Judo : Luka Mkheidze, un réfugié enfin récompensé

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Clément Pédron, Media365 : publié le samedi 24 juillet 2021 à 16h50

Ce samedi, Luka Mkheidze a débloqué le compteur de la France au classement des médailles en empochant le bronze chez les moins de 60 kg en judo. Pour le Tricolore qui a dû quitter la Géorgie en 2009 pour fuir la guerre, cette consécration dépasse les limites du sport.

Il y a des larmes de soulagement, de victoire et des larmes chargées d'histoire, de souffrance mais de fierté. Ce samedi, elles étaient rangées dans la deuxième catégorie pour Luka Mkheidze. Pas abattu par sa défaite en demi-finale, le judoka tricolore s'est adjugé la troisième place chez les -60 kg grâce à un troisième avertissement infligé au Sud-Coréen Kim Won Jin par l'arbitre, au bout de 3 minutes et 15 secondes dans le Golden Score. Quelques micros secondes à peine après l'officialisation de sa victoire, c'est le choc ou plutôt la libération. Le Français s'effondre sur le tatami du Nippon Budokan, un peu mouillé par les larmes de l'athlète. Les poings serrés, révélateur d'un esprit rageur, en disent long sur le caractère de Luka Mkheidze. Sa performance a même servi son pays puisqu'avec cette médaille, il a stoppé la triste série française dans ces Jeux d'été. En effet, c'est la première fois depuis les Jeux d'été d'Athènes, qu'un représentant français monte sur un podium dès la première journée. Mais plus que cette statistique, c'est la prestation d'un homme habité d'un esprit conquérant qu'il faut souligner. À 25 ans,
Luka Mkheidze a décroché la première médaille olympique de sa carrière mais celle-ci vaut bien plus au regard de son parcours.


Champion de France juniors en 2014

S'il porte les couleurs françaises aujourd'hui, c'est en Géorgie que Luka Mkheidze a découvert le judo à l'âge de 7 ans. Né à Tbilissi, le judoka devient très vite champion national chez les benjamins mais doit rapidement quitter en 2008, sa contrée natale avec sa famille à cause de la deuxième guerre d'Ossétie du Sud. Après un passage par la Pologne, le clan Mkheidze débarque à Paris où le jeune géorgien obtient le statut de réfugié politique à 14 ans.« Je suis arrivé très jeune, ce n'était pas facile de m'adapter à une culture très différente, d'apprendre la langue, qui est vraiment compliquée, racontait récemment le judoka à 20 minutes. Mais je pense m'être bien intégré et je me sens très bien ici. » Installé désormais en région parisienne, le jeune homme a tout de même fait étape en Normandie auparavant. Au sein du Judo Perrey Guerrier, il travaille tous les jours sa technique et sollicite Édouard Philippe, l'ancien premier ministre et maire du Havre pour obtenir la nationalité française. Champion de France juniors en 2014, il est officiellement naturalisé un an après, pour son plus grand bonheur. Le judoka, qui initialement n'était pas qualifié pour les Jeux d'été en 2020, a profité du report pour retenter sa chance. Une médaille d'argent aux derniers championnats d'Europe plus tard, le ticket est bien validé avec la suite que l'on connaît. « Ce qui me donnait envie de me battre et de ne pas lâcher, c'est aussi mon parcours, assurait Mkheidze ce midi à France TV. J'ai dû laisser ma famille en Géorgie. Une fois arrivé en France, j'ai rencontré d'autres personnes, j'ai des amis et de la famille. C'est aussi pour eux que je me bats. »

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