Quand le sport met la Slovénie sur la carte du monde

Quand le sport met la Slovénie sur la carte du monde©Media365

Clément Pédron, Media365, publié le lundi 21 septembre 2020 à 14h46

Avec le doublé Tadej Pogacar et Primoz Roglic sur cette édition du Tour de France, la Slovénie s'est placée, aux yeux du monde, en terres de grands champions. Mais, plus que le cyclisme qui s'est surtout révélé cette année, le pays compte plusieurs autres représentants qui font plus que de la figuration dans d'autres disciplines.

C'est un pays plus petit que la Bretagne (20 000 km2 contre 27 000 km2) et coincé par quatre États de chaque côté (Italie, Autriche, Hongrie, Croatie). La mer Adriatique qui longe d'un côté la "Botte" et de l'autre, les rives de l'Albanie, du Monténégro, de la Bosnie-Herzégovine et de la Croatie, vient flirter avec les plages de Portoroz, la cité balnéaire locale. Non loin d'ici, à un peu plus d'une dizaine de kilomètres plus au nord, la ville de Koper, l'une des plus grandes de la Slovénie, a une vue imprenable sur le Golfe de Trieste et l'Italie. Aux yeux du monde, ce territoire d'environ 2,1 millions de personnes paraît écrasé, étouffé presque par les mastodontes voisins. Pourtant les reliefs montagneux de la Slovénie, ses forêts, ses lacs et ses stations de ski en font un terrain de jeu idéal pour ses habitants. « Aujourd'hui, 65 % des Slovènes pratiquent une activité physique, révèle Simona Kustec , la Ministre de l'Éducation, de la Science et des Sports dans un article publié par Ouest-France. Ce chiffre nous rapproche des pourcentages des pays scandinaves qui sont les références en la matière. » Le lien entre performances sportives et ce petit État des Balkans s'était quelque peu distingué entre 2017 et 2019, cette fois, depuis dimanche, il s'est complétement révélé au grand public.

Une culture singulière

La victoire du jeune prodige Tadej Pogacar (UAE Emirates, 21 ans) dimanche pour sa première participation au Tour de France, doublée de la deuxième place de Primoz Roglic (Jumbo-Visma, 30 ans), longtemps Maillot Jaune du Tour, est venue rappeler combien la Slovénie était un vivier de grands talents. Le plus jeune des deux n'a pas tout le temps goûté aux victoires dans les catégories inférieures mais le caractère combatif, déterminé et hargneux, typique des Slovènes, le fait peu à peu intégrer le haut de tableau, jusqu'à cet épilogue dimanche aux Champs-Élysées, soit un jour après avoir enlevé le Maillot Jaune à son compatriote de la Jumbo-Visma, au prisme d'un numéro qui restera dans les annales de ce sport. Contrairement au coureur natif de Komenda, au nord de Ljubljana la capitale, Primoz Roglic n'est pas un pur produit du cyclisme mais est l'exemple type de la culture sportive slovène. Né en Yougoslavie, le dauphin du Tour 2020 a démarré à huit ans une carrière professionnelle de saut à ski, ponctuée de plusieurs victoires en championnats du monde juniors. Même s'il continue la discipline jusqu'en 2012, il est victime d'une grosse chute en 2007 avec une fracture du nez et une commotion cérébrale. A 22 ans, Primoz arrête définitivement. « Nous avons un excellent réseau d'entraîneurs qui savent détecter les talents très jeunes, admet Mojca Doupona, directrice du Directoire du sport, toujours dans les colonnes de Ouest-France. Notre sélection est très rigoureuse. Par exemple, Primoz Roglic a été suivi très scrupuleusement à la fin de sa carrière de saut à ski. A l'issue des tests, on a su détecter qu'il avait des aptitudes pour le cyclisme de haut niveau. » Ce travail de fond, en continu, s'effectue pourtant avec les moyens du bord. La Slovénie alloue aujourd'hui au sport, un budget de 20 millions d'euros en 2020 finalement raboté à 17 millions d'euros en raison de la pandémie de Covid-19. A titre de comparaison, le budget de la formation de Primoz Roglic, Jumbo-Visma, est à lui seul estimé à 20 à 25 millions d'euros...

Le ski et le basket en soutien

De part sa topographie et son cadre, la montagne a bien évidemment été le premier décor des exploits slovènes au yeux du monde. Récemment, Peter Prevc et Tina Maze ont été les deux têtes d'affiche du pays. Le premier, né à Kranj en 1992, est sauteur à ski et double médaillé, d'argent et de bronze lors des Jeux Olympiques de Sotchi en 2014. Il est aussi détenteur pendant une journée du record du monde de la discipline (250 m) le 14 février 2015. La seconde est une reine du ski alpin, double championne olympique en Russie (géant et descente) et quadruple championne du monde. En coupe du monde, celle qui demeure à Maribor a pris part à 400 départs avec pas moins de 81 podiums. Il n'empêche que la Slovénie parvient tout de même à dénicher et façonner ses talents à travers plusieurs disciplines même celles qui, à première vue, n'ont pas de liens historiques avec le pays. Outre le cyclisme et les sports d'hiver, le basket-ball fait office aujourd'hui de vitrine incroyable pour cette petite nation d'Europe centrale. Vainqueurs en 2017 de l'Euro en finale face à la Serbie (93-85), les Slovènes ont survolé la compétition par leur collectif, tout en se reposant sur ses deux plus grands représentants actuels en NBA. A travers le meneur de jeu du Miami Heat, Goran Dragic (34 ans) mais surtout du probable futur MVP (Most Valuable Player) de la Ligue dans les années à venir, Luka Doncic (21 ans, arrière) qui évolue chez les Dallas Mavericks, la Slovénie démontre qu'elle sait se diversifier et ne pas compter que sur des disciplines locales. L'ancien Madrilène, dont les exploits en 2017 avait déjà titillé les regards des plus grands observateurs, poursuit sa démonstration pour sa deuxième saison dans l'élite. Sa place au sein de la All-NBA first team qui fait de lui le premier joueur après Tim Duncan en 1999, a être intégré après sa première ou deuxième saison, atteste de son talent et de la futur empreinte qu'il devrait laisser dans ce sport.

Une pluralité d'autres sports

La richesse du panel sportif de la Slovénie ne s'arrête pas aux sports précédemment cités puisqu'un dernier exemple d'illustration locale forte est à relever. Celui de Jan Oblak (27 ans), le gardien de l'Atlético de Madrid (Espagne) en football. Le portier est le premier par comparaison avec Pogacar, Roglic et Doncic, a s'être illustré à l'international. Acheté à Benfica en 2014 par les Colchoneros, Oblak figure parmi le Top 3 des meilleurs gardiens du monde et sa cote actuelle (environ 80 millions d'euros) souligne son talent. Finaliste de la Ligue des Champions en 2016, vainqueur de la Ligue Europa deux ans plus tard, le Slovène a été récompensé à quatre reprises du titre de meilleur portier du championnat. Il n'est d'ailleurs pas le seul à faire parler de son pays dans le monde du ballon rond puisque son compatriote Josip Ilicic (32 ans) qui évolue à l'Atalante Bergame (Italie) a aussi fait parler la poudre la saison dernière (21 buts et 9 passes décisives) même s'il n'a pas, par la suite, participé au Final 8 de la Ligue des Champions pour raisons personnelles. L'an passé, la Slovénie a un peu plus imposé sa patte dans le sport collectif masculin en se hissant en finale de l'Euro de volley-ball, finale remportée par la Serbie (3-1) mais rayonne également en individuel. Janja Garnbret (21 ans), la star de l'escalade, a aussi inscrit son pays au palmarès en remportant en 2019 les six étapes de bloc de la Coupe du monde, faisant d'elle la première athlète à réussir pareille performance.

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