Clément Pédron, Media365 : publié le mardi 24 juin 2025 à 12h30
Créé en 1903, le Tour de France a traversé les époques et évidemment, a été impacté par les deux guerres mondiales mais pas de la même façon. Retour sur deux périodes gravées dans l'histoire avec un grand H, et dans celle de la Grande Boucle.
En 2025, le Tour de France fête sa 112ème édition. Et quand on sait que la Grande Boucle a été créée en 1903, on se rend compte que la plus grande course cycliste du monde n'a pas pu se dérouler tous les ans. Et quand on s'y penche avec précision, il y a évidemment deux évènements marquants qui expliquent ce décalage : Les deux guerres mondiales. Elles ont marqué l'histoire du Tour de France, chacune à sa manière. Contrairement à ce que l'on peut penser, l'édition 1914 a bien eu lieu et s'achève même quelques jours avant le début de la première Guerre Mondiale. Pour la petite anecdote, c'est le Belge Philippe Thys, vainqueur en 1913, qui l'emporte à nouveau. Les courageux ont à peine le temps de terminer ce tracé de quinze étapes pour une distance totale de 5405 km que les compétitions futures sont annulées. Et qu'une bonne partie du peloton doit troquer la bicyclette pour une arme. D'après le site du Ministère des Armées, 30% des vainqueurs du Tour de France ont perdu la vie, tous du même côté car les Allemands protégeaient leurs sportifs.
Parmi les coureurs décédés sur le champ de bataille, on note Lucien Petit-Breton, le premier double vainqueur (1907, 1908) ou encore François Faber (vainqueur en 1909, 2ème en 1908 et 1910) sans oublier Octave Lapize. Celui que l'on surnomme « le Frisé » gagne la Grande Boucle en 1910, année où le Tour aborde la haute montagne. Cette édition rendue extrêmement difficile par l'état des routes, sera le théâtre d'une célèbre phrase de Lapize à l'arrivée à l'attention des organisateurs : « Vous êtes des assassins ! » Créateur de l'évènement, Henri Desgrange pense un temps à lancer l'édition 1915 mais y renonce puis s'engage en 1917. Après l'Armistice, il déclare dans le journal L'Auto que le Tour reviendra en 1919, année où sera introduit le maillot jaune. Pour l'anecdote, Firmin Lambot a remporté cette édition avec seulement onze coureurs à l'arrivée.
Le Circuit de France en 1942
Au lendemain de la première Guerre Mondiale donc, le Tour de France reprend ses droits mais peine à retrouver son public. Entre 1919 et 1939, la plus grande course du monde subit beaucoup de changements qui ne plaisent pas forcément à tout le monde mais a le mérite de perdurer dans le temps. Comme en 1914, le Tour de France 1939 a tout juste le temps de se disputer, avec la victoire du Belge Sylvère Maes mais sans les coureurs italiens et allemands. Certains Français comme Jean-Marie Goasmat, Pierre Cogan et André Bramard, retenus par l'armée, ne peuvent pas y participer non plus. Et c'est alors que l'Histoire bascule à nouveau. Desgrange espère toujours organiser l'édition 1940 mais y renonce et décède la même année. Jacques Goddet prend la suite des opérations à la tête de L'Auto et de l'organisation du Tour. Mais contrairement à la première Guerre Mondiale, certains poussent pour que la Grande Boucle se déroule, notamment les Allemands et le régime de Vichy mais Goddet refuse.
Face à la posture du patron, le journal collaborationniste La France socialiste via son chef des sports Jean Leulliot s'attèle en 1942 à l'organisation d'une course qui ne peut pas s'appeler « Tour de France ». Le nom de « Circuit de France » est donc choisi. Mais cet évènement n'est qu'une pâle copie de ce que tout le monde connait. 72 coureurs, pas toujours volontaires, y prennent part, entre zone libre et zone occupée. Mal organisé, rendu difficile par les conditions de course et par la guerre, ce « Circuit de France » est un flop total. François Neuville l'emporte et fait partie des 29 coureurs à terminer la course. Cette dernière ne verra plus jamais le jour. Après la disparition de L'Auto, Jacques Goddet crée un autre journal que l'on connaît tous aujourd'hui, L'Équipe et annonce fièrement la reprise du Tour de France en 1947.