvent tôt.

Quelles sont les nouveautés que vous avez réservées cette année aux concurrentes ?
J'ai ajouté la chasse au trésor, à J4. Ca leur permet de souffler un peu et de récupérer, car elles vont à fond et ne sont pas spécialement préparées pour. Cette journée-là, si elles veulent gagner des points, elles ont intérêt à potasser un guide de voyage pour apprendre sur la destination. Sinon, elles vont être larguées le jour de la chasse aux trésors. On se retrouve avec trois ou quatre grands groupes d'équipes réunis ensemble, sinon c'est trop compliqué, et qui ont chacun un road-book extrêmement ludique. Il faut malgré tout un verni de culture pour pouvoir répondre. Si les filles ne l'ont pas, elles vont au contact de la population pour essayer de trouver les réponses. A elles de se démerder, elles ont la journée pour ça, elles rendent leur copie et le raid reprend pour encore deux jours d'épreuves sportives et d'activités l'après-midi, qui ont pour but d'aller à la rencontre des gens et de découvrir les activités locales. Comme le Sri Lanka, qui est le sport national, a été champion du monde de cricket, elles vont jouer au cricket dans un stade avec de bons joueurs comme coachs et elles vont apprendre. Elles vont aussi apprendre à faire certains plats locaux, qu'elles pourront refaire chez elles. Je vais également les emmener en safari à la découverte des éléphants.

Pour vous aussi, la fin du Raid Amazones après chaque session doit laisser un sacré vide ?
Oui, ça retombe d'un coup, mais on est bien. On a vécu un truc au top. On a délivré ce pour quoi on a bossé pendant un an. On sait que l'on a été utiles, on atterrit mais c'est doux, c'est cool. On est bien, c'est vraiment le mot.

Pour retrouver la première partie de cet interview d'Alexandre Debanne, cliquez ici

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